Légendes : Alessandro Del Piero, symbole éternel de la Juventus

Par Rodolphe Koller - Alexandre Pauwels
5 min.
Sydney @Maxppp

Alessandro Del Piero, une légende. Du football italien, de la Juventus, surtout. Il Pinturicchio, qui s’éclate aujourd’hui en pré-retraite en Australie, a marqué plusieurs générations de fans du ballon rond. Retour sur une carrière faite de hauts et de bas, avec en fil rouge un amour inconditionnel pour une Vieille Dame.

Plus de 20 ans, déjà, qu’Alessandro Del Piero fréquente les terrains professionnels. À l’évocation de son nom, les fans voient un flocage, le numéro 10, apposé sur le maillot bianconero de la Juventus. Une langue pendue, aussi, au moment de la célébration d’un but. Et les buts, oui, justement. 308 en 748 matches. Des coups-francs par dizaines, sa « spéciale » côté gauche, avec l’enroulé calé en lucarne opposée. Au vrai, Alessandro Del Piero a marqué l’histoire du football, et peut aisément se targuer d’un statut de légende du ballon rond. Surtout du côté de Turin, lui qui a donc passé 19 saisons pleines à la Juve, symbole d’une fidélité sans faille. S’il y a une once d’amour dans le football, Del Piero en est l'incarnation.

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Les débuts à Padova, la Juve pour deux décennies

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Sur la carrière d’une légende en revanche, les débuts sont souvent plus méconnus que les succès. Avant les buts marqués au Santiago Bernabeu, Ale s’est forgé du côté de Padoue. Jugé trop frêle à ses débuts – il culmine à 1m73 aujourd’hui – le jeune homme joue déjà attaquant, et ne porte pas encore son fameux numéro 10. Non, Del Piero fait ses premiers pas avec le 7, et effectue ses grands débuts en Serie B avec le 16. Lancé dans le grand bain à la fin de la saison 1991/92, il inscrit son premier et unique but sous les couleurs de son club formateur le 22 novembre de cette dernière année. Si ses apparitions sont rares, Del Piero tape dans l’œil d’une grosse écurie. La Juve, donc, avec laquelle il s’engage à l’été 1993. Il ne s’en doute certainement pas, mais il vient de signer là un contrat qui s’apparenterait davantage au mariage.

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Les prémisses d’une love story ne tardent pas, d’ailleurs. S’il est dans un premier temps inclus chez les jeunes, Del Piero, du haut de ses 19 ans, glane des minutes petit à petit. Les changements au sein du board de la Juve à l’été 94 entraîneront son explosion au plus haut niveau, sous la houlette d’un certain Marcello Lippi. Décembre 94, face à l’ennemie la Fiorentina, Ale signe son premier véritable coup d’éclat en parachevant la remontée de la Vieille Dame avec un but synonyme de victoire. Un but de toute beauté – une reprise de volée lobée – restée dans les mémoires. Pas autant que les succès qui s’en suivront, peut-être. D'un premier Scudetto l'année suivante – où il honorera par ailleurs la première de ses 91 capes avec la Nazionale italienne – à sa fabuleuse campagne 97/98 où il terminera avec la distinction de meilleur buteur de Ligue des Champions, plus rien n'arrêtera Del Piero. Pas même une blessure contractée en fin d'année 1998 et qui le tiendra longuement éloigné des pelouses, ou une descente en seconde division en 2006, suite au scandale du Calciopoli. « Alessandro Del Piero est une légende pour tous les tifosi de la Juventus. Plus qu'un joueur, il est un symbole, un ami qui a accompagné les supporters pendant presque 20 ans. C'est le joueur qui a marqué une ère » témoigne Massimo Pavan, vice-directeur du site TuttoJuve. Une pensée partagée par nombre de tifosi, à n'en pas douter.

L'Australie ou une dernière success story

Mais si Del Piero a symbolisé la Vieille Dame pendant deux décennies, l'histoire s'est donc achevée dans une certaine incompréhension au terme de l'exercice 2011/2012. Une dernière pige en tant que joker, un sixième Scudetto, mais aucune proposition de prolongation, et Ale de quitter le club libre de tout contrat. Ce que bien des observateurs considéreront comme un affront de la part du board turinois. Pas Massimo Pavan. « Les belles histoires ont un début et une fin, elles ne peuvent pas durer éternellement. Je suis heureux de ce que Del Piero a donné à la Juventus, mais aussi de ce que la Juventus a donné à Del Piero. Il a fait le choix de continuer à jouer avec une certaine continuité ailleurs, ce que la Juve ne pouvait lui garantir. Du coup, je ne suis pas déçu, je suis sûr qu'il reviendra un jour dans un autre rôle... » En attendant, Ale a fait le choix d'évoluer au Sydney FC, avec lequel il s'est engagé à l'été 2012 pour deux saisons.

Peu dire que tout le petit monde du football australien y a depuis trouvé son compte. « Son accueil a été incroyable, comme jamais nous n'avions connu auparavant, témoigne ainsi Tony Tannous, journaliste au quotidien australien The Roar. Du moment que le club est allé en Italie pour discuter avec Ale, il y a eu un incroyable buzz dans le monde du football australien, ce qui a généré un intérêt sans précédent. Il a donné un coup de boost à l'A-League. À sa première conférence de presse, Ale a dit qu'il espérait qu'il pourrait aider le football australien à grandir et c'est exactement ce qu'il a fait. Il a donné de la crédibilité à la compétition, et attiré le regard sur notre championnat. On a d'ailleurs appelé cette influence le "Del Piero effect". Il a généré de l'attention, et des joueurs comme Heskey ou Ono lui ont emboîté le pas. Je n'ai aucun doute sur le fait que son arrivée est le seul et plus important facteur pour expliquer l'avancée du football australien. » Si ses performances sont convaincantes et que sa hype demeure inchangée, les résultats de son club ne suivent pas vraiment, faute d'une gestion alambiquée. Qu'importe. À 39 ans, l'idole est encore impressionnante, au point que Prandelli glissait il y a encore quelques semaines le tenir en considération en vue du Mondial. Un objectif sans doute éloigné de celui d'Ale, qui ne songe qu'à finir son parcours en beauté. Sur un coup-franc ou un enroulé, il partira quoi qu'il arrive avec l'étiquette d'un grand champion, parmi ces dernières légendes louables pour leur fidélité. Des bandiere, pour reprendre le terme italien. Massimo Pavan se charge de la traduction. « Il était et est encore un champion avec un C majuscule. » Sans doute le sera-t-il toujours.

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