Coupe du Monde 2018 : que vaut l’Argentine de l’ogre Lionel Messi ?

Par Matthieu Margueritte - Dahbia Hattabi
5 min.
Argentine @Maxppp

Qualifiée pour les huitièmes de finale de la Coupe du Monde 2018, l'équipe de France va disputer son premier gros test de la compétition samedi (16h) contre l'Argentine. Car si la sélection albiceleste n'affiche pas un visage séduisant, elle possède des éléments capables de faire la différence. Zoom sur une équipe sortie miraculeusement de la phase de poules.

C'est une grande première que l'équipe de France peut réaliser demain après-midi à Kazan. En effet, jamais les Bleus n'ont réussi à battre l'Argentine en Coupe du Monde en deux confrontations (1930 et 1978). Un défi qui s'annonce difficile face à une sélection expérimentée et soutenue par une véritable armada de supporters vêtus de ciel-et-bleu. Une mission de taille face à la bande de l'extraterrestre Lionel Messi, mais une mission qui n'a rien d'impossible pour plusieurs raisons. La première, c'est parce que Français et Argentins s'attendent à une rencontre plus que jamais ouverte entre deux nations qui se respectent, mais qui sont loin d'être considérées comme les terreurs de ce Mondial russe. «Il y a du respect pour la France en raison de ses individualités. C'est une équipe qui inspire la méfiance. Cependant, si cette équipe est perçue comme un rival important, les Argentins ne la voient pas comme un adversaire inaccessible, surtout parce que la France n'a pas affiché une image de puissance. Nous savons qu'elle a beaucoup à donner, mais elle ne l'a toujours pas fait», nous a confié Claudio Mauri, journaliste argentin pour le journal La Nacion.

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L'Argentine respecte la France mais...

Pas vraiment flamboyante depuis le début de la compétition, la formation entraînée par Didier Deschamps ne fait donc logiquement pas office d'épouvantail pour les doubles champions du monde. Mais à défaut d'avoir impressionné sur le terrain, nos Tricolores peuvent toujours se dire que leurs individualités sont craintes. À l'instar de l'Argentine des Messi, Di Maria, Banega, Mascherano, Dybala, Agüero & co, la France possède en effet plusieurs noms qui seront surveillés comme le lait sur le feu. «Antoine Griezmann est le joueur le plus connu par les supporters argentins en raison de ses performances au sein de l'Atlético de Madrid de Diego Simeone. C'est un joueur très dangereux, rapide, qui peut faire mal à une défense argentine qui n'a pas montré beaucoup de sûreté. La rapidité et la précision de Griezmann peut vraiment faire mal. Enfin, les qualités techniques de Kylian Mbappé, la puissance physique de N'Golo Kanté, les qualités de Paul Pogba qui réunit technique et physique, sont autant d'éléments pris en compte et qui peuvent rendre la vie difficile à l'Argentine», poursuit Mauri.

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Surveiller le sursaut d'orgueil des stars françaises sera donc l'un des enjeux du match côté argentin. Mais pas seulement. Tenus en échec par la modeste équipe d'Islande (1-1), dépassés par la Croatie de Luka Modric (0-3) et victorieux du Nigéria dans la douleur (2-1), les Albicelestes débarquent dans cette nouvelle étape du Mondial avec une nouvelle motivation liée à une qualification arrachée aux forceps. Cependant, à l'instar des Bleus, ils devront surtout proposer un jeu bien plus alléchant et construit afin de ne pas dépendre uniquement des exploits d'un certain Lionel Messi. Car aujourd'hui, l'Argentine de Jorge Sampaoli est très loin de l'Argentine finaliste malheureux de la Coupe du Monde 2014 au Brésil. «Jusqu'ici, ils ont réalisé une Coupe du Monde très irrégulière, avec plus de points négatifs que positifs. Ils n'ont toujours pas défini d'équipe type, ni de style de jeu. Ils ont eu énormément de problèmes pour se qualifier. La sélection a emporté avec elle en Russie tous les maux qu'elle avait ces derniers mois. L'équipe a réussi à se qualifier uniquement grâce au coeur qu'elle a mis face au Nigéria et non grâce au mérite du jeu. Dans cette Coupe du Monde, les matches ont surtout mis en évidence les défauts de l'équipe et n'ont pas vraiment apporté de certitudes», ajoute Mauri.

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Pour la tactique, c'est Messi et Mascherano qui décident. Plus Sampaoli

Une sélection prenable donc pour les Bleus, d'autant que le flou règne concernant l'aspect tactique. Face à l'Islande, Sampaoli avait opté pour un 3-5-2 dans lequel ses défenseurs s'étaient rapidement retrouvés en difficulté. Contre la Croatie, changement de plan et instauration d'un 4-2-3-1 qui n'a pas empêché Messi et ses coéquipiers de prendre l'eau. Enfin, pour le troisième match de poules, troisième schéma tactique avec un 4-4-2. Un système qui a semblé convenir un peu mieux. Sera-t-il reconduit face à la France ? À vrai dire, il semblerait qu'il faille demander à Messi ou Mascherano plutôt qu'à Sampaoli pour avoir une réponse. «Sampaoli n'a plus d'autorité et il a dû faire des compromis avec ses joueurs, c'est-à-dire le retour d'une défense à quatre et la titularisation des éléments les plus expérimentés que l'on appelle la "vieille garde". C'est ce qu'il a fait contre le Nigéria. En gros, le sélectionneur fait surtout son équipe en écoutant Lionel Messi et Javier Mascherano d'abord, puis d'autres cadres tels qu'Angel Di Maria ou Ever Banega», conclut Mauri. Une certaine forme de désaveu pour l'ex-coach de Séville qui avait sauté aux yeux sur les réseaux sociaux lorsque Twitter s'est moqué de Sampaoli à la vue d'images du match contre le Nigéria montrant le sélectionneur argentin demandant à son numéro 10 s'il devait ou non faire entrer en jeu Sergio Agüero...

Mais attention à l'excès de confiance face à un groupe vivant quasiment en autogestion. «C'est une équipe qui possède beaucoup de joueurs d'expérience qui ne seront pas dépassés par l'événement. Ils savent ce qu'ils ont à faire dans ces moments-là. Ces cadres ont également un gros vécu international. En plus, le fait d'être sorti de la phase de poules est synonyme pour le groupe d'un surplus de confiance important à ne pas négliger. Beaucoup les voyaient déjà éliminés». Et nombreux sont les exemples d'équipes passées tout près de la sortie de piste, entraînées par un homme coupé de son groupe et qui sont finalement parvenues à briller en Coupe du Monde. Ce n'est pas l'équipe de France version Mondial 2006 qui dira le contraire.

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