OL : faut-il pointer du doigt Rémi Garde ?

« Puel Démission ! Puel Démission ! » La saison dernière, chaque contre-performance de l'Olympique Lyonnais était ponctuée par ce chant lancé des tribunes du Stade de Gerland, avec quelques banderoles pour enfoncer le clou. Préférant épargner les joueurs, la plupart des supporters s'en prenaient donc au coach, jugé responsable des prestations peu convaincantes de son équipe. Pourtant, cette année, le son de cloche est bien différent. Si les Gones n'ont toujours pas trouvé de régularité dans leur jeu, comme l'attestent les deux derniers matches d'une pauvreté abyssale, Rémi Garde continue à jouir d'une période de grâce qui n'en finit plus de durer.

Mais alors, le public a-t-il des raisons d'en vouloir à l'actuel coach du club septuple champion de France ? En termes de bilan déjà, les chiffres parlent d'eux-mêmes. En s'inclinant dans la Ville Rose, les Rhodaniens ont concédé leur onzième revers de la saison, une première depuis 1997-1998. Avec 53 points au compteur, les pensionnaires du Stade de Gerland pourront tout au mieux atteindre la barre des 71 unités au terme de cet exercice. À titre de comparaison, sous Puel, l'OL avait atteint 71 points, 72, puis 64 lors du dernier exercice. Autrement dit, aucune avancée significative de ce point de vue depuis l'arrivée du nouvel entraîneur. Mais le chiffre le plus important reste le 4, comma la quatrième place de Lisandro et ses coéquipiers. La Ligue des Champions avait posé ses valises entre Rhône et Saône lors de la saison 1999-2000 sans jamais s'en aller. Ici, à moins que Lille ne s'effondre littéralement, il semblerait bien que ce soit la Ligue Europa qui s'offre aux Gones.

Mais outre les chiffres, c'est aussi le coaching qui commence à poser question. En finale de la Coupe de la Ligue, Alexandre Lacazette a dû passer plus de 40 minutes à s'échauffer sur le bord du terrain. Des « Lacazette ! Lacazette ! » ont eu beau descendre des places réservées aux supporters lyonnais, Rémi Garde n'en a eu cure et a attendu la deuxième mi-temps des prolongations, une fois que l'OM avait ouvert la marque, pour faire entrer son attaquant. Un premier choix contestable donc, qui en appelle d'autres. À Toulouse, le technicien a tenté un pari en renouvelant totalement sa défense. Retours conjugués de Cris et Koné dans l'axe, et Umtiti décalé à gauche. Pour quels résultats ? Si le jeune espoir s'en est plutôt bien sorti, la charnière a pris l'eau, se faisant manger tout cru par l'attaque des Pitchounes. Fallait-il donc relancer deux défenseurs en souffrance et décaler un Umtiti plutôt convaincant dans l'axe, alors qu'un Aly Cissokho (certes blessé contre Toulouse mais qui n'est plus titulaire depuis un moment) continue de cirer le banc depuis maintenant plusieurs semaines ? Si les pépins physiques peuvent expliquer ces choix, Briand, Källström ou Gonalons, en souffrance depuis quelques sorties, devaient-ils encore être alignés ?

Chacun se fera sa propre opinion. Reste maintenant comme principal objectif la Coupe de France, qui permettrait à Rémi Garde de se targuer d'avoir remporté un trophée, au contraire de son prédécesseur. Mais comme l'a fait remarquer Jean-Michel Aulas dans les colonnes de L’Équipe : « Si la Coupe de France est l’objectif des joueurs, la Ligue des Champions reste l’objectif du président ». Si la perspective de remporter un titre rendra peut-être le sourire aux supporters, c'est la grimace que ferait Jean-Michel Aulas en cas de non participation à la Coupe aux grandes oreilles. En termes de statistiques, de fond de jeu et de coaching, difficile donc de trouver une réelle avancée depuis le départ de Claude Puel. En revanche, Rémi Garde a su ramener la paix sociale auprès des supporters, tout en apportant une bonne humeur retrouvée dans le vestiaire. C'est déjà ça.