Lazio - Inter : la chasse à la Vieille Dame est ouverte !

Par Aurélien Macedo
10 min.
Lazio @Maxppp

Cette année, la lutte pour le titre fait rage plus que jamais en Serie A. Après 23 journées de championnat, trois équipes se tiennent en un point. La dernière configuration semblable remonte à la saison 2001-2002 quand la Juventus, l’AS Roma et l’Inter s’étaient écharpés jusqu’à la fin pour finalement déboucher sur un titre de la Vecchia Signora. 18 ans après, la situation est la même avec la Lazio qui a remplacé son rival romain. Octuple tentant du titre, la Juventus aura donc fort à faire pour réaliser la passe de neuf. Focus sur ses deux principaux concurrents qui s’affrontent ce dimanche soir.

Octuple tenante du titre en Serie A, la Juventus était encore une fois favorite pour remporter le Scudetto au départ de la saison. Alors qu’on dispute ce week-end la 24e journée de championnat, la course au titre est bien plus compliquée que prévue pour les Bianconeri. Entre l’Inter d’Antonio Conte et la Lazio de Simone Inzaghi, la concurrence semble plus ardue que jamais avec un trio qui se tient en un point, le dernier de la saison devrait livrer son lot de rebondissements. Cela tombe bien puisque ce dimanche soir, l’Inter se déplace sur le terrain de la Lazio (20h45). Un choc particulièrement alléchant qui permettrait à l’éventuel vainqueur de mettre un peu plus la pression sur la Juventus tout en éloignant le perdant.

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Antonio Conte a redonné ses lettres de noblesses à l’Inter

Retrouver l’Inter à ce niveau est loin d’être une surprise. Quatrièmes de Serie A à l’issue de la saison 2017-2018, les Nerazzuri ont retrouvé la Ligue des Champions en se qualifiant à la dernière journée avec une victoire 3-2 contre … La Lazio. Un match important puisqu’il a permis à la formation lombarde de se renforcer et de se stabiliser dans le haut du tableau (encore 4e la saison dernière). Un retour de flamme et d’attractivité loin d’être négligeable et qui a attiré Antonio Conte. L’ancien sélectionneur italien est arrivé cet été avec un projet séduisant. Optant pour un 3-5-2, il a vite imprimé sa patte et les résultats ont suivi. Avec 54 points sur 69 possibles et en comptant 16 victoires, 6 matches nuls et 1 défaite, la Vouivre est bien calée en tête du championnat. Son seul revers ? Contre la Juventus. Défensivement ? Une solidité assez impressionnante avec seulement 20 buts encaissés. Avec 48 buts marqués, les Milanais sont également efficaces en phase offensive.

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Ces résultats dépendent fort logiquement d’une charge de travail assez importante comme l’explique Giuseppe Coppola journaliste pour Passione Inter : Conte a sans aucun doute changé la mentalité du club qui a choisi de faire un investissement important, en se concentrant sur un entraîneur qui dans sa carrière a gagné partout pour pouvoir en quelques saisons remporter le Scudetto. Conte est un entraîneur charismatique et il se concentre surtout sur l’entraînement et la condition physique de ses joueurs. Ce n’est pas un hasard si Barella, après quelques semaines de travail avec lui, disait déjà que pour Conte "il se serait tué". C’est l’arme supplémentaire de l’Inter. Très disciplinée, l’équipe milanaise est sublimée par un duo très prolifique entre d’un côté Romelu Lukaku (21 buts en 31 matches/17 buts en 23 matches de Serie A) et de l’autre Lautaro Martinez (16 buts en 28 matches/11 buts en 20 matches de Serie A). Un tandem particulièrement efficace et qui se montre très complémentaire. «Ce sont deux formidables attaquants qui avec Conte parviennent à donner le meilleur d’eux-mêmes. Leur harmonie est incroyable et le mérite est aussi celui de l’entraîneur qui a poussé pour avoir l’ancien Manchester United. Ce dernier a immédiatement conquis l’Inter en effaçant Icardi des mémoires. L’Inter devra aussi travailler pour conserver l’Argentin. Barcelone est déjà prêt à faire des folies pour lui» souligne Giuseppe Coppola.

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Un mercato hivernal suffisant pour gagner le titre ?

Autre force de l’Inter, son milieu de terrain. Satisfaction de la saison dernière, Marcelo Brozovic a été conforté dans son rôle de sentinelle. Il est également mieux épaulé avec les arrivées de Stefano Sensi et Nicolo Barella. Les deux jeunes joueurs transalpins apportent dans la création et se sont montrés à l’aise lors de la première partie de saison. Seul point noir, la fragilité physique des deux italiens qui ont permis à Matias Vecino et Roberto Gagliardini de jouer un peu plus que prévu. Si ces derniers possèdent des qualités, ils n’ont pas le même profil et cela se voit quand il faut faire le jeu. Cela a été handicapant notamment en décembre dernier avec une élimination en phase de poules de la Ligue des Champions et des matches nuls contre l’AS Roma (0-0) et la Fiorentina (1-1). Pour compenser ces manques, le club a misé sur Christian Eriksen lors du mercato hivernal selon Giuseppe Coppola : «Eriksen est sans aucun doute un joueur de premier plan et réussir à l’acheter dès janvier a été un grand coup pour l’Inter. D’un point de vue tactique, il jouera principalement à la place de Sensi et permettra à Conte de disposer d’une réservoir de qualité qui pourra alterner pendant les matchs.»

Le journaliste italien est d’ailleurs agréablement surpris du travail des Nerazzurri cet hiver : «un joueur de haut niveau comme Eriksen est arrivé à Milan mais aussi Young et Moses, deux joueurs importants pour les couloirs. La blessure d’Asamoah et les prestations médiocres de Lazaro et Biraghi ont forcé l’Inter à travailler pour renforcer les couloirs et deux joueurs sont arrivés. Ils ont déjà montré qu’ils pouvaient faire la différence. Le seul inconvénient du mercato de l’Inter concerne l’attaque. Giroud aurait été parfait en remplacement de Lukaku et l’Inter, en plus de Sanchez, n’a que le jeune Esposito comme alternative au Belge et à Lautaro» Fort d’un effectif bien construit et parfaitement équilibré, l’Inter n’a jamais été aussi prêt d’un scudetto qui lui fuit depuis 2009-2010. Pour Giuseppe Coppola, le titre est envisageable même si la Juventus conserve la faveur des pronostics : «la lutte avec la Juventus pour la première place ne sera pas facile. Malgré la crise, les Bianconeri ont une équipe de qualité vraiment riche et ce n’est pas un hasard s’ils sont actuellement sur des années de domination en Serie A. À mon avis, la Ligue Europa ne doit pas être sous-estimée car elle représente un trophée prestigieux et pouvoir le gagner permettrait à la fois au club de regagner une coupe et de pouvoir compter sur ses bienfaits. Le match du 1er mars à Turin contre la Juventus peut s’avérer décisif. Mais attention aussi à la Lazio car elle réalise une grande saison.»

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Une Lazio innatendue

La Lazio justement n’était pas du tout prévue dans le script de départ. Les Biancocelesti restent une place forte du football italien et ont terminé cinquièmes du championnat en 2016/2017 et en 2017/2018 (huitièmes la saison dernière) tout en remportant la Coppa Italia la saison dernière. Néanmoins, la dernière fois que le club a été aussi bien placé dans la course au titre c’était lors de la saison 2000-2001. Terminant à la troisième place, l’équipe qui comptait dans ses rangs Pavel Nedved, Dejan Stankovic, Alessandro Nesta, Hernan Crespo ou encore un certain Simone Inzaghi n’avait pas pu conserver son scudetto de l’exercice précédent. Habitué donc à se battre pour les places européennes sans jamais vraiment rêver du titre, la Lazio peut tenter crânement sa chance. Après 23 matches de championnat, l’heure est à l’optimisme avec seulement un point de retard sur l’Inter et la Juventus ainsi que la deuxième meilleure attaque d’Italie (53 réalisations) et la meilleure défense à égalité avec l’Inter (20 buts encaissés). Ce succès est en partie dû à Simone Inzaghi. Nommé en avril 2016 suite à l’imbroglio Marcelo Bielsa, l’ancien attaquant a réussi à construire un effectif bien huilé et très compétitif. La victoire en Coppa Italia l’an dernier a servi de déclic et l’effectif arrive enfin à maturité.

«C’est un processus qui s’est déroulé au fil des années et qui a connu une grande continuité grâce aux départs avortés des joueurs vedettes. Inzaghi est bon pour tirer le meilleur parti de l’équipe que le directeur sportif Igli Tare a mis à sa disposition, avec des achats que peut-être peu connaissaient au départ, mais qui ont progressivement réussi à s’établir en Italie» nous explique Marco Ercole journaliste pour le Corriere dello Sport et Fox Sport Italia spécialiste de la Lazio. Parmi ces éléments précieux qui sont restés au sein du club, on peut penser à deux hommes. Luiz Alberto et Ciro Immobile. Repositionné plus bas, l’attaquant espagnol fait parler ses qualités de passeur au cœur du jeu et se retrouve meilleur distributeur de caviars de la Botte avec 11 offrandes. Ciro Immobile est sur la lignée de ses trois dernières saisons et affiche déjà 25 buts en championnat. Personne ne fait mieux que l’ancien flop du Borussia Dortmund et du Séville FC dans les cinq plus grands championnats européens.

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Un duo de choc qui explique en grande partie les résultats impressionnants de la Lazio. Pour Marco Ercole, cette complicité ne cesse de grandir : «ils se connaissent parfaitement, ils jouent par cœur. Lorsque Luis Alberto a le ballon entre ses pieds, Immobile se jette immédiatement dans l’espace car il sait que l’Espagnol lui donnera le ballon au bon moment et au bon endroit. Une chimie parfaite s’est créée entre eux, et qui a pu, au cours de la dernière année, compter sur deux joueurs importants tels que Correa et Caicedo.» Aligné aux côtés de Ciro Immobile sur le front de l’attaque, le dernier cité se retrouve désormais à huit buts en championnat alors qu’à la mi-novembre il n’affichait qu’une réalisation. Passé de super-sub à un bon complément offensif, le buteur équatorien semble dans la forme de sa vie et débloque même des situations compliquées à l’image de son but victorieux contre Parme lors de la dernière journée de championnat (victoire 1-0). Les armes de la Lazio sont nombreuses au point qu’on puisse oublier Sergej Milinkovic-Savic.

Un groupe qui arrive à maturité

Lors de la saison 2017-2018, la Lazio a longtemps été dans le coup pour se qualifier en Ligue des Champions avant de perdre son ticket lors de l’ultime journée contre l’Inter . Cette saison-là, Sergej Milinkovic-Savic avait particulièrement brillé avec 12 buts au compteur. Un bilan impressionnant pour un milieu de terrain qui lui a valu la cour des plus grands clubs. Estimé à plus de 100 millions d’euros par son président Lotito, il est finalement resté. Moins exposé et moins buteur, il n’en reste pas moins toujours aussi important comme le rappelle Marco Ercole : «Milinkovic n’est "moins bon" qu’en termes de buts. Pour le reste, c’est un joueur fondamental pour la Lazio, il fait beaucoup de sacrifices pour permettre à l’équipe de jouer de manière plus offensive. Il s’améliore chaque année, c’est l’une des clés du succès du 3-5-2 d’Inzaghi.» Le journaliste italien note néanmoins une faiblesse à cette équipe : son banc.

«En plus du onze titulaire, la Lazio a 3-4 joueurs sur le banc qui sont à la hauteur de ceux sur le terrain. C’est peut-être un limité pour une équipe qui aspire à être protagoniste pour le titre, c’est certainement trop peu pour se battre sur plusieurs compétitions. Maintenant que la Lazio a la possibilité de se concentrer uniquement sur le championnat, l’équipe est armée pour concourir jusqu’au bout» temporise Marco Ercole. Pour lui, les Biancocelesti devront se méfier du facteur mental : «un seul point loin de retard à la mi-février, c’est un résultat important. La Lazio a déjà connu des situations semblables dans un passé récent, pour s’effondrer dans la seconde moitié de la saison. C’est l’erreur qu’il faut éviter, mais la continuité que nous avons eue jusqu’à présent nous donne certainement de l’espoir.» La Juventus conserve son statut de favori dans ce derniers tiers très alléchant que nous offre la Serie A. Cependant, l’Inter et la Lazio ont les dents longues et entendent contrarier les plans de la formation de Maurizio Sarri.

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