Serie A : les dessous d’un mercato flamboyant

Par Alexandre Pauwels
3 min.
L'Inter avait bien pensé le transfert de Kondogbia @Maxppp

Les clubs italiens se sont remis à investir. Leader à la dépense à mi-mercato, la Serie A est même parvenue à rivaliser avec les plus grosses écuries pour la signature de pointures. Alors, la crise est terminée ? À y regarder de plus près, pas vraiment…

Kondogbia, Bacca, Mandzukic… L’Italie a attiré de grands noms sur ce marché des transferts. Des grands noms, pour des grosses sommes. De quoi marquer une nette rupture avec les précédents mercati, où les clubs de Serie A la jouaient petit bras, entre le recrutement de stars dites sur le déclin ou de joueurs à moindres coûts. Alors, qu’est-ce qui a changé ? Faut-il voir dans la signature de gros chèques une nouvelle dynamique, la fin des maux qui freinaient le calcio ces dernières années ? La réponse est non. Si la recette liée aux droits TV a sensiblement augmenté, le système reste en crise, et les dettes élevées. Derrière les grosses sommes avancées, se cachent donc des stratégies et quelques astuces bien senties.

La suite après cette publicité

Ainsi, mis à part le Milan AC, qui entre la cession programmée de parts pour un montant de 500 M€ et la montée en bourse de la holding de Berlusconi Fininvest, a décidé de rompre avec la restriction pour clore son mercato avec un déficit de 80 M€, les clubs italiens ont travaillé sur les cessions pour financer leurs campagnes. Là où les observateurs s’étonnaient de l’opération Kondogbia conclue par l’Inter, allant jusqu’à invoquer le spectre du FPF, il faut savoir que les Nerazzurri avaient déjà encaissé 25 M€ grâce aux rachats obligatoires de certains de leurs joueurs prêtés, les ventes de Shaqiri et Kovacic assurant le reste. Même topo pour la Roma avec les départs de Romagnoli ou Bertolacci, de la Juve avec les Berardi, Ogbonna et surtout Vidal, ou encore du Torino, qui s’est fendu d’un beau recrutement estampillé “jeunesse italienne” grâce à la seule vente de Darmian.

À lire Bayer Leverkusen - AS Roma: les compositions officielles

Équilibre avant tout et boom des paiements échelonnés

Parallèlement à cette stratégie de compensation, force est de constater ensuite que certaines des meilleures affaires ont été conclues selon des critères spécifiques. On peut ainsi citer l’échelonnage des paiements – la Juve paiera ce qu’elle doit pour Dybala en quatre ans, l’Inter en trois pour Kondogbia, le Milan en cinq pour Romagnoli. Mais on parlera surtout des déjà fameux “prêts avec obligations d’achats”, qui remplacent la défunte copropriété, et ont proliféré cet été – Salah, Dzeko, Jovetic... De bons moyens pour les clubs italiens d’étaler leurs obligations.

La suite après cette publicité

Ceci dit et sachant que les autres prétendants à l'Europe sont restés frileux – le Napoli va clore son bilan dans le rouge pour la première fois en huit ans, la Fiorentina a voulu compenser un déficit de 37 M€ sur l’année 2014 et la Lazio, privée de LdC, n’a pas dépensé plus que ce qu’elle avait engrangé –, il y aurait presque de quoi parler du mercato transalpin comme d’un trompe l’œil. Mais comment ne pas souligner, plutôt, que l’Italie est parvenue à redevenir compétitive sur le marché nonobstant la crise qui la touche ? Grâce à ses stratégies et formules, elle a en effet réussi à s’inviter dans les dossiers qui comptent, pour en ressortir plus forte qu’elle ne l’était. De la même manière qu’au plus fort de la réserve, elle parvenait à rapatrier des éléments qu’elle avait vendus plus tôt contre des sommes inférieures – encore Jovetic ou Cuadrado sur cette cession –, l’Italie a de la ressource et reste maligne. Décidément la constante de chacun de ses mercati.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité