PSG-Istanbul Basaksehir : une soirée tristement historique

Par Alexis Pereira
5 min.
L'incident entre le PSG et Istanbul BB @Maxppp

La rencontre entre le Paris SG et Istanbul Basaksehir a été interrompue avant la fin du premier quart d'heure sur fond de propos racistes d'un des arbitres à l'encontre de Pierre Webo, membre du staff de l'écurie turque. Récit d'une soirée pas comme les autres.

Scène inédite au Parc des Princes. On jouait la 13e minute de Paris SG-Istanbul Basaksehir (6e journée de Ligue des Champions). Suite à un tacle appuyé de Presnel Kimpembe, sanctionné d'un coup franc, Pierre Webo, adjoint d'Okan Buruk à Istanbul Basaksehir, réagissait et exprimait son mécontentement. Trop véhément au goût du corps arbitral dirigé par Ovidiu Haţegan, qui décidait de l'expulser. Mais tout a dégoupillé. Le Camerounais, au moment de quitter le banc de touche, accusait le 4e arbitre Sebastian Coltescu d'avoir tenu des propos racistes à son encontre.

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Évidemment, le staff du club turc a fait corps derrière l'ancien attaquant, les remplaçants aussi, Demba Ba en tête, venu calmement, mais fermement, tenter d'obtenir des explications de la part de l'arbitre en question. Puis tous les joueurs présents sur la pelouse sont venus s'enquérir de la situation. Neymar, Kylian Mbappé, Presnel Kimpembe et Marquinhos soutenaient la volonté des joueurs turcs de quitter la pelouse face au comportement de l'arbitre. Et après quelques minutes de discussions et d'échanges, les deux équipes décidaient de rentrer aux vestiaires, ensemble, sous les applaudissements des quelques présents.

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Le geste fort des joueurs

Le chronomètre de l'UEFA continuait étonnamment de tourner, dans le vide, jusqu'à ce qu'il s'arrête enfin, à la 23e minute. Le temps filait, la stupéfaction était totale et l'incompréhension demeurait dans les travées du Parc des Princes quant à la suite des évènements et la tenue de la fin de la partie, décisive pour l'avenir européen des Rouge-et-Bleu. Interrogé au micro de la télévision turque TRT Spor, le président des champions de Turquie Göksel Gümüsdağ expliquait que son équipe ne reprendrait pas la rencontre si le 4e arbitre restait sur la pelouse.

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Le président de la République de Turquie Recep Tayyip Erdoğan, sympathisant du club, envoyait un tweet à la teneur politique. «Je condamne fermement les remarques racistes faites à l'encontre de Pierre Webo de l'équipe technique de Başakşehir, et je pense que les mesures nécessaires seront prises par l'UEFA. Nous sommes inconditionnellement contre le racisme et la discrimination dans le sport et dans tous les domaines de la vie. #Notoracism», a-t-il posté, donnant une nouvelle dimension à cet incident.

L'UEFA aurait souhaité repartir à 22h, en plaçant ledit arbitre dans le car de la VAR, qui aurait été remplacé par un des deux arbitres présents, pour la fin de la rencontre. Une solution bien sûr écartée par l'IBFK, qui ne voulait pas que l'individu continue à participer au match de près ou de loin. Seul hic, dans les règlements de l'UEFA, il faut deux arbitres dans le car de la VAR pour que la rencontre se tienne... Pendant ce temps-là, quelques membres du staff du PSG préparaient un éventuel retour sur le pré, avec des plots installés sur la pelouse.

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Un verdict très long à se dessiner

L'horloge tournait, sauf sur l'écran géant du Parc des Princes, en attendant une décision définitive des officiels. Un intendant parisien venait ranger les affaires sur le banc de touche, n'incitant pas à l'optimisme sur la suite des évènements. Un tweet de Presnel Kimpembe, fort de sens, semblait sceller l'issue de la soirée, tandis que les jeunes ramasseurs de balle, toujours en place, tentaient de se réchauffer en jonglant et se faisant des passes. Au micro de la chaîne brésilienne Esporte Interativo, Rafael, l'ancien Lyonnais, annonçait que ses partenaires et lui ne reprendraient pas, «ni ce mardi ni un autre jour».

Pendant ce temps-là, la victoire du RB Leipzig sur Manchester United dans l'autre rencontre du groupe (3-2) qualifiait directement les Parisiens pour les 8es de finale de la compétition. L'UEFA restait muette, tandis que les intendants parisiens ramassaient les derniers équipements en place sur la pelouse du Parc et les jardiniers de Jonathan Calderwood se mettaient au travail pour prendre soin de leur pelouse. La tribune de presse se vidait peu à peu, de ses techniciens d'abord, de ses journalistes ensuite.

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Le verdict officiel tombait, enfin, aux alentours de 23h15, avec le report des 77 minutes de la partie restants à jouer à ce mercredi, à 18h55, avec, a priori, une nouvelle équipe d'arbitrage, au terme d'une soirée qui fera à n'en pas douter date dans le football européen et mondial et marquera peut-être un tournant dans la lutte contre les discriminations dans le sport roi. Il se passe décidément toujours quelque chose avec le Paris SG.

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