Inter Milan : la grande banque commerciale chinoise prête à porter plainte contre Steven Zhang !

Par Valentin Feuillette
5 min.
Steven Zhang, président chinois de l'Inter Milan. @Maxppp

Les Nerazzurri vont connaître un mois de juillet stressant, alors que la China Construction Bank Asia Corporation (CCBA) est déterminée à s’expliquer au tribunal avec le président et propriétaire chinois Steven Zhang.

Malgré la belle saison 2022/2023 de l’Inter Milan ponctuée par deux coupes nationales remportées (la Coppa face à la Juventus et la Supercoppa contre la Fiorentina) et une finale de Ligue des Champions perdue contre Manchester City, le club milanais vit des heures sombres en interne depuis plusieurs années. La faute à des bilans comptables inquiétants et une gestion financière critique du président et propriétaire chinois Steven Zhang qui détient près de 70% de l’Inter via l’entreprise Suning Holdings Group depuis juin 2016. Si le domaine technique, assuré surtout par le directeur général Giuseppe Marotta et le directeur sportif Piero Ausilio, est plutôt gage de compétitivité et de réussite, la gestion entrepreneuriale est très inquiétante. Selon les prévisions détaillées de Calcio e Finanza, les états financiers des Nerazzurri se concluront, encore une fois cette saison, avec d’importantes pertes, bien que moindres par rapport à 2022. Le résultat net sera lesté surtout de la grande dépense d’intérêts et de charges financières estimées autour des 50 millions d’euros, liée à l’énorme montant de dette en cours qui avoisine les 800 millions avec position financière nette négative autour des 300 millions. Une situation qui a empiré avec la débâcle managériale liée au sponsor de Digitalbits, qui a coûté plus de 30 millions d’euros au club.

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Pour rappel, des rumeurs de vente ont émergé ces derniers mois malgré des démentis précis du Zhang à la fin de saison dernière. Annoncé en vente depuis plusieurs mois, Steven Zhang avait fixé le prix de vente du club lombard à 1,2 milliard. Une somme de départ jugée trop élevée, voire hors du marché actuel. Un fonds américain était en pole position pour racheter les champions d’Italie de 2021. Goldman Sach et Raine Group avaient même reçu un mandat en provenance de Milan, afin d’aider le Chinois de 31 ans à chercher des repreneurs à Wall Street. Une nouvelle qui avait été confirmée par le Financial Times. Aucune négociation réelle n’avait eu lieu mais des rumeurs avaient aussi fait état de deux fonds américains intéressés et un autre des Émirats arabes unis en lice. Ces liens de proximité avec plusieurs de ces institutions financières américaines, notamment Goldman Sachs, Oaktree Capital Management et Bain Capital, ont valu à Steven Zhang et l’entreprise Suning Holdings Group un premier procès perdu en juin dernier face à la China Construction Bank Asia Corporation. En conséquence, la banque chinoise avait demandé l’accès à des documents à partir du 1er janvier 2015 et sur des situations générales, ainsi que des négociations potentielles pour la vente de l’Inter et toute la documentation liée à l’opération de financement du club.

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300 millions de dettes et un procès à l’international

Outre le calendrier des matches amicaux et la suite du mercato estival, ce mois de juillet s’annonce mouvementé pour les Nerazzurri. Le président de l’Inter devra respecter à la lettre le calendrier des événements extra sportifs majeurs. La China Construction Bank Asia Corporation, forte d’un jugement favorable du tribunal de Hong Kong, demande à Steven Zhang la restitution de 300 millions d’euros qui n’ont jamais été versés. Une audience était déjà prévue aujourd’hui 10 juillet mais a été officiellement reportée au 21 août, au cours de laquelle Zhang devrait être entendu par les juges, pour rendre compte de sa situation d’endettement et de la couverture avec laquelle il entend faire face à ses dettes. Le fils du magnat des ventes d’électroménager en Chine, Zhang Jindong, n’a pas comparu aux précédentes audiences, ni personnellement ni par l’intermédiaire de ses avocats. Et tout porte à croire qu’il continuera à suivre cette ligne de conduite au tribunal, d’après le quotidien italien La Repubblica.

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La banque chinoise a intenté une action en justice contre Steven Zhang également à New York et à Milan, demandant aux tribunaux italiens et américains de reconnaître la condamnation de Hong Kong et de l’appliquer. Le but est de piller les actifs étrangers de Steven Zhang qui a d’ailleurs perdu un premier procès aux Etats-Unis face à la banque d’Etat chinoise. En particulier, la China Construction Bank Asia Corporation demande au tribunal de Milan de déclarer illégitime le procès-verbal du conseil d’administration de l’Inter dans lequel il est décidé que le président ne percevra aucun rémunération. Si Zhang recevait bien un salaire, il pourrait demander sa saisie. Cependant, il convient de noter que, dans l’histoire du club milanais, aucune indemnité n’a jamais été versée à un président. En cela, donc, Zhang n’a rien fait de différent de ceux qui l’ont précédé à la tête des Nerazzurri.

Dans l’intention de ceux qui ont intenté une action en justice, la question du salaire n’est qu’une première étape. L’objectif, une fois obtenu la reconnaissance du jugement de Hong Kong en Italie, est de s’appuyer sur la majorité des actions de l’Inter, que la famille Zhang détient par l’intermédiaire d’une société luxembourgeoise. Par ailleurs, l’ensemble du paquet d’actions est en gage au fonds Oaktree, qui en 2021 a accordé à la société qui contrôle l’Inter un financement de 275 millions d’euros, venant à échéance en mai 2024. Et c’est justement au printemps prochain que pourrait avoir lieu un premier verdict de la juge civile Alima Zama, devant laquelle le procès s’est ouvert en mars dernier. Après trois audiences et autant de reports, il est en effet évident que la décision prendra plusieurs mois à voir le jour. La prochaine audience milanaise, après celle du 12 juillet, a été fixée au 12 septembre.

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