FC Rouen 1899, Charles Maarek : « les derniers épisodes au club ? On aurait pu en faire une série Netflix »

Par Josué Cassé
8 min.
Charles Maarek, président du FC Rouen 1899 @Maxppp

Septième de National, le FC Rouen 1899 s’apprête à défier un cador de la Ligue 1 à l’occasion des huitièmes de finale de la Coupe de France. Opposés à l’AS Monaco, ce jeudi 8 février au Stade Robert-Diochon, les Diables Rouges vivent pourtant une saison paradoxale. Entre résultats sportifs convaincants et déboires financiers provoquant la colère de plusieurs groupes de supporters, Charles Maarek, président de la formation normande, tente de composer. Entretien sans concession.

Être président du FC Rouen 1899 n’est pas tâche aisée. Demandez plutôt à Charles Maarek, président de la formation normande et actuellement détenteur de 77% des parts des Diables Rouges. Promue en National la saison dernière, la formation entraînée par Maxime D’Ornano réalise pourtant une saison plus que convaincante sur le plan sportif. Septième du classement à huit longueurs du podium, le FCR vit, par ailleurs, une formidable épopée en Coupe de France. Après avoir écarté Lisieux, Barentin, le Stade Pontivyen, le GSI Pontivy et Louhans-Cuiseaux, le club normand s’est finalement offert le scalp du Toulouse Football Club, tenant du titre de la compétition, au terme d’une rencontre spectaculaire et d’une séance de tirs au but irrespirable (3-3, 15-14 aux tab). Un parcours, jusqu’alors, exceptionnel permettant désormais aux Rouge et blanc de rêver plus grand à l’occasion de la réception de l’AS Monaco, ce jeudi 8 février au Stade Robert-Diochon.

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Qualifié par les huitièmes de finale, à la surprise générale, Rouen connaît pourtant un exercice 2023-2024 plus qu’agité en dehors des terrains. Englué dans des déboires financiers et sanctionné fin novembre 2023 d’un retrait de cinq points au classement du championnat de National par la DNCG, le club doit ainsi gérer, en parallèle, une certaine crise institutionnelle. Pic de ce climat délétère ? L’appel au boycott total des principaux groupes de supporters rouennais après la publication de la nouvelle grille tarifaire pour la réception du Toulouse FC (entre 25 et 75 euros). Un tarif finalement revu à la baisse quelques jours plus tard, Charles Maarek décidant de faire son mea culpa. Pour autant, la situation actuelle est encore loin d’être apaisée et une rupture certaine s’est, aujourd’hui, installée entre les fans et le président rouennais. Interrogé par nos soins avant de croiser le fer avec les Asémistes, ce dernier, comblé par le rendement actuel de ses troupes, s’est, malgré tout, voulu rassurant sur l’avenir financier du club. L’occasion également pour cet homme au caractère bien trempé de répondre à ses principaux détracteurs.

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«Aujourd’hui, ma volonté et mon message, c’est que tout ça s’apaise !»

Foot Mercato : avant de revenir sur l’actualité du FC Rouen, est-ce que vous pouvez me livrer votre sentiment sur le début de saison du club, septième de National et d’ores et déjà auteur d’un parcours remarquable en Coupe de France ?

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Charles Maarek : je suis un président ravi, normalement sans prendre en compte la sanction prononcée par la DNCG (retrait de 5 points, ndlr), on serait au pied du podium, pour un promu on ne nous mettait pas là, faut que ça continue, la saison est encore longue, on a encore des matches à jouer. On a un staff exceptionnel, un groupe exceptionnel, des joueurs à un niveau incroyable, on est sur 2 défaites seulement cette saison avec le Red star à la dernière minute et Nancy (2 nouvelles défaites contre Nîmes et Versailles depuis la réalisation de l’interview, ndlr). Voilà, que dire de plus, on ne peut que être satisfait de ce tableau. L’année dernière on fait un record avec 69 points, 3 revers seulement l’an dernier, qu’est ce que vous voulez que je vous dise de plus, ça résume la force de ce groupe.

FM : ces dernières semaines, le club fait donc face à de nombreux déboires financiers, ce qui a entraîné une sanction de la DNCG et la grogne des fans rouennais. Quel regard portez-vous sur la situation et avez-vous un message à faire passer à vos supporters ?

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CM : l’histoire récente c’est une série Netflix, on aurait pu en faire une série Netflix, depuis le tirage avant Toulouse et même plus tôt, depuis le 28 novembre dernier et la décision de la DNCG. On a eu quelques épisodes, avec une forme de sensationnalisme propre aux séries, avec des moments bons et des moments moins bons. Aujourd’hui, ma volonté et mon message, c’est que tout ça s’apaise, que les choses se calment, qu’on revienne vers un contexte plus serein. Le message que je peux envoyer aux supporters les plus mécontents ? De continuer à soutenir le club et qu’on essaye de trouver de l’apaisement.

«1M€ de recettes exceptionnelles, c’est pas mal pour quelqu’un qui apparemment ne sait pas gérer un club !»

FM : lors du mercato hivernal, vous avez également cédé Christopher Ibayi (attaquant), votre meilleur buteur et Farès Ghedjemis (ailier droit), le deuxième joueur le plus prolifique de l’effectif, comment expliquez-vous ce choix ? Ne craignez vous pas que ces deux départs de taille débouchent sur des résultats sportifs plus décevants ?

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CM : ce n’est pas un choix contraint par les finances, c’est une opportunité de marché, on a un vrai groupe, on reste sur trois victoires et ce malgré le départ de Christopher Ibayi par exemple donc ça permet de comprendre la dynamique de l’effectif (le FC Rouen s’est incliné lors des deux dernières journées depuis la réalisation de cette interview, ndlr).

FM : vous détenez aujourd’hui 77% des parts du club et vous vous retrouvez dans une position délicate, comment comptez-vous désormais redresser la barre ?

CM : il y a des problèmes de trésorerie, c’est vrai, j’avais promis que tout ça rentrerait dans l’ordre d’ici fin février mais avec les transferts effectués sur le mercato hivernal et le parcours réalisé en Coupe de France, ça va aller plus vite. Au départ, je n’avais pas besoin des transferts et de cette Coupe de France pour régler les choses donc c’est un plus et ça va forcément accélérer le processus.

FM : avec ces dettes et créances pointées par la DNCG, avez-vous des craintes sur l’avenir du club et sa capacité à se pérenniser sur le long terme ?

CM : je n’en avais pas après le passage de la DNCG, ni avant et aujourd’hui avec cette qualification contre Toulouse, les recettes liées à la billetterie, Toulouse nous a également laissé sa recette, sans parler des 450 000 euros de transferts perçus lors de cette fenêtre hivernale, j’ai encore moins de crainte. 1 million de recettes exceptionnelles, c’est pas mal pour un club de National et pour quelqu’un qui apparemment ne sait pas gérer un club. J’accepte les critiques mais il ne faut pas tout oublier, quand on gagne, on gagne tous ensemble. Je n’ai pas de directeur sportif donc cette capacité à vendre je dois aussi la gérer et je pense que c’est à souligner au regard du travail effectué cet hiver, vendre pour près de 500 000 euros cet hiver, ce n’est pas rien.

«Si je pars, ce sera sans aucune dette !»

FM : certains ont, malgré tout, demandé votre départ dernièrement… est-ce un scénario envisageable ?

CM : ce qui peut être envisageable, c’est que je vende des parts et si je pars, ce sera sans aucune dette, c’est une condition que j’avais fixé et qui sera tenue si ce scénario devait se produire. Peut être que si je pars, les supporters finiront par me regretter ou peut être pas. Nous avons fait une montée, nous avons gagné ce match contre Toulouse, vous savez nul n’est indispensable mais il faut respecter le parcours, c’est pas trop mal non ?

FM : dans la continuité de ce climat assez tendu, une polémique a récemment éclaté sur le prix des places jugé trop élevé (entre 25 et 75 euros contre Toulouse, ndlr), quel est votre sentiment à ce sujet ?

CM : je n’ai plus envie de parler de ça, c’est une affaire passée, on se projette vers autre chose désormais, j’ai fait une erreur, je l’ai reconnu et maintenant on arrête d’en parler. On a décidé du prix des places de Monaco, vous n’avez qu’à aller voir sur le site et vous allez rapidement comprendre la dynamique, la logique et le message envoyé.

FM : pour revenir sur l’aspect sportif ,en 16es de finale de la Coupe de France, vous avez éliminé le TFC, tenant du titre de la compétition, comment avez-vous vécu cette qualification et quelles sont vos ambitions pour la suite de la saison ?

CM : on joue le maintien en championnat, en Coupe de France on a joué des équipes d’un niveau inférieur depuis le début, on a fait le travail et puis, oui, on a tiré Toulouse et on a réalisé quelque chose d’exceptionnelle mais la montée en Ligue 2 n’est pas du tout à l’ordre du jour, on est aussi à quelques points de la descente si on regarde différemment donc non objectif maintien et nous verrons comment la suite de la saison se passe.

«L’AS Monaco ? Un monument du football !»

FM : vous vous apprêtez désormais à défier un cador de Ligue 1 pour les 8es de finale, dans quel état d’esprit êtes-vous avant d’accueillir l’AS Monaco ?

CM : contre Monaco, ça va être une très bonne fête, le FCR va défendre chèrement sa peau face à l’un des plus gros cadors de ce pays. Monaco est un monument du football, elle fait partie des équipes qui dispose d’une régularité affolante, deux années sur trois, l’ASM termine en coupe d’Europe. Le PSG, l’OL, l’OM, Monaco, Lens, Rennes, des grosses équipes et vous voyez j’ai cité Monaco parmi ces places fortes.

FM : pour terminer, avez vous quelque chose à ajouter sur ce contexte assez paradoxal entre la dynamique sportive du FCR et ce climat institutionnel et économique beaucoup plus douloureux ?

CM : je laisse le sportif au sportif, Maxime d’Ornano, le coach, fait très bien son travail et moi de mon côté j’essaie de faire mon maximum pour que les choses s’apaisent et que la situation devienne plus saine. La DNCG s’est peut être trompée. C’était un mauvais passage, je reste calme et quand dans quelques semaines on va pouvoir communiquer sur notre situation, les choses vont peut être évoluer, on va rectifier le tir, ce n’est pas que les recettes glanées avec la Coupe de France, je le répète, on a réussi à vendre pour près de 500 000 euros sans directeur sportif, c’est quelque chose. Une réponse à ceux qui ont jugé notre montée en National irrégulière ? C’est leur problème, pas le mien.

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