Süper Lig

Comment Trabzonspor prend le pouvoir en Turquie

Vus de France, le Fenerbahce, Galatasaray et Besiktas sont les trois gros clubs turcs. Pourtant, Trabzonspor n’a rien à leur envier et a d’ailleurs décidé de tout chambouler il y a peu pour tenter de prendre le pouvoir. Une ambitieuse politique de formation, conjuguée à quelques coups bien sentis sur le mercato et à une baisse drastique de la dette du club et de sa masse salariale ont permis au club de Trabzon de tutoyer les sommets, allant jusqu’à dominer actuellement le classement d’une Süper Lig, qui va reprendre ses droits le 12 juin. Et ce n’est sans doute qu’un début.

Par Sebastien Denis
5 min.
Alexander Sørloth sous le maillot de Trabzonspor @Maxppp

Quand on évoque le championnat turc, on pense immédiatement aux ambiances bouillantes des derbys d’Istanbul entre les trois clubs historiques de Fenerbahce, du Galatasaray et aussi du Besiktas. Pourtant, ces trois mastodontes n’ont pas le leadership en Süper lig puisque Trabzonspor a pris le pouvoir en championnat. L’ancien club de Florent Malouda a décidé de chambouler les habitudes historiques des clubs tucs, habitués généralement à faire signer d’anciens grands joueurs sur le déclin ou en fin de carrière. Associer formation, recrutement de joueurs prometteurs et revente des meilleurs talents sont autant de solutions (inspirées de ce qu’il se passe en Europe et notamment en France) proposées pour pérenniser le club de Trabzon sur le toit de la Turquie avant de voir plus haut. Explications.

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Trabzonspor a décidé de miser sur les jeunes talents à fort potentiel de revente

Sous l’impulsion de son nouveau président Ahmet Ağaoğlu élu en 2018, le club de Trabzon a décidé de faire table rase du passé. Passé par l’Angleterre et les États-Unis, Ağaoğlu est un président à la mentalité européenne qui s’inspire beaucoup de la Ligue 1. Très proche de son équipe, il a décidé de miser gros sur la formation des jeunes grâce au développement du recrutement des jeunes talents et à un centre de formation ultra moderne. L’objectif étant de pouvoir intégrer rapidement de nombreux talents à l’équipe première pour apporter de la fraîcheur et réaliser de fortes plus-values en revendant à prix d’or ses meilleurs talents. Le club a d’ailleurs décidé de montrer à toute l’Europe son savoir-faire en alignant régulièrement durant la phase de poules de la Ligue Europa une équipe composée de joueur de – de 21 ans. Le milieu offensif Yusuf Yazici, pur produit du centre de formation du club, a été le premier à quitter Trabzonspor pour rejoindre la Ligue 1 et le LOSC contre 17,5 M€. Il a failli être suivi par Abdülkadir Ömür autre gros talent offensif du club. Mais malgré une offre ferme de Monaco de 22 M€, le président Ağaoğlu a fermé la porte à un départ… qui pourrait finalement bien avoir lieu dans les prochaines semaines puisque Nice lui fait les yeux doux et rêve de le recruter. Une nouvelle rentrée d’argent significative pour le club turc, qui pourrait réaliser une nouvelle grosse opération avec le départ possible de son gardien Ugurcan Çakir (24 ans), véritable révélation de Trabzonspor depuis deux saisons. Liverpool et Tottenham, qui ont offert 20 M€ cet hiver, sont d’ailleurs toujours sur le coup, tout comme Séville.

Entre départs de joueurs très coûteux au niveau salaire et vente de joueurs, Trabzonspor a réussi à faire baisser drastiquement la dette du club et à faire descendre de manière significative la masse salariale du club. Les récents départs de John Obi Mikkel et de Daniel Sturridge (ndlr : suspendu pour six mois par la fédération anglaise de football, ce dernier a décidé de rompre son contrat) abondent d’ailleurs dans ce sens. Il n’empêche qu’aujourd’hui, Trabzonspor, qui évolue par ailleurs dans le stade Medical Park Stadyumu, une enceinte ultra moderne de 41 000 places qui fait régulièrement le plein et inauguré en 2016, est l’un des clubs les plus sains financièrement et ne compte pas de retard de salaire, une chose rare en Turquie. Et les résultats ne se sont pas fait attendre. 4e l’an passé, Trabzonspor est aujourd’hui un solide leader du classement de la Superlig en compagnie d’Istanbul BB grâce notamment à des jeunes talents, mais aussi grâce à son capitaine argentin José Enersto Sosa. L’ancien joueur du Bayern Munich, de Naples et de l’AC Milan s’est mué en véritable chef d’orchestre de son l’équipe et a su parfaitement faire le tampon entre les jeunes et les moins jeunes de l’équipe.

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Alexander Sorloth, le symbole des paris gagnants tentés par le club de Trabzon

Si la formation coachée par Hüseyin Çimşir est passée maître dans l’art de former de grands talents, elle s’est aussi spécialisée dans le recrutement et la relance de joueurs en difficulté ou au profil prometteur. Si le cas l’attaquant ghanéen Caleb Ekuban est intéressant (prêté puis acheté à Leeds et qui dispose d’une belle cote sur le mercato puisque le Betis, la Lazio et plusieurs clubs français sont à l’affût), c’est celui d’Alexander Sorloth qui prouve à ceux qui pouvaient encore en douter du flair de Trabzonspor sur le marché des transferts. L’attaquant norvégien, qui restait sur plusieurs saisons difficiles à Crystal Palace puis à La Gantoise, a trouvé l’environnement propice pour exploser. Avec 21 buts et 8 passes décisives toutes compétitions confondues en 30 matches, le compère d'Haaland en équipe nationale est le meilleur joueur du championnat turc actuellement. Prêté avec option d’achat par le club londonien, Sorloth va signer définitivement avec le club de Trabzon qui va avoir beaucoup de mal à le retenir. L’OL, Monaco, Naples, l’AC Milan et le Bayern Munich sont déjà prêts à faire des folies cet été.

On le voit, Trabzonspor, qui compte le plus grand nombre de supporters en Turquie, peut imaginer un avenir radieux dans les années qui viennent. Un actif joueurs sans cesse en augmentation, de confortables transferts qui vont rapporter plusieurs dizaines de millions au club ainsi que la perspective réaliser un doublé (leader du championnat et toujours en lice en ½ finale de la Coupe de Turquie) et de disputer la saison prochaine la Ligue des Champions sont autant de raisons qui laissent penser à un maintien au sommet de ce club aux antipodes de ce qu’il s’est toujours fait en Turquie.

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