Le boom impressionnant de la pratique du football féminin en France !
Si 90 % des licenciés dans le football sont des hommes, le foot féminin n’en finit plus d’augmenter avec une croissance à deux chiffres, là où le football masculin stagne depuis plusieurs saisons. Quelles sont les raisons de cet engouement, quels sont les freins et défis à relever pour atteindre l’objectif des 500 000 licenciés en 2028 ? Premiers éléments de réponse.

Les vacances d’été sont déjà finies. La rentrée est arrivée et avec elle les fameux "forum des associations" qui permettent à tout un chacun de pratiquer une activité sportive proche de chez lui. Et alors qu’avant les filles restaient cantonnées à des sports historiquement féminins (danse, gymnastique, etc…), plus d’une fille réfléchit désormais à réclamer à ses parents une licence dans un club de football. Un vrai changement opéré depuis quelques années en France et qui ne cesse de croître. Les raisons qui expliquent ce phénomène, qui est dorénavant bien plus qu’une tendance ou un effet de mode, sont nombreuses. Il faut déjà souligner les efforts de la Fédération Française de Football, la plus grosse fédération sportive de France et de loin, qui multiplie les efforts depuis près de 15 ans pour développer le football féminin, comme l’expliquait il y a peu, Philippe Diallo le président de la FFF. «Le développement de la pratique féminine à tous les niveaux - football amateur, football professionnel, l’Équipe de France - est un enjeu majeur, essentiel. Il doit nous mobiliser formidablement. Collectivement, on peut gagner ce pari. Aujourd’hui, déjà, les femmes n’ont jamais été aussi nombreuses à pratiquer le football en France .»
Un objectif de 500 000 licenciés dans le football féminin en 2028
Grâce à une équipe de France souvent placée (1/4 de finaliste à l’Euro 2025, 1/4 de finale aux JO de Paris, 1/4 de finale CdM 2019) et classée 6e au classement FIFA, le football féminin français n’en finit plus de grandir. Et les chiffres sont éloquents. Avec 251 369 licences féminines comptabilisées en 2024 (202 282 pratiquantes, 40 687 dirigeantes, 2412 éducatrices et 1448 arbitres), soit 10,5 % du total des licences FFF, la saison 2023-2024 a établi un nouveau record pour le football féminin dans l’hexagone. Il faut savoir que depuis 10 ans, la pratique du football féminin dans notre pays augmente de 10 % chaque année. Et la FFF voit grand puisqu’elle s’est fixée un objectif de 500 000 licences féminines à l’horizon 2028. Un objectif ambitieux, notamment par rapport à la plus grande nation de football du moment, à savoir l’Espagne, qui ne compte que 110 000 licences féminines en 2024 (en hausse de 23 % par rapport à 2023).
Dans le sillage de "Toutes Foot", un dispositif d’appel à projets lancé en 2022 par la FFF visant à poursuivre le développement de la pratique féminine et à renforcer la place des femmes et dynamiser les projets clubs, ce boom se traduit au niveau amateur puisqu’au moins 4 000 clubs amateurs comptent au moins 1 équipe féminine et 8 000 ont au moins 1 licenciée féminine en France. Dans ces clubs, on constate une évolution des mentalités. Jouer au football quand on est une fille est de moins en moins stigmatisé et n’est plus considéré comme une "anomalie". Désormais, les parents sont ouverts et soutiennent la démarche. Ils n’hésitent plus à répondre favorablement à la demande de leur enfant et le laisser évoluer et s’épanouir dans un club de football. L’encadrement, les initiatives scolaires permettant aux filles de découvrir le football dans un cadre ludique et inclusif, la mise en place de structures 100 % dédiées au foot féminin, l’émergence de stars féminines dorénavant présentes à la TV (sur TF1 ou France Télévisions pour l’Equipe de France ou sur Canal+ pour la Arkema Première Ligue et DAZN pour la Ligue des Champions), mais aussi bien au-delà du rectangle vert (égéries de mode, lifestyle ou de jeux vidéos) sont autant de facteurs valorisant le football féminin et donnant une sorte de garantie aux plus hésitants.

Crédit photo @FFF
Le football féminin a encore de nombreux défis à réaliser
Courir derrière un ballon n’est donc plus réservé uniquement aux garçons, n’en déplaise encore à ces derniers. Mais tout n’est pas rose et le chemin est encore long et semé d’embûches pour permettre au football féminin de gagner ses lettres de noblesse. Si certaines mentalités restent malheureusement difficiles à bouger, certains leviers ont bien du mal à être levés malgré un effort collectif de tous les instants. Parlons déjà des ressources financières et matérielles. Les budgets alloués au football féminin sont encore drastiquement inférieurs à celui du football masculin dans les clubs. Au niveau des infrastructures et de la localisation des clubs (en zone rurale, l’accès au foot féminin est beaucoup plus compliqué qu’en zone urbaine qui s’explique par plusieurs facteurs que ce soit au niveau de l’accès aux infrastructures, la culture locale, les ressources financières, le niveau de compétition ou les dynamiques sociales), il y a encore du travail pour répondre spécifiquement aux besoins et desiderata du football féminin que ce soit au niveau des stades, des centres d’entraînement ou même de l’équipement proposé aux joueuses. À l’heure actuelle, de nombreux clubs sont dans l’incapacité de proposer des tenues adaptées à la morphologie féminine et proposent la même tenue aux filles qu’aux garçons.
On le voit, malgré quelques réticences et des obstacles d’envergure, le football féminin a franchi des étapes significatives depuis les années 90 que ce soit au niveau du nombre de pratiquantes, dans la féminisation progressive des instances, la création d’une Ligue 1 Arkema professionnelle (ndlr: cette première division existait déjà depuis longtemps, mais sa professionnalisation avec la création d’une Ligue Pro (LFFP) date d’il y a 2 ans) ou via l’Equipe de France féminine, accélérateur de popularité et formidable outil de publicité. Si la FFF fait tout son possible pour atteindre la barre ambitieuse des 500 000 licenciés en 2028, cette dernière sait qu’il lui reste encore de nombreux défis de taille pour y parvenir. Mais l’engouement est réel, l’envie est là et le soutien aussi bien des équipementiers que des instances dirigeantes se fait sentir. Reste désormais à passer à la vitesse supérieure…