Sofiane Ikene : «l'Euro que j'ai vécu avec les U17 me donne évidemment envie de revivre cela avec le Luxembourg»

Par Aurélien Macedo
10 min.
Sofiane Ikene avec le Luxembourg @Maxppp

Jeune défenseur central de 17 ans évoluant au Progrès Niederkorn, Sofiane Ikene est international avec le Luxembourg depuis juin dernier. Un statut impressionnant pour son jeune âge lui qui a également participer au dernier Euro U17 avec la formation du Duché. Pour Foot Mercato, Sofiane Ikene est revenu sur cette belle expérience et les grandes ambitions de son pays au niveau du football pour les années futures.

Foot Mercato : vous avez été appelé pour la première fois avec le Luxembourg en juin dernier, comment avez-vous vécu cette sollicitation ?

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Sofiane Ikene : j'étais très heureux, très content de ma première sélection en Ligue des Nations en juin avec une première apparition contre les Îles Féroé (2-2). Avec la grosse saison que j'ai faite avec l'équipe U17 du Luxembourg où on s'est qualifié pour l'Euro, j'étais très ému, très content, très satisfait de mon travail pour arriver là. J'ai continué de travailler, le coach m'a donné sa confiance pour remplacer Maxime Chanot qui s'était blessé. Il m'a laissé ma chance pour les 15 dernières minutes.

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FM : le Luxembourg n'est pas habitué à disputer de grosses compétitions internationales, mais vous vous êtes qualifiés pour l'Euro U17 l'été dernier où vous avez affronté l'Allemagne, Israël et l'Italie notamment. Comment avez-vous vécu cette expérience face à deux ogres du football européen ?

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SI : c'était une très grande expérience. On avait deux tours de qualification avant pour se qualifier où on a battu la Belgique (1-0) et accroché la Norvège (2-2) qui sont aussi deux grosses nations. La qualification était déjà forte en émotion, on n'avait jamais pu se qualifier avant. Ensuite on a joué la France qui a été le futur vainqueur de la compétition contre qui on a perdu 2-0 et l'Angleterre où on a gagné 2-0 à la maison pour se qualifier. Il y avait beaucoup de pression avant le match, c'était fort en émotions. Les gens ont beaucoup parlé du fait qu'ils se sont fait éliminer par le Luxembourg, un petit pays qui ne s'était jamais qualifié pour l'Euro. Les gens étaient surpris de l'élimination anglaise. À l'Euro c'était ensuite une très belle expérience en Israël. Beaucoup de joueurs n'avaient pas vécu cela. L'Allemagne c'était un niveau au-dessus avec des joueurs qui connaissaient la Bundesliga, on n'a pas baissé les bras malgré la défaite (3-0). On s'est dit que c'était une expérience que l'on ne va peut-être ne plus jamais revoir dans notre vie donc il ne fallait pas lâcher malgré le score. On a fait un bon résultat contre l'Italie au dernier match où on s'est incliné seulement 1-0. On était fiers de nous et de notre parcours.

«Avec les talents qu'on a en équipe nationale avec de grands joueurs qui jouent dans de grands championnats, on peut se mesurer à la Turquie et faire de très bons résultats.»

FM : cette qualification historique pour l'Euro U17 confirme une vraie évolution du Luxembourg qui n'est plus regardé comme une petite nation comme Malte, Andorre, Liechtenstein ou Saint-Marin. Vous avez posé des problèmes à la Turquie en Ligue des Nations dans la Ligue C et vous avez terminé à la deuxième place ...

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SI : oui on le voit, même au niveau du championnat où ça a beaucoup évolué depuis 5-10 ans. Ce n'est plus le Luxembourg qui joue les bas de tableau. Avec les talents qu'on a en équipe nationale avec de grands joueurs qui jouent dans de grands championnats, on peut se mesurer à la Turquie et faire de très bons résultats. On mérite cette deuxième place, on travaille énormément avec l'arrivée de beaucoup de jeunes joueurs dans la sélection.

FM : on retrouve pas mal de talents luxembourgeois en Bundesliga, du côté de Mayence ou du Borussia Mönchengladbach, vous vous inscrivez dans cette nouvelle génération luxembourgeoise symbolisée par Vincent Thill il y a quelques années ...

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SI : oui, le Luxembourg depuis quelques années il y a de plus en plus de jeunes talents qui sont mis à l'avant. Le sélectionneur donne beaucoup confiance aux jeunes et sélectionne beaucoup de jeunes. Il leur donne de la confiance à l'image d'un Yvandro Borges Sanches qui joue en pro à Gladbach. Il y a beaucoup plus de jeunes qui commencent à se montrer et c'est très bien pour l'équipe.

«Dans quelques années, le Luxembourg se qualifiera pour une compétition, je suis sûr et certain !»

FM : voir le Luxembourg se qualifier dans les années à venir semble de plus en plus envisageable notamment avec un Euro à 24 équipes. Est-ce qu'on y croit de plus en plus au Luxembourg ?

SI : oui c'est le but, c'est l'objectif de se qualifier pour la Coupe du monde, l'Euro, peu importe, toutes les compétitions possibles. C'est de plus en plus probable, on est sur le bon chemin pour se qualifier. De mon point de vue, on est capable de le faire et on va le faire. Si on continue comme ça avec d'aussi bons résultats et cette mentalité, on va sûrement réussir à y arriver. Ici, il y a un énorme soutien autour de la sélection, ce qui est bien pour un petit pays comme le Luxembourg. Dans quelques années, le Luxembourg se qualifiera pour une compétition, je suis sûr et certain.

FM : est-ce que vous sentez un groupe sûr de ses forces ?

SI : oui je suis arrivé en juin après l'Euro; je suis arrivé tout de suite avec Fabio Lohei (FC Metz ndlr). J'ai vu un très bon groupe, très accueillant. Notre jeune âge ne veut rien dire même pour les plus âgés, ils aident énormément pour intégrer les jeunes, rien à dire.

«J'étais un peu surpris, car je n'avais pas beaucoup d'expérience en professionnel.»

FM : vous n'avez pas eu d'appréhension de découvrir la sélection si jeune (seul 2005 à figurer dans une sélection nationale ndlr) ?

SI : non alors certes c'est vraiment tôt à 17 ans d'être sélectionné. Mon travail fourni la sélection dernière a payé, le coach me l'a dit et a dit la même chose pour Fabio Lohei. On a fait une bonne saison en club tous les deux ainsi qu'à l'Euro. Il nous a sélectionnés pour qu'on voit comment ça fait d'évoluer avec des professionnels afin de s'améliorer et voir ce qu'on peut faire de plus. Quand je suis en sélection, je prends exemple sur Dirk Carlson ou Maxime Chanot qui sont des joueurs qui sont d'un profil proche du mien. Maxime Chanot a beaucoup de vécu dans le football et j'apprends énormément.

FM : le timing ne vous a pas surpris ?

SI : j'étais un peu surpris, car je n'avais pas beaucoup d'expérience en professionnel. Je me suis très vite habitué à l'intensité des entraînements donc ça a été. Mais oui j'étais surpris, je m'attendais à ce qui arrive plutôt un ou deux ans plus tard donc je suis très ravi.

FM : après la trêve internationale de juin, vous vous êtes blessé au genou en préparation. Comment s'est passée cette épreuve ?

SI : à la troisième semaine de préparation, je me suis fait une rupture du ligament interne au genou en plein entraînement dans un contact. C'était un moment dur, car j'étais en forme et dans une bonne dynamique. La blessure était difficile au début et je remercie le club et la sélection nationale qui m'ont vite pris en charge pour la rééducation du début à la fin. J'étais très bien entouré et je suis vite revenu. J'ai beaucoup travaillé pour récupérer et j'ai notamment été avec Olivier Thill pour la rééducation. Il s'est fait opéré, pas moi, mais on a fait la récupération à deux et c'était plus simple mentalement. D'avoir un joueur que je connais à mes côtés et c'était plus simple de travailler à deux ensemble. Le genou va bien, je n'ai plus de douleur. J'ai rejoué en club avec un match de coupe où j'ai disputé 90 minutes il y a deux semaines et j'ai fait des amicaux avec les U19 du Luxembourg. Ça m'a fait du bien pour retrouver des sensations. Là je suis prêt, j'ai retrouvé le rythme. J'ai fait les tests, tout est positif, le genou est rétabli.

«Le leadership et la communication, c'est un de mes points forts. Je n'ai pas de souci avec ça et même avec la A.»

FM : en tant que défenseur central d'une sélection comme le Luxembourg qui est amené à souffrir contre les grosses sélections, comment cela influence votre manière de défendre ?

SI : avec la A je n'ai fait que 15 minutes donc je ne peux pas vraiment dire. Quand je suis rentré, on avait une grosse possession et on essayait d'aller chercher le 3-2 contre les Îles Féroé donc on était très porté sur l'avant. En regardant les matches du banc, c'est vrai qu'il faut beaucoup défendre contre une formation comme la Turquie. Avec les U17 lors de l'Euro, on défendait beaucoup contre l'Allemagne et l'Italie, que ce soit moi ou ceux qui étaient à mes côtés en défense, on indiquait ceux qui étaient devant nous. C'est-à-dire qu'on guidait comment on allait défendre de l'arrière et on l'a très bien fait malgré les scores. La différence s'est faite sur la différence individuelle. On a fait notre maximum et quand on reste concentré 90 minutes avec volonté c'est le plus important. Quand tu es défenseur, tu as la vision devant toi et une grosse concentration est demandée donc tu es très sollicité. Le leadership et la communication, c'est un de mes points forts. Je n'ai pas de souci avec ça et même avec la A. La communication c'est très important, surtout dans des matches comme ça où tu dois donner des indications pour aider les milieux afin qu'ils réalisent moins de courses inutiles et qu'ils se fatiguent moins pour être plus efficaces.

FM : qu'est-ce que ça fait de disputer une trêve internationale alors que tout le monde est rivé sur la Coupe du monde ?

SI : c'est un plaisir, car on joue deux jolis matches juste avant le début de la Coupe du monde (jeudi 17 novembre et dimanche 20 novembre). Il sera donc possible de suivre nos matches juste avant la compétition vu qu'elle débute dimanche. Notre match contre la Bulgarie aura lieu ce dimanche à 15h alors que le match d'ouverture de la Coupe du monde se tiendra à 17h. Je le vis normalement, ce n'est pas un gros changement, c'est comme de la Ligue des Nations ou des éliminatoires de Coupe du monde.

FM : en tant que joueur, est-ce qu'il y a des joueurs qui vous ont servi de modèle ?

SI : j'ai beaucoup de modèles. Niveau rage, niveau envie de gagner c'est plutôt Marquinhos, car il a la rage et ça j'aime bien. Ça m'arrive de célébrer des interventions défensives comme à l'Euro U17 ou en qualifications contre l'Angleterre où j'ai réalisé deux interventions sur la ligne. J'aime cette adrénaline. Niveau jeu, j'aime aussi Presnel Kimpembe et son pied gauche. J'adore le regarder pour ses qualités dans les duels et dans sa relance.

«Que ce soit dans 7 ou 8 ans, j'aimerais jouer avec la sélection une grande compétition !»

FM : pour votre avenir, vous avez des objectifs précis pour la suite en club ?

SI : je suis encore au Luxembourg au Progrès Niederkorn et j'entends continuer de travailler comme actuellement. J'aimerais bien partir à l'étranger dans un centre de formation pour deux années vu que j'ai encore 17 ans. C'est mon prochain objectif de partir à l'étranger et finir dans un club professionnel. C'est à moi de revenir et de montrer mes qualités et après on verra ce que ça donnera lors des prochains mercatos. Plusieurs championnats me plaisent comme la Belgique, l'Allemagne et les Pays-Bas. Si je regarde le niveau physique et agressivité, je me dirigerais vers l'Allemagne. Si je regarde la relance, ce serait plus les Pays-Bas ou le Portugal. Tactiquement ce serait plus l'Italie. Cela dépendra des propositions et de ce que je souhaite améliorer dans mon jeu. Mon agent s'occupera de ça, je me concentre sur mon football.

FM : ... et avec le Luxembourg ?

SI : c'est ma deuxième convocation, je souhaite m'intégrer encore plus et prendre place dans cette équipe. Je suis jeune, j'ai le temps. Si le coach ne m'appelle pas en mars, ce ne sera pas une déception, car je le comprendrais vu que je suis très jeune et j'aurais la possibilité d'évoluer avec les U19. S'il ne m'appelle pas la prochaine fois, j'aurais la possibilité de quand même m'exprimer et s'il m'appelle ce sera de nouveau un grand plaisir. L'Euro que j'ai vécu avec les U17 me donne évidemment envie de revivre cela avec les A, que ce soit l'Euro ou la Coupe du monde, que ce soit dans 7 ou 8 ans, j'aimerais jouer avec la sélection une grande compétition.

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