Lorient : Gourcuff analyse la fonction d’entraîneur et décrypte sa propre méthode

Déjà plus de 30 ans, que Christian Gourcuff entraîne. Inutile de dire que l'actuel coach de Lorient a du vécu, et a forcément un avis à donner lorsqu'il s'agit d'analyser l'évolution du football et de son métier. Un avis qu'a récolté L’Équipe à travers une longue interview. Un avis qui apparaît clair, une fois la lecture terminée : cette évolution, coach Gourcuff semble la regretter. « Autour de nous, on entend dire que l'entraînement n'est pas le plus important, que l'important c'est la communication. On est dans un monde de com. Ce sont les dirigeants qui disent cela, les médias, et donc le public aussi. Mais nous on est influencé par la façon dont on est jugé. J'ai rencontré des problèmes avec la direction du club. Je sens bien que dans la façon de diriger un club, il y a une rupture. »

Gourcuff déplore donc le surplus de communication, et voit parallèlement, dans l'analyse de l'évolution de sa propre fonction, une part plus grande accordée à la tactique ainsi qu'un naturel changement de mentalité chez les joueurs. Quoi qu'il en soit, il reste fidèle à ses préceptes, ceux qu'il exposait déjà à ses débuts, lorsqu'il déclarait « que la recherche du résultat à tout prix, c'est la mort du football. » Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, si le quotidien sportif a choisi de retenir de cette interview, en premier lieu, une déclaration tout à fait similaire : « la culture de la gagne, je crois que c'est une escroquerie. »

Gourcuff s'en est expliqué, prônant le jeu plutôt que le résultat. « Je ne pense pas qu’on puisse avoir des résultats de façon durable si le seul objectif est de gagner. Vouloir gagner, évidemment, ça fait partie de la compétition, mais ce sont les moyens pour arriver qui sont les fondements du sport : l’épanouissement, le plaisir, la progression du joueur. La progression amène les résultats naturellement. Le Barça a été l’illustration complète de cela. On ne peut pas opposer la manière au résultat. Ce ne sont pas les esthètes qui sont contre les résultats, ce sont les arrivistes qui sont contre la manière. » La manière, au centre du discours de l'entraîneur breton. Lequel, après avoir pointé l'importance du caractère « cadré » des causeries aux joueurs et de la variété des exercices à l'entraînement, le ressort de nouveau à l'heure d'évoquer ses motivations.

« Ma motivation, c’est la recherche de la qualité de l’expression de l’équipe. (…) Gagner les matches, c’est aussi un objectif. Mais la victoire est pour moi une conséquence. En revanche, quand l’équipe produit un football de qualité, c’est formidable. Lors de la première montée de Lorient, en 1998, toute la semaine, il y avait une qualité de travail, une implication, du plaisir qui se prolongeait le weekend. Il y avait eu cohérence entre ce qu’on fait la semaine et la traduction de ce travail dans le match. Le mot « cohérence », c’est bien. » Pas lassé par sa fonction, Christian Gourcuff, 58 ans, n'en a pas fini avec le football. À Lorient ou pas, et victoires ou pas, soyons sûr qu'il sera toujours en quête d'une certaine qualité de jeu.