Helena Costa, la femme qui casse les codes dans le football masculin

Passée éphémèrement sur le banc du Clermont Foot il y a 10 ans, Helena Costa a su donner un autre sens à sa carrière. Après de récentes expériences à l’Eintracht Francfort et Watford, comme scout et chief scout, la Portugaise de 46 ans vient d’être nommée directrice sportive d’Estoril, club de première division portugaise. Un joli pied de nez aux stéréotypes.

Par Jordan Pardon
3 min.
Helena Costa @Maxppp

Elle a été il y a 10 ans la première femme susceptible d’entraîner une équipe professionnelle masculine lorsque Clermont (L2) avait fait le pari de miser sur elle. Mais à l’époque, l’annonce avait été suivie du renoncement pour Helena Costa. «Le directeur technique de l’époque (Olivier Chavanon) ne m’avait pas facilité la vie. Il m’avait un peu bloquée, boycottée, dirais-je. On m’a manqué de respect. Cette expérience a été très difficile à vivre», retrace celle qui avait mis un terme à sa collaboration avec le CF63 seulement un mois après son arrivée. Si cet épisode aurait pu avoir une influence néfaste sur la suite de sa carrière, la quarantenaire a su prendre le taureau par les cornes pour rebondir. «C’est du passé», sourit-elle, sans rancune. Et par la force des choses, sa trajectoire lui donne aujourd’hui raison, tout comme à son représentant Nabil Hantout.

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En 10 ans, Helena Costa a vécu des instants de gloire que la petite gamine d’Alhandra n’aurait sûrement jamais soupçonnés, comme ce sacre en Ligue Europa avec l’Eintracht Francfort, en 2022, le climax de sa carrière. «C’est difficile de retenir un seul moment fort de ma carrière. Il y a ma première expérience comme entraîneure, la première comme professionnelle en tant que sélectionneuse du Qatar, et évidemment le titre en Ligue Europa à Francfort face au Glasgow Rangers (elle a d’ailleurs travaillé au Celtic Glasgow, le rival historique ndlr), où j’étais scout. C’est probablement l’expérience la plus impactante. » Plus loin que ses compétences, ce sont cette curiosité et cette envie profonde de faire bouger les lignes, sans se préoccuper des stéréotypes et des on-dit, qui lui ont permis d’élargir ses repères au gré d’expériences plus riches les unes que les autres.

Elle est devenue la première directrice sportive d’un club de D1 chez les hommes

Major de promo de sa FAC de sciences et de sports à la fin des années 90, Helena Costa écume ensuite les différentes équipes de jeunes de Benfica, des U10 aux U17, entre 1998 et 2010. Elle endosse par la suite une double casquette de sélectionneur-recruteuse, au Qatar, puis en Iran. Quelque part, elle y fait aussi figure d’éclaireuse, souhaitant offrir aux jeunes femmes l’opportunité de s’émanciper à travers le football. «Quand je suis arrivée, personne ne savait qu’il existait une sélection féminine au Qatar. Je vais tous les jours dans les écoles et les universités pour recruter des joueuses», expliquait-elle en 2011. S’affranchir des limites fixées, c’est le mantra qu’elle défend depuis le début de sa carrière, car pour elle, les places existent, et pour tout le monde.

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«C’est vrai que j’ai été un peu une pionnière dans le football masculin avec ce passage à Clermont. Ouvrir des portes aux femmes est très important. Et je pense que j’ai à chaque fois été prise pour mes compétences, comme un médecin ou un dirigeant. Mais on peut encore plus promouvoir le football féminin », estime celle qui vient d’être nommée directrice sportive du club d’Estoril, 12e de première division portugaise et où évoluent certains visages bien connus du football français, comme Eliaquim Mangala ou l’ex-Lillois Xeka. Elle est d’ailleurs la première femme au monde à occuper ce poste dans le football professionnel masculin. Selon nos informations, de nombreux projets féminins lui ont été soumis ces dernières semaines, comme celui de prendre les rênes de la sélection algérienne féminine. Mais l’ancienne entraîneure de Clermont avait les dents longues et souhaitait aller voir plus haut. «Idéalement, je veux entraîner une équipe masculine ou trouver un poste de directrice sportive», nous confiait-elle récemment. Le destin l’a servie.

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