OM : qui êtes-vous monsieur Paul Aldridge ?
Débarqué à l'Olympique de Marseille il y a plus de six mois, Paul Aldridge travaille toujours pour l'OM sans qu'on ne sache réellement ce qu'il y fait. De ses passages dans les clubs anglais au seul club victorieux - pour l'instant - de la C1, voici l'histoire de l'ancien président de West Ham.

En janvier dernier, malgré une position de dauphin du Paris Saint-Germain en Ligue 1, l'Olympique de Marseille est dans une tempête. En cause ? La nomination d'un certain Paul Aldridge comme conseiller du président Jacques-Henri Eyraud. Estimant les prérogatives rognées d'Andoni Zubizarreta, le directeur sportif de l'époque, André Villas-Boas, entraîneur et proche de l'Espagnol, sort la sulfateuse en conférence de presse : « c'est une décision prise par Jacques-Henri que je viens de connaître via Andoni, la semaine dernière. Lui l'a connue le 30 décembre, c'est à lui de répondre et à Jacques-Henri de dire le pourquoi du comment de cette décision. C'est ta compétitivité sportive qui donne les possibilités, ce n'est pas en mettant un agent. C'est à Jacques-Henri d'expliquer. J'ai pris la décision avec surprise, mais c'est une question d'organigramme du club. Je ne veux pas trop commenter. Si ça va aider l'OM à survivre économiquement ? Je comprends un peu cette décision parce que cette année, l'aspect économique est au-dessus de l'aspect sportif. Pour moi, le plus important est de retenir le groupe et atteindre les objectifs du club que je me suis proposé à obtenir, c'est-à-dire la qualification en Champions League. Cela ne m'était pas obligé, au contraire. C'est seulement par rapport à la qualité du club que j'ai pris cet objectif personnel. Je suis venu ici pour la grandeur du club et pour Andoni. Mon futur est intimement lié à son futur. Sur le point de vue sportif, on a fait quelque chose en six mois qui a donné la stabilité à un des clubs les plus instables du monde sur un point de vue émotionnel. Si on a réussi, c'est grâce à la stabilité sportive et émotionnelle du club. J'espère que Paul va porter les consignes que Jacques-Henri veut pour le développement de la fan expérience ».
Le président décide alors de communiquer et d'établir, en quelque sorte, les fonctions de l'Anglais. « Il a une large expérience de dirigeant au plus haut niveau dans le football anglais, un réseau et c'est quelqu'un dont l'éthique est totale. Il va nous aider sur le marché des transferts, mais pas seulement. Il nous apportera son savoir-faire et ses conseils sur le fonctionnement du club, les infrastructures et l'accueil des supporters », explique JHE.
Aucun départ pour l'heure à Marseille
Plus de sept mois après cette sortie médiatique, le rôle de l'ancien de West Ham reste très flou. Il n'y a eu, en hiver, aucun départ de joueurs pour l'Angleterre et, même si le mercato est particulier suite à la pandémie de coronavirus qui a sévi sur le globe, toujours rien cet été alors que l'OM a enregistré l'arrivée de Pape Gueye (libre) et de Leonardo Balerdi (prêt avec option d'achat de 15 M€ en provenance du Borussia Dortmund).
En ce moment, les rumeurs de vente du club sont tenaces. Et vu le passé d'Aldridge, couplé au travail tout aussi flou de Garry Cook - qui a terminé sa mystérieuse mission de conseil - auprès de Frank McCourt, elles ne cessent de courir. Il faut dire que le parcours d'Aldridge est surprenant. Il n'a pas arrêté de prendre des postes et quasiment à chaque fois qu'il était dans les parages, il s'est passé quelque chose de particulier, en bien ou en mal.
Il a fait le tour de l'Angleterre
Des rôles exécutifs, Paul Aldridge en a eu quelques-uns. Pendant dix années, il a été directeur général de West Ham. En 2006, le club a été vendu à un consortium mené par un homme d'affaires Islandais Bjorgolfur Gudmundsson. Ce qui le pousse à plier bagage. Mais il rebondit vite puisqu'il devient à nouveau directeur général de Leicester, où la situation est pénible puisque le propriétaire, Milan Mandaric, fait face à des accusations de corruption. Il ne reste qu'une année et file à Manchester City, pour être directeur général adjoint (2008-2009). En 2008, un an après son acquisition du club, Thaksin Shinawatra, se retrouve en difficulté financière et le club en position très précaire. C'est l'été de cette année-là que l'Abu Dhabi United Group rachète les Citizens. Paul Aldridge sert à faire l'interface entre les anciens et les nouveaux propriétaires.
Deux ans plus tard, en 2011, il devient directeur général de Sheffield Wednesday, club qui avait alors connu grosses difficultés financières avant d'être racheté par... Milan Mandaric. En 2014, le club a un nouveau propriétaire, Dejphon Chansiri, un homme d'affaires thaïlandais. Aldridge semble une nouvelle fois faire une transition avant de s'en aller en 2015, un an plus tard donc. Mais l'homme est quelqu'un qui aime les défis. En 2016, il devient conseiller du board de Bolton, les Wanderers venant d'être relégués en League One. Il restera trois années, ne pouvant empêcher les déboires de la formation britannique, qui descendra cette saison en League Two, alors qu'il a rejoint l'OM en fin d'année 2019.
Impliqué dans les étonnants transferts de West Ham
Son passage à Bolton, aux côtés du président Ken Anderson, personnage lui aussi controversé, n'avait pas laissé un énorme souvenir du côté du Reebook Stadium. «Ken Anderson n'a jamais mis un rond dans le club. Il ne cherchait qu'à faire du profit, qu'à vendre des jeunes du centre de formation... Ensuite, le club est parti en faillite, redressement administratif... Paul Aldridge, je l'ai côtoyé quelques fois, quand le groupe avait des problèmes de paiement de salaires notamment. C'était lui qui était le relais entre le président et nous. Comment dire ? On le voyait, il ne parlait pas... Je ne sais même pas ce qu'il faisait au club. Peut-être directeur sportif ? On ne nous l'a jamais présenté. Son rôle était très flou», nous a confié un joueur l'ayant connu chez les Wanderers. Pas de quoi améliorer une réputation déjà sacrément entamée depuis une énorme polémique lors de son passage chez les Hammers. Il avait alors directement été mis en cause dans l'affaire Carlos Tévez-Javier Mascherano lors de leurs arrivées en provenance du Corinthians en 2006. Il avait alors été accusé de dissimuler des informations à la Premier League lors de l'inscription des deux internationaux argentins. Une affaire liée à la tierce-propriété, pratique interdite depuis par la FIFA, qui avait coûté 26 M€ aux Londoniens entre amendes et compensations...
Mais il est temps, après ce petit récapitulatif, d'en arriver aux faits. Toutes les personnes que nous avons contactées à son sujet outre-Manche nous ont dépeint un individu émanant de l'industrie du spectacle, plus expert dans les cessions de clubs que dans la vente de joueurs, qui seraient a priori, en partie, ses attributions à l'Olympique de Marseille. C'est d'ailleurs ce qu'a récemment expliqué, en conférence de presse, le nouveau Head of Football de l'OM Pablo Longoria.
Longoria communique avec lui
« J'ai parlé ces derniers jours avec lui. Il est un actif du club. Il est en Angleterre pour aider l'OM à vendre des joueurs et avoir plus d'infos sur le marché en Angleterre. Dans ma position de directeur du football, j'ai des contacts avec des directeurs du football en Angleterre, des chefs de scouting, beaucoup d'opérateurs du mercato. Paul, en tant qu'ancien CEO de West Ham, a aussi beaucoup de contacts avec des présidents et des propriétaires. On doit travailler en grande coordination pour dominer le marché et prendre les meilleures décisions pour ce club. Il faut voir son rôle comme celui d'un conseiller qui va nous aider à prendre des décisions et, surtout, à avoir plus d'informations sur le marché en Angleterre », a expliqué l'Espagnol.
Par conséquent, nous nous sommes intéressés aux joueurs à vendre cet été et surtout ceux qui pourraient débarquer en Angleterre. Selon nos informations, aucun des éléments annoncés vers l'Angleterre n'a eu de contacts avec Paul Aldridge. Les discussions se font directement entre les entourages et l'entraîneur de l'OM, André Villas-Boas, et le président, Jacques-Henri Eyraud. Alors, à quoi peut bien servir Paul Aldridge ?
Certaines primes sur des ventes
Toujours d'après nos informations, le Britannique a des primes d'intéressements sur certains transferts dans son contrat qui le lie à l'Olympique de Marseille en plus d’un salaire de 13 000 livres en tant que conseiller du président. Mais, ces primes existent seulement sur certains joueurs. C'est le cas notamment de Kevin Strootman, poussé vers la sortie déjà l'été dernier et qui aura du mal à trouver un joli point de chute avec son salaire astronomique (500 000 euros par mois). « C'est plus une sorte de commercial qu'un agent de joueur. Il est dans les opérations financières, il apporte des fonds pour les clubs du type vente. Ce n'est pas sa spécialité de faire des deals de joueurs ou de discuter avec des agents », nous a avancé un agent britannique bien au fait des us et coutumes du marché anglais et européen.
Joint par nos soins, Paul Aldridge nous a confirmé être toujours en poste à l'Olympique de Marseille mais a précisé qu'il n'était pas présent physiquement dans la cité phocéenne. En outre, il nous a aussi été expliqué que les deux parties s'étaient mises d'accord afin de ne pas plus communiquer aux médias sur leurs projets communs. Cette histoire est donc quand même assez loin d'être résolue...