La situation se crispe au FC Nantes

Par Maxime Barbaud
4 min.
Antoine Koumbouaré sur le banc de La Beaujoire @Maxppp

Les déclarations chocs de Kombouaré sur le faible niveau des jeunes issu du centre de formation du FC Nantes ont perturbé en interne. Elles illustrent pourtant une politique illisible du club en la matière.

À Nantes, on devrait avoir le sourire. 10e de Ligue 1 après 13 journées, l'objectif maintien semble bien parti pour être atteint après une saison dernière galère. Il avait fallu une double confrontation couperet contre Toulouse en barrage pour se sauver de la relégation. Antoine Kombouaré avait réussi sa "mission commando", lui qui avait succédé à Christian Gourcuff, Patrick Collot, puis Raymond Domenech sur le banc de touche. Jamais avare de bons mots tournant autour du champ lexical du combat, de l'envie, de la motivation, l'entraîneur kanak est connu pour être quelqu'un d'assez frontal. Le héros du maintien l'a une nouvelle fois montré en conférence de presse la semaine dernière, critiquant en toute franchise le niveau des jeunes sortant du centre de formation.

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«Ils sont loin, constatait-il. Ils sont dans le groupe professionnel donc ils s’entraînent tous les jours. Ils progressent et tous les jours ils apprennent mais vous avez vu. Ils sont derrière des joueurs comme Marcus Coco, Coulibaly. Il y a du monde devant. Abdoulaye Sylla (défenseur central, aucun match joué), il a en face de lui Pallois, Castelletto, Girotto. Oui, c’est inquiétant et embêtant mais c’est comme ça. Aujourd’hui, on recrute. Les joueurs qui viennent de l’extérieur sont bons et meilleurs que les jeunes du centre de formation. Forcément, c’est plus dur pour eux».

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Les propos de Kombouaré passent mal

Ces propos ont le mérite d'être transparents et pas habituels dans un milieu où les discours lisses sont légion. Ils ont aussi de quoi choquer et même décourager les principaux intéressés. Les Quentin Merlin (19 ans), Abdoulaye Sylla (21 ans), Gor Manvelyan (19 ans), Mohamed Achi (19 ans), Yannis M’Bemba (19 ans) et Santiago Eneme Bocari (21 ans) s'entraînent régulièrement avec l'équipe première avant de jouer pour certains en National 2 les week-ends ou d'être convoqués pour la Ligue 1, mais en restant sur le banc la plupart du temps. C'est bien peu et surtout, le fossé se creuse entre Kombouaré et le centre de formation.

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Avec les départs d'Imran Louza à Watford et d'Abdoulaye Touré au Genoa cet été, Randal Kolo Muani demeure le seul joueur issu au club dans le onze titulaire d'Antoine Kombouaré. «Je ne les oublie pas car j’ai fait le choix de les faire monter dans le groupe pro​. Ils progressent bien, mais les places sont chères en équipe première. Et les points sont très, très chers. Donc je m’appuie sur les meilleurs pour l’instant», tempérait-il après cette fameuse conférence de presse, sans doute conscient d'être allé un peu loin.

Les jeunes hésitent à rester à Nantes

Surtout qu'il y a quelques éléments en situation d'échec au club comme Charles Traoré ou Renaud Edmond mais le mal est fait. D'après Ouest France, ces déclarations ont surpris la direction mais cette dernière ne fait pas grand-chose pour mettre en valeur la formation, qui a longtemps fait partie de l'identité nantaise. Mohamed Achi, appelé en équipe de France U20, Joe-Loïc Affamah, Robin Voisine et Lohann Doucet, quatre jeunes éléments de la générations 2002, sont en négociations pour signer leur premier contrat professionnel mais face au faible temps de jeu offert aux jeunes et à cette sortie médiatique, certains hésitent.

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Les formateurs ont également très mal pris les propos de Kombouaré. Ils lui reprochent en plus de n'avoir aucun contact avec eux. Il ne vient jamais voir les jeunes. C'est même son adjoint Yves Bertucci qui fait le lien. «Mais, Kombouaré, ce n’est pas le problème. Le souci, c’est qu’il n’y a aucune politique claire dans ce club, et depuis des années», regrette un agent à RMC, estimant que c'est une manière pour l'entraîneur des Canaris de faire part de ses besoins au mercato cet hiver quand les Traoré, Simon, Castelletto, Coulibaly seront retenus par la Coupe d'Afrique des Nations. «Lui, il est là pour gagner des matchs et a une vision court-termiste.»

Le cas Batista Mendy, illustration d'une politique douteuse avec le centre de formation

Les joueurs professionnels semblent quant à eux bien loin de tout ça, même si les déclarations de Kombouaré ont pu en surprendre quelques-uns comme Ludovic Blas. «Un petit peu sous le choc. Mais c’est son ressenti, ce sont aux jeunes de montrer que le coach se trompe, tout simplement. Le coach est très franc, il est proche de ses joueurs. S’il a quelque chose à dire, il le dit. On a vu ça dans la presse, on n’en a pas vraiment parlé dans le vestiaire», confiait sur RMC ce jeudi soir le milieu de terrain, l'un des meilleurs joueurs du club depuis le début de la saison. Cela a pourtant des incidences, même parfois indirectes.

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Le cas de Batista Mendy est encore dans les mémoires à la Jonelière. Le milieu de terrain de 21 ans avait refusé de prolonger le contrat qui le liait à son club formateur en l'absence d'une offre satisfaisante et d'un projet clair. Il a fini par s'en aller l'été dernier gratuitement chez le rival angevin, où il s'éclate. Des conflits avaient eu lieu sur le cas Mendy entre Stéphane Ziani, entraîneur alors des U19, et Christian Gourcuff l'an passé. Entre ça, les conflits avec les supporters, la mairie de Nantes, la métropole de Nantes, l'échec du projet YelloPark, le FC Nantes n'est décidément pas un club dirigé comme les autres.

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