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OM, Bilal Nadir : « la concurrence, ça ne peut que me faire progresser »

Gravement blessé il y a un an, Bilal Nadir bénéficie de la confiance de Roberto De Zerbi qui n’hésite pas à le faire jouer au milieu de terrain malgré une concurrence accrue. Le jeune milieu de terrain de 21 ans a choisi Foot Mercato pour délivrer sa première interview dans les médias. Son arrivée à Marseille en provenance de Nice, sa grave blessure, Roberto De Zerbi, Medhi Benatia, le mercato hivernal du club phocéen, sa relation avec les supporters, le n°26 de l’OM, qui a déjà disputé 9 matches cette saison, se dévoile. Rencontre avec un jeune joueur entier et plein de promesses…

Par Sebastien Denis
15 min.
Bilal Nadir en action avec l'OM @Maxppp

Foot Mercato : Bilal, 2025, ça commence sacrément mieux que l’année 2024, qui a été très compliquée. Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?

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Bilal Nadir : c’est sûr que ça ne peut que mieux commencer que 2024. Quand on regarde il y a un an en arrière, je sortais sur civière face à Rennes en Coupe de France après une grave blessure. Donc forcément, commencer cette année 2025 avec une titularisation et un but, et par la suite enchaîner avec pas mal de temps de jeu, c’est quelque chose que je n’attendais pas forcément. Donc, là, ça démarre beaucoup mieux pour moi.

FM : justement, en janvier 2024, vous montez en puissance, vous commencez à avoir du temps de jeu. Et là, cette blessure arrive au pire moment. Qu’est-ce que vous vous dites à ce moment-là quand vous sortez du terrain sur civière ? J’imagine que vous avez dû passer par beaucoup d’émotions. Est-ce que vous avez eu peur pour la suite ?

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BN : oui, sur le coup, ça fait mal. Je prends un coup au moral, dans le sens où je n’avais pas joué auparavant. Là, c’était vraiment la période où je commençais à connaître le haut niveau. Quand je me blesse, la première chose que je me dis, c’est combien de temps ça va durer ? Comment vais-je faire pour revenir ? Est-ce qu’on va toujours me voir de la même façon ? En tout cas, il y a des doutes, ça, c’est sûr et certain. Mais la première des choses que je me suis dit, c’était qu’il fallait bien revenir, faire attention à tous les éléments extérieurs, même ma convalescence, ma rééducation, pour mieux revenir. C’était vraiment la première des choses.

FM : on sent qu’aussi le club et les joueurs vous ont beaucoup soutenu. Ils ont porté votre maillot après un but marqué le match suivant votre blessure. Forcément, ça doit donner de la force…

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BN : forcément, ça, c’est un geste qui touche. Quand tu regardes le match, c’est compliqué de regarder les coéquipiers de loin, sachant qu’on va être écarté pendant un long moment. Alors, quand il y a ce type de geste là, ça fait plaisir.

FM : durant cette convalescence, est-ce qu’il y a eu des moments plus difficiles que d’autres ?

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BN : oui, bien sûr. On sait tous que les croisés, c’est une longue blessure, que c’est entre 6 à 8 mois d’arrêt, voire un peu plus pour diverses complications. Mais il n’y a pas forcément de temps donné. Moi, personnellement, j’ai connu, oui, un peu de complications. Donc, ça a mis un peu plus de temps. Mais au final, c’était un mal pour un bien puisque le temps supplémentaire que j’ai pris m’a servi parce qu’il ne fallait pas vraiment se précipiter pour revenir. Donc, j’ai préféré prendre mon temps, revenir un peu plus tard. J’ai pris à peu près 10 mois. Et au final, ça s’est bien passé, même s’il y a eu des hauts et des bas, que ce soit sur le plan mental, mais aussi avec le genou, qui gonflait pas mal.

FM : aujourd’hui, quand vous voyez le chemin parcouru depuis que vous êtes partis de Nice pour rejoindre à Marseille, il s’est quand même passé beaucoup de choses. Est-ce que c’était une trajectoire que vous aviez en tête ou est-ce que finalement, ça va au-delà de vos espérances ?

BN : au-delà de mes espérances, je ne dirais pas ça, parce qu’on reste des compétiteurs et qu’on veut tous réaliser nos rêves. Donc, si j’ai signé à l’Olympique de Marseille en venant de Nice, c’était pour venir et jouer ici, dans ce club mythique. Certes, à mes débuts ici, ce n’était pas forcément ce que j’attendais, dans le sens où quand je suis arrivé, j’ai connu pas mal de complications. Mais ce n’est pas une surprise, dans le sens où je suis conscient quand même de mes qualités.

FM : vous êtes arrivé avec Salim Ben Seghir à l’époque. Finalement, vous avez eu des trajectoires qui sont assez différentes. Est-ce que vous avez gardé le contact avec lui ?

BN : oui, bien sûr. Salim, c’est un joueur avec qui j’ai passé toute ma préformation à l’OGC Nice et deux années ici à Marseille. C’est forcément quelqu’un avec qui j’ai partagé pas mal de choses. Les trajectoires, maintenant, sont différentes. Il a eu des prêts, il a eu un transfert en Suisse (à Neuchâtel Xamax, NDLR). Le plus important, c’est qu’il soit épanoui. Moi, derrière, j’ai eu des moments un peu plus compliqués ici dans le club, plus de doutes. En tout cas, je lui souhaite aussi de connaître ce bonheur-là, peu importe où il est.

«Jouer à l’OM demande beaucoup d’exigences, tant sur le plan mental, que sur le plan technique»

FM : pour revenir un peu aux jeunes et à la formation, depuis le début de saison, on a vu Robinio Vaz, Sternal et Bakola avoir du temps de jeu. Aujourd’hui, l’OM est en tête des clubs du top 5 européen des clubs qui a lancé le plus de jeunes nés en 2007, avec le Barça. Est-ce que vous trouvez, vous, qui êtes là depuis un petit moment, que c’est plus facile de percer à l’OM actuellement ?

BN : facile, je ne dirais pas ça. Parce que pour jouer à l’Olympique de Marseille, ce n’est pas donné à tout le monde. C’est un club qui demande beaucoup au niveau des exigences, tant sur le plan mental, que sur le plan technique. Mais ces jeunes-là, s’ils sont là, c’est qu’ils ont tout fait pour y être. Ce sont de jeunes joueurs talentueux et qui travaillent. Aujourd’hui, non, ce n’est pas plus facile, mais ils se sont donnés les moyens d’arriver là. Maintenant, on a aussi le coach, le directeur sportif Medhi Benatia, avec le président Pablo Longoria, Fabrizio Ravanelli et tout le staff, qui ont le même discours de vouloir donner leur chance aux jeunes en équipe première s’ils le méritent. Je pense que c’est aussi ça qui est encourageant.

FM : justement, pour parler de Medhi Benatia, on sent qu’il est très proche avec les joueurs de l’effectif. On le voit à la fin des matchs, il y a beaucoup de proximité. Quelle est votre relation avec lui ?

BN : Medhi Benatia, on le connaît tous. C’est un grand joueur. On connaît tous la carrière qu’il a eue. Il a cette proximité avec les joueurs, mais pas seulement avec les joueurs, avec le coach aussi. Il aime bien aussi nous partager les moments forts qu’il a eus dans sa carrière, son expérience. Sinon, à titre personnel, la relation qu’il a avec moi est bonne, comme elle est avec tous les autres joueurs. Il n’y a pas de traitement de faveur, il n’y a pas de statut. Vraiment, s’il a quelque chose à dire, il le dit, peu importe la personne, que ce soit positif ou négatif. C’est important et cette proximité fait du bien.

FM : pour revenir à votre cas personnel, est-ce que vous vous attendiez à bénéficier autant de la confiance de Roberto De Zerbi qui n’hésite pas à vous titulariser ou à vous faire entrer en jeu régulièrement ? On sent qu’il compte sur vous.

BN : avoir autant de temps de jeu, je ne sais pas. Comme je l’ai dit, j’ai été blessé pendant un long moment. Je n’ai pas participé à la préparation estivale. Il faut savoir que je suis revenu dans le groupe quatre mois après le début de la préparation. Quand on n’est pas à l’entraînement, on se dit qu’on ne va pas forcément entrer dans les plans du coach. Après en tant que compétiteur, ce n’est pas une surprise. Je ne vais pas dire que je m’y attendais, mais je ne désespérais pas non plus.

FM : « En l’absence d’Højbjerg, Nadir apporte des garanties, il connaît le Vélodrome et peut devenir un élément important de l’équipe», expliquait-il d’ailleurs à votre sujet, ça doit faire plaisir j’imagine ?

BN : ça fait toujours plaisir de recevoir ce type d’éloges de la part du coach, même si on sait que ne ce n’est pas une finalité. Sur ce moment-là, j’avais remplacé Pierre-Emile Højbjerg. J’avais bien répondu sur le terrain, mais on connaît tous la forte concurrence qu’il y a à l’Olympique de Marseille. J’essaie vraiment de travailler au quotidien pour satisfaire le coach, satisfaire le staff et remplir ma mission, tout simplement.

FM : d’ailleurs, on dit que le "De Zerbi ball" est particulier à assimiler notamment pour les défenseurs et les milieux de terrain. Est-ce qu’il vous conseille, prend plus de temps avec vous qu’avec les autres ou est-ce que tout le monde est logé à la même enseigne ?

BN : non, pas plus que ça. Le coach, c’est quelqu’un qui n’accorde pas de traitement de faveur, comme je l’ai dit. Vraiment, il travaille avec chaque joueur de la même façon. Il donne vraiment de sa personne. On voit que c’est un passionné. Personnellement, il me parle comme il parle avec les autres joueurs. Il n’y a pas eu de temps particulier accordé en plus pour moi, même si je suis revenu quatre mois après. Donc non, je ne peux pas dire qu’il y a eu de traitement de faveur ou de traitement particulier.

«Quand on comprend la philosophie du coach, après, ça devient plus simple, même si ça paraît compliqué»

FM : sa méthode est quand même assez particulière, est-ce que vous pensez que c’est plus compliqué qu’avec un autre coach, même si finalement, vous n’en avez pas connu 50 ?

BN : c’est une méthode qui demande pas mal de concentration, d’intelligence, c’est quelque chose de différent. On n’avait pas connu forcément ça auparavant. Donc en tant que jeune joueur, c’est formateur, certes, ça peut paraître un peu difficile à assimiler. Mais quand on comprend la philosophie du coach, après, ça devient plus simple, même si ça paraît compliqué.

FM : ce qu’on peut dire, c’est que vous lui avez bien rendu avec notamment ce premier but marqué pour votre première titularisation et en plus au Vélodrome ! Forcément, dans votre tête, ça devait être n’importe quoi !

BN : quand on regarde en arrière, j’étais blessé il y a un an et se dire qu’un an plus tard, j’ai marqué au Vélodrome contre Le Havre pour ma première titularisation en Ligue 1… T’entends ton nom scandé à Marseille, c’est quelque chose d’incroyable. Forcément, dans ma tête, je n’y croyais pas. C’est un bonheur, c’est un kiffe qui restera gravé dans ma mémoire à jamais. Un premier but avec l’OM au Vélodrome, c’est quelque chose qu’on n’oublie pas.

FM : on sent vraiment qu’aujourd’hui et à chaque match, les supporters sont vraiment derrière vous. On l’a vu encore lors les derniers matchs, il y a réellement une vraie symbiose. On sent vraiment que vous êtes poussés par le public ces dernières semaines…

BN : on connaît tous la ferveur qu’il y a à Marseille. C’est un club historique. C’est une ville qui a un lien fort avec le foot, qui a besoin de cette chaleur-là pour vivre. On le ressent au Vélodrome et pas que. C’est aussi le cas à l’extérieur. Quand ça marche comme ça, c’est kiffant. Forcément, le soutien des supporters est fondamental.

FM : vous parliez de la concurrence à Marseille. En effet, Ismaël Bennacer est arrivé. Forcément, ça va apporter encore plus de densité et de possibilités à Roberto De Zerbi. C’est quelque chose qui vous motive, qui vous donne encore l’envie de donner plus ?

BN : Ismaël est arrivé, c’est un grand joueur, top joueur, mais pas que. Il y a aussi Valentin Rongier, Pierre-Emile Højbjerg, Adrien Rabiot. Il y avait encore auparavant, Ismaël Koné. Forcément, moi, en tant que jeune joueur, ça me fait plaisir de côtoyer ces joueurs-là à l’entraînement. Ça ne peut que me faire progresser et me dire qu’à mon jeune âge, j’ai la chance déjà de travailler et d’évoluer à côté de ces joueurs-là. Certes, la concurrence est là, mais ça me motive encore plus de me dire que si j’arrive à avoir encore plus de temps de jeu avec ces joueurs-là, c’est que je progresse.

FM : vous prenez des conseils auprès d’eux ? Est-ce qu’ils vous font partager des choses qu’ils ont vécues durant leur carrière ? Car il y a des joueurs qui ont joué en Angleterre ou en Italie et dans de sacrés clubs…

BN : bien sûr, j’essaie d’apprendre de chacun d’entre eux, de leur carrière, tant sur le plan footballistique que sur le plan humain, parce que ce sont de grands professionnels avant tout. J’essaie de m’imprégner de tout ce qu’ils ont fait durant leur carrière. Tous les jours, je suis là à observer, à regarder, et aussi à les écouter parce que je suis à côté d’eux et qu’ils me conseillent beaucoup.

«Isma, c’est un grand joueur, c’est un grand professionnel, une très bonne personne»

FM : un petit mot sur Bennacer, qui vient d’arriver. Il a quand même été impressionnant pour son premier match à Angers. On avait l’impression qu’il était là depuis plusieurs mois. Comment se passe son intégration ? Comment se passent ses premiers jours avec vous au niveau du club ?

BN : Isma, c’est un grand joueur, un grand professionnel, une très bonne personne. Il n’a pas eu de temps d’adaptation. Il s’est directement acclimaté au groupe et à l’effectif. On voit qu’il est arrivé dans la semaine et qu’il a commencé directement le match à Angers et ça ne l’a pas empêché de faire un grand match. Je pense que c’est prometteur pour la suite.

FM : un peu comme Amine Gouiri d’ailleurs. On sent que les deux joueurs vous ont apporté quasiment immédiatement sur le terrain…

BN : non, pour Amine aussi, il n’y a pas eu de période d’adaptation. Comme je l’avais dit quelques semaines avant, c’est un joueur qu’on connaît tous grâce à ses qualités de dribble, de percussion, de finition, dans le jeu aussi. Il a vraiment des qualités qui vont nous aider à atteindre nos objectifs. C’est très beau de voir ce qu’ils ont fait durant ces derniers matchs, sachant qu’ils sont arrivés il y a peu de temps. C’est prometteur et encourageant.

«Si je suis là, c’est que j’ai quelque chose à apporter à l’équipe»

FM : on dit que vous êtes polyvalent, que vous êtes capables de jouer un peu partout au milieu du terrain. C’est quoi votre poste, celui où vous vous épanouissez le plus, celui où vous êtes le plus à l’aise aujourd’hui ?

BN : honnêtement, aujourd’hui, je ne peux pas parler de poste en particulier parce que je m’épanouis partout. En tant que jeune joueur, je n’ai pas de limite à avoir à jouer à un poste précis. Je m’éclate partout aujourd’hui. Je pense que c’est le plus important, que ce soit plus bas sur le terrain, plus haut sur le côté, peu importe, je suis là pour progresser et apprendre. L’essentiel est là.

FM : au niveau personnalité et mentalité, on vous sent déjà prêt. Lors de votre entrée en jeu face à Angers, on a senti tout de suite l’impact que vous pouvez apporter…

BN : oui, j’ai connu pas mal de moments difficiles ici à Marseille, donc forcément, maintenant que je suis dans l’effectif et dans le groupe, je ne me pose plus de questions quand je rentre. Je me dis que si je suis là, c’est que j’ai quelque chose à apporter à l’équipe. Après forcément, quand je rentre, c’est plus facile aussi quand le score est positif, mais j’essaie d’apporter vraiment tout ce que je peux à l’équipe, vraiment de mettre ma qualité au service du collectif.

FM : même techniquement, on vous sent libre, ça tente des petites talonnades, ça fait des dribbles dans les petits espaces, on vous sent heureux et épanoui.

BN : oui, ça fait partie aussi de mon jeu. Ces dernières entrées, j’ai joué dans une position un peu plus haute, donc ça me permet d’être pas forcément plus libre, mais un peu plus offensif et de pouvoir me lâcher un peu plus dans cette palette-là.

FM : dernière question, Marseille vous a prolongé jusqu’en juin 2026 alors que vous étiez au début de votre convalescence. J’imagine que ça a été aussi un signal fort de leur part sur le fait que, en tout cas, le club compte sur vous. En tant que jeune joueur est-ce que vous avez déjà un plan de carrière en tête ?

BN : non, honnêtement, tout est arrivé un peu vite. Il y avait déjà des discussions avec le club dès le mois de septembre 2023. Et au final, le club a quand même tenu parole même si je m’étais blessé. Donc déjà, là, c’était un signal fort. Avec tout ce qui m’arrive, je ne me pose pas de questions sur l’avenir même si je me dois de regarder ce qui va se passer après. Mais aujourd’hui, je me concentre sur le club et ce qu’il y a devant moi.

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