Championship : à la sauce allemande, Norwich City est en route vers la Premier League

Par Mathieu Rault - Guillaume Vigier
6 min.
Norwich City Daniel Farke @Maxppp

Si de nombreuses pépites du royaume de Grande-Bretagne filent à l’anglaise du côté de la Bundesliga, l’Allemagne dispose elle aussi d’une connexion florissante outre-Manche, avec comme principal port d’attache Norwich. Leaders de Championship, les Canaries s’appuient sur pas moins de 11 joueurs passés par les premières divisions allemandes et sur un coach façonné à Dortmund.

Profitant que les projecteurs soient tournés vers Elland Road, théâtre des prouesses du Leeds de Marcelo Bielsa, Norwich City poursuit sa course en tête dans l’ombre, avec le rêve de retrouver les sommets, trois ans après avoir quitté la Premier League. Sur six victoires de rang, alors qu’il ne reste que huit journées à disputer en Championship, les Canaris comptent cinq points d’avance sur le 3e et donc sur les play-offs. Il ne fait aujourd’hui plus aucun doute que le succès du club de cette cité médiévale située à une trentaine de kilomètres des côtes de la Mer du Nord est étroitement lié à un vent nouveau venu d’Allemagne à l’été 2017. Lorsque Daniel Farke, coach de l’équipe II du Borussia Dortmund, a été propulsé sur le banc des Canaries.

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Norwich City Daniel Farke

David Skowasch, spécialiste du football allemand chez Fussball Transfers, le souligne, « le Borussia Dortmund a toujours installé sur le banc de son équipe réserve des entraîneurs talentueux ». Le pionnier, David Wagner, a en quelque sorte ouvert la voie aux coachs « made in BvB » en Angleterre, auteur de prouesses avec Huddersfield, qu’il a fait monter en Premier League à l’issue de la saison 2016/17, puis maintenu la saison suivante. A son départ de Dortmund, Daniel Farke a pris la suite. Une pige de deux ans, au moment où Thomas Tuchel était l’entraîneur de l’équipe première, de 2015 à 2017. L’actuel coach du PSG avait décidé de prendre une année sabbatique au terme de son contrat à Dortmund, Daniel Farke pris lui la décision de rejoindre l’Est de l’Angleterre.

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Après Huddersfield, la philosophie allemande appliquée à Norwich

Là-bas, avec son adjoint Edmund Riemer, il lui fallut une saison et demi pour conquérir les supporters. Il faut dire que le duo arrivait avec l’étiquette aguicheuse « BvB » sur le front. Usine à coachs de renom, qui a vu passer sur ses bancs Klopp, Tuchel, Wagner ou encore Siewert, dernier coach de la B parti s’exiler en Angleterre, remplaçant de Wagner à Huddersfield. La connexion est toute trouvée. « L’actuel directeur sportif de Norwich City, Stuart Webber, était à Huddersfield auparavant (2015-17). Il utilise à Norwich la même philosophie. Un entraîneur issu du BvB II, des joueurs qui viennent des ligues inférieures allemandes. La seule différence est financière. Huddersfield a été un plus grand miracle, car ils avaient moins de pouvoir financier », explique notre confrère.

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Quatorze joueurs de nationalité allemande évoluent cette saison en Championship et dix d’entre eux font partie de l’effectif de Norwich City. A l’aube de sa première saison, Daniel Farke avait rallié le Comté de Norfolk avec dans ses bagages cinq de ses compatriotes, en quête de relance : Marcel Franke, Marco Stiepermann et Mario Vrancic, qui végétaient en D2 allemande, Tom Trybull aux Pays-Bas, et Christoph Zimmermann, qu’il coachait en réserve à Dortmund. Trois autres l’avaient rejoint à l’hiver. Onel Hernandez et Dennis Srbeny, eux aussi venus de ligue inférieure, pour renforcer l’attaque, et Moritz Leitner prêté par Augsbourg avant d’être définitivement transféré à l’été 2018. « Il semble que travailler avec des joueurs allemands en Championship soit une stratégie payante », soutient David Skowasch.

Les anciens de Dortmund ont la confiance du coach

Daniel Farke, par exemple, a rapatrié cinq joueurs de Dortmund (Zimmermann, Vrancic, Stiepermann, Leitner, et Passlack depuis cette année) à Norwich, avec l’assurance de les connaître sur le bout des doigts. À l’image de Julian Draxler, qui a la confiance de Thomas Tuchel au PSG, « les entraîneurs allemands ont une grande confiance dans leurs compatriotes et savent aussi comment ils doivent jouer pour tirer le meilleur de leurs capacités. Daniel Farke a trouvé le bon équilibre entre joueurs allemands connus, jeunes talents et quelques joueurs expérimentés. Il répète également un système qu’il connaît bien puisqu’il est celui dans lequel jouent toutes les catégories du Borussia Dortmund : un classique 4-2-3-1 », précise David Skowasch.

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La mayonnaise ne prend pas directement. Résultat mitigé pour la première saison des Canaries sauce allemande. L’an passé, Norwich City termine à la 14e place du deuxième échelon du football anglais, dans le ventre mou d’un championnat à 24 équipes chaque année plus concurrentiel, juste derrière Leeds. Une saison pour prendre ses marques. Une saison moyenne, avec autant de victoires que de nuls, et une défaite de plus (15V, 15N, 16D). Depuis l’été, Felix Passlack et Philip Heise ont rejoint le club à l’accent plus que jamais allemand. Deux cadres de l’effectif sont également coutumiers de la Bundesliga et s’imbriquent à merveille dans le projet de Farke : Timm Klose, international suisse né à Francfort, passé par Nuremberg et Wolfsburg, et Teemu Pukki, passé par Schalke 04 (2011-14) et arrivé libre de Brondby l’été dernier.

L’ancien de Schalke 04 Teemu Pukki explose les compteurs

Le Championship a des allures de course de fond. Cette saison, Norwich a bien démarré, avant de connaître un trou d’air à la fin de l’année civile. Si le début d’année 2019 laissait présager le pire, les Canaries ont superbement réagi et semblent prêts à négocier le sprint final. Pour sa deuxième saison sur le banc de City, Daniel Farke peut compter sur ses compatriotes et notamment une charnière composée de Timm Klose et Christoph Zimmermann. Le second devenant un véritable lieutenant du coach, récupérant la place et le brassard de capitaine de l’Ecossais Grant Hanley, blessé en début de saison. Devant la défense, le double-pivot a rarement varié cette saison. Indéboulonnable, l’Allemand Tom Trybull faisant la paire avec l’international Norvégien Alexander Tettey, et depuis quelques semaines Kenny McLean.

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Devant, deux éléments du contingent allemand tirent leur épingle du jeu : Marco Stepiermann, au poste de numéro 10, qui compte cette saison 6 buts et 7 passes décisives en 34 apparitions et l’ailier gauche Onel Hernandez, auteur de 6 buts et 8 passes décisives en 31 matches disputés. Si l’acclimatation fut compliquée pour Philip Heise et Felix Passlack, Moritz Leitner, Dennis Srbeny et Mario Vrancic ont également profité du turnover. En pointe, c’est l’international finlandais Teemu Pukki qui explose tous les compteurs cette saison. L’attaquant, qui a évolué chez l’ennemi du Borussia pendant trois saisons, émarge à 24 buts et 9 passes décisives en 34 matches ! Le meilleur buteur du championnat est sans aucun doute la très bonne pioche du mercato estival de Farke. Ce qui a fait la différence.

Qui sera le prochain à reproduire le schéma ?

Cela suffira-t-il pour tenir la distance en cas de montée en Premier League ? « Sans doute pas », pense David Skowasch, qui précise que les joueurs présents dans l’effectif de Norwich cette saison ont le profil idéal pour permettre au club d’atteindre l’objectif de la Premier League. « Certainement pas pour évoluer à l’échelon supérieur, mais là n’est pas l’important. Ils sont la preuve du bon fonctionnement d’un système, en l’occurrence importé d’Allemagne et mis en place par Farke ». Si Norwich City accède à la Premier League à l’issue de la saison, une chose semble certaine : après les succès récents des Terriers et des Canaries, une autre formation de Championship prendra la relève. Une stratégie répétée à l’infini, dopée à la philosophie allemande made in Dortmund. Avec la même réussite ? On serait tentés d’y croire.

Norwich City Daniel Farke

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