Atlético - Real Madrid : Diego Simeone face à ses démons

Par Max Franco Sanchez
4 min.
Diego Simeone sur le banc de l'Atlético @Maxppp

Si l’Atlético affiche un visage un peu plus séduisant dans la plupart des rencontres de Liga, Diego Simeone n’a pas hésité à revenir aux bases et adopter un plan de jeu très défensif face aux grosses équipes. Ce dimanche, face à un Real Madrid décimé, son approche sera examinée de très près.

La confirmation. Ce derby madrilène a, forcément, un enjeu énorme en vue de la course au titre, sans parler de la rivalité qui oppose les Vikingos aux Indios. Mais derrière tout ça, il y a aussi un enjeu à la limite du philosophique pour Diego Simeone. Si Zinedine Zidane a toujours réussi à faire surperformer son équipe et à trouver des solutions dans les grands rendez-vous, même lorsque ses troupes sont dans le creux de la vague, l’entraîneur argentin connaît une situation pratiquement opposée. Même lorsque son équipe est en pleine forme et enchaîne les succès, comme c’est le cas en Liga cette saison, elle est bien plus en difficulté face aux cadors.

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Il y a eu cette défaite 2-0 face au Real Madrid en première partie de saison, alors que l’équipe était sur une série de huit succès en championnat, en plus des deux mauvais résultats contre le Bayern en Europe (défaite 4-0 et 1-1). Face au Barça, avant de défier les Merengues, les Colchoneros l’avaient certes emporté 1-0, sans pour autant livrer une prestation spécialement convaincante. Puis, il y a quelques jours, cette défaite 1-0 face à Chelsea. Un bilan plutôt médiocre donc dans les matchs au sommet et/ou à enjeu. Plus que les résultats eux-mêmes, c’est le contenu qui pose question. Effectivement, l’approche du Cholo change considérablement lorsque son équipe est face à un rival très huppé.

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Simeone ne se voit pas encore à la table des grands

Cette saison, l’Atlético affiche un visage un peu changé en Liga. Au niveau du système premièrement, puisque le tacticien argentin a définitivement misé sur un 3-5-2, laissant son 4-4-2 à plat au placard. Dans les intentions, on voit une équipe plus conquérante, qui n’hésite pas à conserver le ballon dans la moitié de terrain adverse. Les sorties de balle sont toujours aussi propres, et le jeu est plus varié, avec plus de passage par les flancs, et de nouvelles libertés accordées à certains éléments comme Marcos Llorente ou Thomas Lemar qui répondent présent et apportent du déséquilibre et/ou de la créativité. Il ne s’agit pas de football total, mais on est bien loin de ce qu’on avait pu voir lors des dernières années.

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Un visage séduisant qu’on ne retrouve pas forcément dans les gros matchs, où Diego Simeone préfère blinder derrière, demandant à ses troupes de jouer très bas, quitte à devenir une version quasi-caricaturale de son équipe et de sa philosophie. Et en Espagne, on ne comprend pas forcément pourquoi, alors qu’il a clairement la matière première pour jouer à armes égales face à ces gros clubs, le tacticien argentin mise sur une approche aussi défensive et renie en quelque sorte ce que son équipe est capable de faire. Complexe d’infériorité ? C’est une hypothèse qui est régulièrement avancée dans les émissions de débrief des rencontres de l’autre côté des Pyrénées. D’autant plus que, très régulièrement, l’entraîneur explique ne pas être en mesure, pour des raisons financières, de s’asseoir à la même table que le FC Barcelone, le Real Madrid et les autres ogres européens. Il aborde toujours les rencontres en position d’outsider, alors que face à Chelsea par exemple, les Colchoneros n’étaient clairement pas le petit poucet au vu du déroulement de la saison d’un côté comme de l’autre.

Un retour à ce qui fonctionne

Contre les Blues l’ancien joueur colchonero a justifié son plan de jeu minimaliste par une volonté de récupérer le ballon pour se projeter très vite, ce qui n’a selon lui pas marché. Des explications qui sont mal passées chez nos voisins ibériques, où on reproche souvent à l’Argentin d’être un cagón (expression qui pourrait s’assimiler à "poule mouillée", en un peu plus vulgaire). Il faut aussi prendre en compte que les premières succès de l’ère Simeone, à l’image de cette Europa League 2012 puis le retour au top sur la scène nationale et les parcours en Ligue des Champions se sont construits sur les bases d’une équipe très solide derrière et souvent plutôt repliée devant sa surface. Dans les grosses rencontres, El Cholo préfère donc s’appuyer sur des bases qui l’ont déjà fait gagner et qui lui apportent des certitudes. Et ce, alors qu’il a probablement l’effectif le plus qualitatif, ou du moins complet, depuis son arrivée à Madrid.

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Il faut aussi signaler que, même face à des équipes de deuxième partie de tableau, l’Atlético a connu des soucis défensifs énormes depuis le début de l’année 2021, notamment lorsque l’adversaire attaque par les flancs et met des ballons dans la surface. Simeone a donc estimé nécessaire de moins se découvrir face à des attaquants d’un niveau supérieur à ceux que son équipe affronte la plupart du temps. Ce derby face au voisin merengue et l’approche tactique imposée par l’entraîneur matelassier vont donc marquer un véritable point d’inflexion dans la carrière du principal concerné mais aussi de l’histoire actuelle de son club. L’Atlético est-il uniquement fort avec les petits ou est-il aussi capable de montrer ce visage conquérant et dominateur face à ceux qui sont ses rivaux de l’élite depuis quelques années déjà ? Réponse dimanche après-midi.

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