Le parcours incroyable d’Ange-Yoan Bonny, la nouvelle pépite française de l’Inter Milan
Recruté par l’Inter Milan en provenance de Parme, Ange-Yoan Bonny est un nom qui commence à faire du bruit en Italie. Méconnu du grand public en France, l’attaquant de 21 ans a connu un parcours sinueux dans son pays natal. Portrait de ce jeune crack, décrit par ceux qui l’ont connu et suivi de très près durant ces dernières années.

Ces dernières semaines, l’Inter Milan a montré quelques lacunes à des moments cruciaux. Battus sur le fil par Naples dans la course au Scudetto, les Intéristes ont également échoué en finale de Ligue des Champions face à un PSG largement supérieur. Un crève-cœur pour des Milanais qui sont arrivés exténués aux États-Unis pour disputer la Coupe du monde des clubs. Auteurs d’une phase de poules poussive, les Nerazzurri ont été éliminés en 8es de finale à la stupeur générale face aux Brésiliens de Fluminense. Un nouveau revers qui appelle au changement du côté du stade Giuseppe-Meazza. Un chambardement amorcé depuis quelques jours maintenant. Désireux de rajeunir un effectif de plus en plus vieillissant, les dirigeants de l’Inter se sont activés sur le marché des transferts et ont ciblé de nombreux profils capables d’apporter de la qualité malgré leur jeune âge. Dès lors, Ange-Yoan Bonny est apparu comme une évidence sur le front de l’attaque. Méconnu du grand public en France, le natif d’Aubervilliers, auteur de 6 buts et 4 passes décisives en Serie A cette saison avec Parme, a ainsi tapé dans l’œil des plus grands clubs italiens ces dernières semaines. Pourtant, l’histoire de Bonny a commencé dans l’Hexagone.
Aucun club français n’a misé sur lui…
Après de nombreuses années dans différents clubs d’Ile-de-France, l’avant-centre côtoie le Tours FC en 2018-2019. La saison suivante, il s’engage à Châteauroux. Après une année avec les jeunes, il est promu à seulement 17 ans dans le groupe professionnel. Un sacré accomplissement pour l’époque et qui démontre donc un immense talent précoce. Des qualités peu communes pour son âge qu’a pu constater de très près Benoît Cauet. Entraîneur durant quelques semaines avec la Berrichonne, l’ancien milieu de terrain a souvent vu à l’œuvre le jeune prodige : «je l’ai entrainé deux ou trois fois. Il ne voulait pas signer son contrat professionnel avec le club mais il m’avait vraiment impressionné par ses qualités. Il était très jeune. Pourtant, il était très à l’aise avec le ballon. Quand je l’avais vu à l’entraînement, j’avais été impressionné. Très jeune, il a eu des qualités qu’il a su démontrer par la suite. Humainement, c’était une personne très ouverte à la discussion et aux conseils. C’était un vrai travailleur, je ne suis pas surpris de sa progression.»
Une progression assez bluffante qui s’est matérialisée en Italie. Dans l’impasse à Chateauroux, qui était descendu en troisième division, le joueur voulait rester en France pour peaufiner sa formation. Finalement, cette quête a été plus compliquée que prévu comme peut en témoigner Yvan Le Mée, son représentant de l’époque, qui a réalisé avec son agence Scuderia de nombreux transferts en Italie comme Mario Lemina à la Juventus, Ndary Adopo à l’Atalanta ou encore Hamza Rafia à Lecce : «on l’a proposé à tous les clubs de France. Des clubs de Ligue 1, de Ligue 2, aucun n’a eu le nez suffisamment creux pour miser sur lui et personne n’a voulu s’aligner afin de payer ses indemnités de formation…Encore un joueur qui a dû partir à l’étranger alors qu’il voulait rester en France. Dès lors, il fallait lui trouver le bon club pour exploser. Un club à la bonne dimension pour progresser. C’était Parme, un club historique d’Italie. À cette époque, Parme développait la plus jeune équipe d’Europe. C’était l’une des cinq plus jeunes équipes d’Europe à l’époque et le club était en Série B. L’Italie était la destination idéale pour les jeunes joueurs comme on l’a vu à de nombreuses reprises. Je l’ai donc conseillé d’aller là-bas, car il aurait plus de chances d’avoir un temps de jeu propice à sa progression.»
…avant d’être qualifié de phénomène par Enzo Maresca à Parme
C’est finalement à Parme que le phénomène Bonny va se développer. Dans un club basé sur la formation des jeunes, l’attaquant d’1m89 fait ses premiers pas sous les ordres d’Enzo Maresca. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’actuel coach de Chelsea est tombé fou amoureux du profil de l’attaquant français. «En le plaçant à Parme, j’avais contacté Javier Ribalta qui était directeur du football à l’époque, conte Le Mée. Dès le premier entraînement d’Ange-Yoan avec Enzo Maresca, Ribalta m’a rappelé "Maresca sort de l’entraînement et dit que si Bonny continue de faire des entraînements à ce niveau-là, on tient un phénomene".» Ça n’a pas manqué, après quatre saisons à Parme, Ange-Yoan Bonny s’est engagé ce week-end à l’Inter Milan pour près de 25 millions d’euros. Après une grosse saison en Série B en 2023-2024, Bonny a confirmé son énorme talent lors de la cuvée qui vient de s’écouler en étant l’un des grands artisans du maintien de Parme dans l’élite.
Un caractère et des qualités qui ont forcément impressionné Benoît Cauet qui a joué pendant six ans en Italie dans sa riche carrière : «dèjà la saison passée, j’avais été bluffé. La Serie B, c’est quelque chose de très dur en Italie. Pourtant, il avait déjà des qualités pour jouer en Serie A. Il a démontré une intelligence pour se mettre dans le jeu et de servir le jeu pour l’allant offensif de son équipe. À Parme, il a su le faire et il a très vite été essentiel à son équipe. Pour suivre les médias en Italie, ils ont tous très bien parlés de lui et étaient assez dithyrambiques sur sa première saison en Serie A. Il a confirmé tout ce qu’on attendait de lui. Pour son âge, il est très fort techniquement et puissant dans les duels. Il sait très bien jouer avec les autres et il est très généreux dans le jeu. Il a développé ses qualités même en Serie A et il a même réussi à être encore plus prolifique en Serie A dans un club qui a lutté pour se maintenir. C’est prometteur pour la suite.»
Un défi Inter Milan taillé sur mesure ?
La suite va mener l’ancien prodige de Chateauroux à l’Inter Milan. Misant gros sur le jeune attaquant, les Intéristes ont sûrement flairé le bon coup. Landry Chauvin, actuellement à la recherche d’un projet en tant qu’entraîneur ou formateur, a entraîné Ange-Yoan Bonny dans les équipes de jeunes avec la France. Ayant pu voir la pépite de très près, l’ancien coach des U18, U19 et U20 de l’équipe de France est confiant pour l’avenir de l’attaquant de 21 ans chez les Nerazzurri : «La première fois que j’ai vu Yoan Bonny, c’était à Châteauroux. Je l’avais pris sur un rassemblement en U18 en 2020-2021. Quand on le voit arriver, on se dit, c’est un grand costaud, mais il m’avait tellement impressionné par sa qualité technique. J’avais eu envie de le revoir. Quand il a signé à Parme, j’ai eu envie de le revoir. Je l’utilisais dans l’axe et sur les côtés. C’est un super mec, je lui ai envoyé un message pour le féliciter dernièrement et il m’a directement répondu. Il sait d’où il vient et il n’oublie pas les personnes qui ont été là pour lui. C’est un acharné de travail. Il n’a jamais triché dans son travail et c’est cette mentalité qui va lui permettre de réussir. Il sait aussi se montrer patient. Son point fort va être la patience. La concurrence sera féroce à l’Inter Milan. C’est comme ça qu’il va grandir, mais je le vois bien avoir une progression à la Marcus Thuram à l’avenir. Yoan est sur une trajectoire ascendante et je lui souhaite de réussir à l’Inter Milan. Je lui souhaite aussi un avenir brillant avec l’équipe de France.»
Face à une grande concurrence en Lombardie, Bonny devrait être cantonné dans un premier temps à un rôle de remplaçant exclusif. Un statut qui devrait lui permettre de peaufiner sa progression dans l’ombre et sous les ordres d’un entraîneur qu’il connaît très bien : Christian Chivu. L’ancien coach de Parme a débarqué cet été à l’Inter et a donc rapporté Bonny dans ses valises. Un atout clair pour l’attaquant comme l’avoue Benoît Cauet, ancien joueur de l’Inter Milan entre 1997 et 2001 : «il va retrouver son entraîneur à Parme avec Christian Chivu. C’est une très bonne chose, surtout que c’est un entraîneur qui connait les jeunes. Il sera déjà prêt tactiquement à la différence de ses nouveaux coéquipiers, cela peut être un avantage. Après l’Inter, c’est un autre niveau de tout ce qu’il a pu connaître par le passé. C’est une machine à trophées qui a remporté de nombreux Scudetto ces dernières années et qui ont été finalistes de Ligue des Champions il y a quelques semaines, il ne faut pas l’oublier. Ils sont à la Coupe du monde des clubs (l’Inter a été éliminée il y a quelques jours contre Fluminense, ndlr). La pression est forcément différente. Néanmoins, il a cette capacité à s’adapter et à performer. Il va falloir qu’il rentre dans les mécanismes d’un grand club rapidement. À Parme, il avait réussi à performer alors que beaucoup ne s’y attendaient pas forcément. C’était un garçon qui pouvait aller très haut, on en était tous conscients dès qu’on l’a côtoyé de très près. Parce que sa tête tourne comme il faut. Dès lors, il a toutes les capacités pour s’imposer, peu importe le club.» Vous l’aurez compris, il y a de quoi être optimiste pour Yoan Bonny à l’Inter Milan.
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