PSG : est-on trop dur avec Lionel Messi ?
Pointé du doigt pour son bilan mitigé depuis son arrivée au Paris SG, Lionel Messi est même fortement critiqué depuis sa prestation contre le Real Madrid mardi (1-0, 8e de finale de Ligue des Champions). Une question se pose : juge-t-on trop sévèrement le septuple Ballon d'Or ?

Les images sont fortes. Marco Verratti sur la pelouse, puis Neymar dans les vestiaires sont allés réconforter Lionel Messi au sortir du 8e de finale aller de Ligue des Champions. Pourtant, le Paris SG avait bel et bien battu le Real Madrid (1-0). Mais la Pulga, qui a raté un penalty face à Thibaut Courtois, n'avait visiblement pas le coeur à la fête. Sa note de 3/10 dans les colonnes de L'Équipe déchaîne les passions depuis, en France et ailleurs, ouvrant un nouveau débat : peut-on juger le septuple Ballon d'Or comme les autres et, surtout, est-on trop dur avec lui ? Éléments de réponse.
OUI
Il a forcément des circonstances atténuantes
Personne, absolument personne n’imaginait que le natif de Rosario quitterait un jour le FC Barcelone. Lui le premier sans doute. C’est dire le choc qu’il a dû subir lorsqu’il a appris que, malgré tous les efforts financiers qu’il était prêt à consentir, son club de toujours ne le retenait pas. Pire, les circonstances – il se murmure que Gerard Piqué, coéquipier et ami de longue date, aurait poussé pour son départ – pourraient expliquer le spleen traîné par l’attaquant. Ajoutons à cela les paramètres à prendre en compte dans tout transfert : nouveau pays, nouveau climat, nouvelle langue, nouvel environnement, nouveau championnat, nouvelle direction, nouveau staff, nouveaux partenaires…
Six premiers mois très mouvementés...
Outre les contraintes liées à son changement de vie professionnel et familial, Leo a également multiplié les voyages longs lors de la première partie de saison, avec des allers-retours à répétition pour s'en aller aider Lionel Scaloni et sa bande à valider son ticket pour le Mondial 2022 au Qatar. Autant de miles qui l'ont fait rater des matches et des entraînements avec le club de la capitale. Un temps précieux, qui aurait pu lui servir à parfaire sa forme physique mais aussi ses automatismes avec ses nouveaux coéquipiers. N'oublions pas non plus qu'il a contracté la Covid-19 lors de ses vacances au pays en fin d'année et on peut comprendre un certain retard à l'allumage.
On ne se fie qu’à ses statistiques
Air du temps, dictature des chiffres et de l'instant. Pour évaluer les premiers mois de l’Argentin dans la capitale, on a tendance à se pencher uniquement sur sa feuille de statistiques (2 buts et 7 passes décisives en 14 matches de Ligue 1, 5 réalisations en 6 apparitions en Ligue des Champions). Et, évidemment, quand on a été habitué à le voir enfiler les buts comme les perles en Liga avec le FC Barcelone depuis des années, on reste un peu sur sa faim. Face au Real, par exemple, on se focalise sur son penalty raté, mais on oublie qu’il donne un ballon de but à Kylian Mbappé au cœur de la première période.
Les poteaux sont contre lui
Depuis qu’il évolue au Paris SG, aucun joueur dans les cinq plus grands championnats européens n’a plus touché les montants que lui. En Ligue 1, l’international albiceleste a frappé les poteaux ou la barre transversale à 7 reprises ! En Ligue des Champions, son tir du gauche s’était écrasé sur la barre des buts du FC Bruges gardés par Simon Mignolet. Avec un tout petit peu plus de réussite, il pourrait donc compter 8 buts de plus au compteur, soit 15 réalisations, ses temps de passage au même moment de la saison passée avec le FC Barcelone (il avait fini meilleur buteur et meilleur passeur de Liga)…
NON
Un statut à part, des exigences logiques
Le PSG a recruté un sextuple, devenu septuple, Ballon d'Or en août dernier. En sautant sur l'occasion, presque irréelle, de le chiper gratuitement au FC Barcelone. Gratuit, on parle de l'indemnité de transfert, pas du salaire pharaonique (41 M€ annuels net) offert par le PSG à l'Argentin. De fait, l'exigence naît du statut incomparable de la Pulga, qui est venue qui plus est avec l'ambition de remporter la Ligue des Champions.
Décevant en L1 donc attendu en Ligue des Champions
Avant d'être exigeante, la presse française a été globalement indulgente face aux prestations assez neutres du numéro 30. Son but fabuleux face à Manchester City a par exemple fait oublier une performance décevante contre l'OL et discrète pendant plus d'une heure contre les Citizens. Il a rarement été bon en Ligue 1, peu visible dans les chocs (contre l'OM, Nice ou Monaco), mais, a contrario, s'est avéré efficace en Ligue des Champions.
Son match raté contre le Real Madrid
Messi est là pour la Ligue des Champions, la Ligue 1 ne colle pas à son style de jeu. Pourquoi pas. On attendait donc de voir contre le Real Madrid toutes les qualités de Lionel Messi s'exprimer, face à un adversaire qu'il connaît bien. Certes il a été un relais souvent trouvé dans le jeu parisien, mais on a aperçu les mêmes carences qu'en Ligue 1. Trop peu d'explosivité, et le pire, beaucoup trop de pertes de balles. Les chiffres ne démentent pas le ressenti puisque Messi a perdu 23 ballons contre le Real. Parfois sur des passes simples. Attend-on beaucoup de Messi ? Oui, c'est normal. Qu'il soit critiqué après un match décisif de Ligue des Champions sur lequel il a trop peu fait la différence et a raté un penalty ? Ça l'est tout autant.
La vision différente des Espagnols et Argentins
La presse espagnole et les nombreux fans de Messi, parmi lesquels ses compatriotes argentins comme le Kun Agüero, sont peut-être choqués du traitement médiatique du joueur, cela dit surtout l'aura dont bénéficie la Pulga dans les pays qu'il a régulièrement enchantés. La France est consciente de la chance d'avoir Messi dans une équipe de son championnat mais ce n'est pour autant qu'elle doit surévaluer son apport dans le jeu.
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