Mort de la LFP, salary cap, crise des droits TV : Philippe Diallo lance une révolution inédite pour sauver le football français
Après une longue réunion avec les acteurs du football français, Philippe Diallo a annoncé toutes les réformes qu’il souhaitait mettre en place pour sauver le football français, suite à une année marquée par de nombreux conflits internes entre les présidents, le problème des droits TV et les soucis financiers de plusieurs clubs français.

La réunion exceptionnelle du 3 mars 2025 à la FFF, convoquée par Philippe Diallo, a été un moment charnière pour le football professionnel français. Face à une situation économique critique — un déficit cumulé de plus de 1,2 milliard d’euros dans les clubs de Ligue 1 et Ligue 2 — cette réunion a rassemblé les principaux dirigeants des clubs, la LFP, et la ministre des Sports. Plusieurs problèmes ont été évoqués : dépendance aux droits TV, modèle économique fragile, gouvernance floue, et perte d’attractivité du championnat. Diallo a insisté sur l’urgence de réformes structurelles, appelant à une remise en question profonde du modèle actuel. La réunion a également été l’occasion de pointer le manque d’unité entre les acteurs du football français, l’absence de perspectives claires sur les revenus futurs, et la montée des tensions liées à la redistribution des richesses entre clubs. Pour amorcer le changement, trois groupes de travail ont été lancés. Le premier, dirigé par Marc Keller (Strasbourg), doit repenser la gouvernance du football professionnel : rééquilibrer les rôles entre la FFF, la LFP, et les clubs. Le second, piloté par Baptiste Malherbe (Auxerre), travaille sur une refonte du modèle économique : diversification des revenus, réduction de la dépendance au trading de joueurs et adaptation aux nouvelles réalités du marché. Enfin, le troisième, codirigé par Ivan Gazidis (Saint-Étienne) et Damien Comolli (Toulouse), se concentre sur le contrôle financier : règles plus strictes, transparence, et surveillance renforcée des budgets. Ces groupes ont un mois pour faire des propositions concrètes. En parallèle, la ministre des Sports a rappelé l’importance de la lutte contre le piratage et de la valorisation de l’écosystème global du sport français.
Et près de deux mois plus tard, la Fédération française de football (FFF) convoquait, en collaboration avec la Ligue de football professionnel (LFP), une nouvelle assemblée des états généraux du football français, similaire à la précédente. Au programme, chaque groupe de travail, dont la création a été officialisée en mars dernier, devait prendre la parole afin de présenter les conclusions de leurs réalisations ces derniers mois. L’objectif était de fournir un maximum d’informations précieuses pour panser toutes les plaies qui frappent le football français ces dernières années. Plusieurs prises de parole étaient prévues au programme en présence du président de la FFF, Philippe Diallo, du président de la LFP, Vincent Labrune, et de la ministre des Sports, Marie Barsacq. D’autres acteurs majeurs du paysage footballistique français étaient aussi de la partie en ce lundi 12 mai, comme Jean-Michel Aulas, Hélène Schrub, Jean-Pierre Caillot, John Textor ou encore Jean-Marc Mickeler de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) : «Philippe Diallo, président de la FFF, tiendra une conférence de presse le lundi 12 mai à 17h30 au siège de la Fédération, à l’issue de la réunion de synthèse des travaux relatifs à l’avenir du football professionnel réunissant les clubs de Ligue 1/Ligue 2, le président de la DNCG, les représentants de la LFP, de CVC et des familles du football».
Diallo sonne le glas de la LFP !
Aux côtés de la ministre des Sports Marie Barsacq, Philippe Diallo envisage que la FFF soit étroitement associée à une entreprise commerciale de clubs, ce qui justifierait l’élimination de la Ligue de football professionnel (LFP). Le passage d’une Ligue, actuellement une association régie par la loi de 1901, à une entité commerciale aurait des répercussions significatives sur la perception de l’image et la restructuration. Pour une transformation complète de la structure du football français. Diallo saisirait l’opportunité de la proposition de loi qui donnerait aux fédérations la possibilité de retirer aux ligues professionnelles la « subdélégation de service public » qu’elles assurent, notamment en cas de « violation de l’intérêt général du sport » ou encore en cas de « problème majeur dans le financement des activités sportives ». «Notre football est dans l’urgence. ce n’est pas de la cosmétique, c’est un projet de rupture, innovant qui vise à mettre les conditions d’un futur rebond du football professionnel. Ce n’est pas une question d’hommes, mais d’architecture. Je propose des visions, une alternative, et ce que je fais, là, aurait dû être fait par la Ligue. C’est elle qui aurait dû mener ce débat pour savoir comment sortir de la crise. Je me suis aperçu que ce n’était pas possible parce qu’il y avait trop de dissensions, alors je prends mes responsabilités. Et pas simplement pour mettre des rustines à droite ou à gauche car cela fait quatre ou cinq ans que l’on est en difficulté et que l’on prend de mauvaises décisions. Si le Parlement et les clubs n’en veulent pas, c’est leur problème. Si personne ne veut de rien, si tout le monde considère que c’est bien qu’il y ait des clubs qui déposent le bilan… Je ne le prendrais pas à titre personnel. Je propose des choses, j’attends des projets alternatifs. Vous avez entendu, vous, des gens qui proposaient autre chose ? Il est temps que chacun prenne ses responsabilités», a-t-il déclaré.
Face à la crise qui menace le football professionnel français, Philippe Diallo a souhaité révéler ses initiatives majeures. Il y a urgence puisque le 10 juin prochain, le Sénat va étudier une proposition de loi concernant la gouvernance du sport professionnel, présentée par les sénateurs Michel Savin (LR) et Laurent Lafon (UDI). Diallo, en termes de stratégie politique, élabore son projet tout en ayant une vision bien définie du football de demain. Et mettre fin à cette spirale infernale : «si le football français est d’accord, dès le 12 au soir, nous entamerons les démarches nécessaires pour faire en sorte de convaincre la représentation parlementaire de porter les dispositions qui permettent la mise en œuvre effective de ce projet. Ce dispositif ne peut être mis en œuvre que si la proposition de loi est votée. Cela veut dire que, demain, il n’y aura plus de président élu à la Ligue puisque je désire que le management soit constitué de professionnels rémunérés pour diriger cette future entité. Il faut que chacun passe au-dessus de ses intérêts individuels pour voir ce qui est bon pour le futur de notre football. Je veux que la FFF puisse avoir un regard plus étroit sur les décisions finales avec à l’avenir plus de capacités d’intervention. C’est un changement majeur, mais comme on est dans une crise majeure, je pense que c’est peut-être aussi le bon moment de prévoir quelque chose qui est en phase avec notre époque. Aujourd’hui, quand je regarde l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, nos voisins, je pense qu’ils ont été peut-être plus innovants par anticipation sur leur mode d’organisation».
Le président de la FFF a été interrogé sur l’arrivée de Nicolas de Tavernost à la tête de LFP Media. L’ancien patron du groupe M6 penche vers la création d’une chaîne exclusive : «aujourd’hui, par exemple, ce serait lui le “boss” de la future société commerciale des clubs. Sa mission est importante pour réenchanter notre univers et permettre aux clubs de retrouver la prospérité qui n’aurait jamais dû les quitter. Nicolas a une vraie connaissance du milieu, des hommes et des structures. C’est un professionnel des médias car il a dirigé une chaîne, et il peut nous apporter tout ça pour créer un produit, peut-être une chaîne demain, si c’est l’orientation qui est prise, avec certainement un partenaire, au moins, pour nous accompagner dans un métier qu’on ne connaît pas, et qu’on prenne les bonnes voies. Parce que je le redis, il y a une partie de circonstances dans la crise actuelle, puis il y a une partie de mauvaises décisions». Lors de sa prise de parole dans les médias, Philippe Diallo a cherché à affirmer sa présence et démontrer que la FFF était bel et bien l’autorité à la tête du football français. Ce n’est pas la LFP ou certains présidents de clubs qui sont en cause. Si le projet de loi est adopté, la Fédération française de football verrait son influence accrue avec le transfert de la DNCG sous sa tutelle, et l’instauration d’un droit de veto sur des questions d’ordre général. Ces réformes pourraient être adoptées à partir de la saison 2026-2027.