Du statut de nouveau Zidane à celui d'éternel blessé, l'étonnant destin de Yoann Gourcuff

Par Guillaume Vigier
6 min.
La carrière de Gourcuff a été rythmée par des gestes grandioses, mais aussi par de terribles blessures @Maxppp

Capable de coups de génie, Yoann Gourcuff a montré pendant un court instant qu'il pouvait être un grand meneur de jeu. Malheureusement, les blessures à répétition l'ont rattrapé, et celui qu'on voyait comme un nouveau Zidane n'a pas pris la même direction que d'autres numéros 10 français de légende. Retour sur un destin brisé.

C'est du côté de Rennes que Gourcuff connaît ses débuts au haut niveau. Rapidement suivi par de grands clubs tels que Liverpool, Arsenal ou l'Ajax, il préfère rester en Bretagne, pour avoir la place de grandir. Le natif de Ploemeur joue 3 saisons avec le groupe professionnel du Stade Rennais, avant de céder devant les avances du grand Milan. Et alors qu'il fête ses 20 ans à l'été 2006, Gourcuff doit maintenant se faire une place parmi les Seedorf, Pirlo, Kaka, Maldini et consorts. Très vite comparé à Zidane par la presse italienne, le jeune français réussit à grappiller quelques minutes de façon régulière lors de sa première année à l'AC Milan, alors que les Rossoneri remportent la Ligue des Champions.

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Mais les choses se gâtent lors de sa deuxième saison dans le club lombard, et son temps de jeu diminue. Un phénomène dont Gourcuff est le premier responsable, si on en croit un certain Paolo Maldini, son coéquipier à l'époque. «Gourcuff, au Milan, s'est trompé à 100%», explique la légende milanaise. «De ce que j'ai vu, une bonne part des torts provient de lui. Son problème ici, c'était son comportement. [...] Il s'est passé beaucoup de choses. Des choses qu'il n'est pas possible de raconter. Mais lui, il sait très bien ce qu'il a fait.» Peu souvent présent sur le terrain, Gourcuff demande son prêt vers Bordeaux, lorsque Ronaldinho pose ses valises à Milan, ce que le club accepte. Chez les Girondins, Gourcuff devient vite une des pièces maîtresses de l'effectif.

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Au sommet de son art avec Bordeaux

Le milieu de terrain évolue en numéro 10 dans une équipe qui va de l'avant, dans laquelle il s’épanouit et montre un talent hors norme. Il marque des buts fantastiques comme contre Toulouse, ou le célèbre enchaînement face au PSG. Sous les ordres de Laurent Blanc, les Marine et Blanc engrangent les victoires et sont à l'image de leur métronome, irrésistibles. Les Girondins sont champions de France. À l'été 2009, il est acheté définitivement par Bordeaux contre un chèque de 13,5M€ et s'engage pour 4 ans avec le club au scapulaire. C'est à cette période que l'équipe de France lui ouvre ses portes. Ses débuts y sont prometteurs et encore, les comparaisons avec un certain Zidane sont légion.

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Lors de sa deuxième saison en Gironde, l'équipe réalise un parcours exceptionnel en partie. Les Girondins sont largement en tête du championnat à mi-chemin, mais c'est surtout en C1 qu'ils brillent le plus. Dans un groupe compliqué, avec notamment le Bayern Munich et la Juventus, Bordeaux finit premier invaincu, avec le plus haut total de points de la phase de poules. Mais après l'annonce de la prise de fonction de Laurent Blanc à la tête de l'équipe de France, les Bordelais galèrent. Ils dégringolent au classement en deuxième partie de saison, alors que des pépins physiques commencent à embêter leur maître à jouer. Gourcuff et les siens terminent 6e de Ligue 1, et se font éliminer par Lyon en quarts de finale de Ligue des Champions.

L'un des pires transferts de l'histoire de l'OL

L'été suivant est chargé en émotion pour le Breton puisqu'il fait partie de l'Équipe de France lors du naufrage de Knysna en 2010. Souhaitant évoluer au plus haut niveau, il demande à partir de Bordeaux pour aller à Lyon. Le club rhodanien l'achète pour 22M€, bonus compris, soit le plus gros transfert de l'histoire lyonnaise, à l'époque. Gourcuff est présenté devant près de 15 000 personnes au stade Gerland. «Je considère qu'un président réussit ce type de transfert une seule fois dans son parcours», s'amuse alors Jean-Michel Aulas. «On sent chez tout le monde une excitation me laissant penser qu'on vient de faire quelque chose d'hors normes». Des propos prémonitoires, mais sûrement pas dans le sens imaginé par le président lyonnais.

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Lors de sa première année sur les bords du Rhône, Gourcuff est déjà gêné par les pépins physiques, mais les choses empirent la saison suivante. Il manque le début du championnat, à cause d'une blessure à la cheville, et ne commence à jouer qu' en octobre. C'est ensuite son genou qui le retient loin des terrains. Sur la saison entière, il ne jouera que 13 matchs en Ligue 1. Et un schéma semble déjà se répéter qui résumera le passage du meneur de jeu du côté de l'OL, entre de nombreuses blessures qui freinent la progression du joueur, et des retours souvent prometteurs, mais qui ne durent jamais très longtemps avant une rechute. Les deux saisons suivantes de Gourcuff à Lyon ne sont pas bien différentes. Tantôt un genou capricieux, ou une cheville fragile, l'empêchent de s'installer durablement dans l'équipe.

Un retour en Bretagne mitigé

Pour sa cinquième et dernière année à Lyon, le milieu de terrain ne fait pas mieux, et ne joue que 19 rencontres, toutes compétitions confondues. Au-delà des pépins physiques, son mental pose de plus en plus question. En interne, la situation énerve car après 5 ans passés chez les Gones, Gourcuff n'a jamais réussi à s'imposer sur la durée. Il se retrouve finalement à la fin de son contrat, et n'est pas prolongé. Il file donc à Rennes, en terre connue, libre mais blessé. Encore. Il ne revient sur les terrains qu'au mois de janvier 2016, et le sort s'acharne. Il quitte le stade, blessé par un coéquipier. Il manque cinq matchs supplémentaires mais parvient finalement à se faire une place dans l'équipe. Son contrat, d'une saison à la base, est prolongé pour deux ans.

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La saison qui suit est bien meilleure pour Gourcuff. Moins gêné par les pépins physiques, il joue 28 matchs toutes compétitions confondues et obtient une place importante au sein de l'effectif. C'est d'ailleurs cette année qu'il est entraîné par son père, Christian Gourcuff. En revanche, la dernière saison à Rennes est de nouveau marquée par les blessures. Seulement 13 petits matchs joués en tout, et son aventure en Bretagne prend définitivement fin. Cependant, il ne reste pas longtemps sans club puisque dès le mois de juillet, il signe à Dijon, pour un an.

Une reconversion dans le tennis ?

Mais l'ancien international français n'a clairement plus l'impact qu'il pouvait avoir à Bordeaux, ou même à l'OL lorsqu'il pouvait enchaîner plusieurs matchs. En Bourgogne, il sort du banc pour quelques minutes de jeu seulement, et se blesse au genou dès le mois d'octobre. Après seulement huit rencontres jouées, d'un commun accord, le DFCO et Gourcuff décident de mettre un terme à son contrat. Une fin difficile pour le natif de Ploemeur qui laissera beaucoup de regrets. S'il n'a pas encore pris sa retraite, il y a bien longtemps que l'ancien Bordelais ne fait plus parler de lui sur les terrains.

Approché l'été dernier par l'US Concarneau, club de National, il choisit de ne pas donner suite. À 33 ans, le nom de Yoann Gourcuff a récemment refait surface. Ce dernier s'est remis au tennis, sport qu'il pratiquait dans sa jeunesse, en D2 départementale à Larmor-Plage. Drôle de fin pour une carrière si particulière. Avec des sommets et des blessures trop nombreuses, qui ont empêché le Breton d'exprimer tout son talent sur le terrain.

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