Brésil-Argentine : une rivalité relancée en Copa Libertadores ?
En dix ans, les clubs brésiliens ont remporté huit des onze éditions de la Copa Libertadores. Cependant, l’Argentine et d’autres nations du continent restent prêtes à contester cette domination. Qui pourra donc déstabiliser le Brésil et renverser son hégémonie sur la scène sud-américaine ? Décryptage.

Depuis le sacre de l’Atlético Mineiro en 2013, les clubs brésiliens ont imposé une domination sans partage sur la scène sud-américaine. Grêmio en 2017, Flamengo à deux reprises (2019 et 2022), Palmeiras en 2020 et 2021, puis Fluminense en 2023 et 2024 : en dix ans, le Brésil a remporté huit des onze éditions de la Copa Libertadores. Entre 2019 et 2023, quatre des cinq finales ont été également entièrement brésiliennes. Une régularité qui illustre à la fois la puissance économique de ses clubs, mais également la densité de talents disponibles dans les centres de formations brésiliens, souvent supérieurs à ceux de leurs voisins continentaux.
L’édition sud-américaine du quotidien AS note ainsi que «Si Botafogo n’est plus l’un des favoris pour conserver le trophée, ayant perdu plusieurs de ses joueurs vedettes, tels que Thiago Almada et Luiz Henrique, d’autres équipes brésiliennes telles que Palmeiras et Flamengo sont les principaux candidats au titre. Le pouvoir économique des clubs brésiliens leur donne un certain avantage sur le reste des équipes de la Conmebol. Bahia, Fortaleza et Internacional sont également en lice.» Le journal brésilien A Redação fait lui aussi le même constat. «Ces dernières années, la puissance économique des clubs brésiliens leur a permis de constituer des équipes fortes et compétitives, ce qui a assuré une participation massive aux phases finales», analyse-t-il.
L’Argentine prête à reprendre la main
L’Argentine, longtemps reine de la Copa avec Boca Juniors, River Plate ou l’Independiente, observe avec frustration l’emprise brésilienne. Même si River Plate, finaliste en 2019, semble aujourd’hui mieux armé pour jouer à nouveau les premiers rôles. «Alors que les six derniers champions de la Libertadores étaient issus du pays voisin, la situation semble pouvoir s’équilibrer cette année», anticipe la chaine de télévision argentine TyC Sports. Justement, le club de Buenos Aires a en effet affiné sa préparation pour répondre aux exigences actuelles de la compétition.
Dans ce contexte de haute intensité, Marcelo Gallardo peut s’appuyer sur quatre champions du monde 2022 (Armani, Pezzella, Montiel et Acuña) dont la présence apporte un « véritable supplément d’âme à l’effectif ». Ces cadres incarnent «l’état d’esprit nécessaire» pour viser les sommets continentaux. «River Plate, dernier champion de Libertadores non brésilien, tente de retrouver son rôle de leader dans la compétition. Depuis qu’elle a remporté le titre en 2018 et terminé deuxième derrière Flamengo en 2019, l’équipe n’a pas connu une bonne campagne. Aujourd’hui, avec le retour de l’entraîneur Marcelo Gallardo, des joueurs champions du monde et un marché récent solide, les « Millionarios » tentent de revenir dans l’apothéose de l’Amérique du Sud», développe le média sportif brésilien Lance.
Pour le journaliste José Manuel Valladares, spécialiste du sport sud-américain, «Les candidats qui tenteront de défier la puissance des Brésiliens sont bien les Argentins de River Plate, qui ont remporté leur quatrième titre en 2018 et sont la dernière équipe d’un autre pays à remporter la compétition». Il ajoute également dans les colonnes d’AP, que «le Racing Club, champion en titre de la Copa Sudamericana qui a battu Botafogo lors de la finale de la Recopa Sudamericana» dipose lui aussi de ses chances cette année.
Les autres nations en embuscade
Derrière les géants brésiliens et argentins, plusieurs nations historiques du continent tentent de bousculer la hiérarchie dans cette édition. En Uruguay, le retour en force de Peñarol suscite un véritable engouement. Le club de Montevideo, quintuple vainqueur du tournoi, a retrouvé le dernier carré pour la première fois depuis 2011, en éliminant le Flamengo de Tite. « Le retour de Peñarol en demi-finale ravive la flamme du football uruguayen », note A Redação, rappelant que le pays a remporté huit Libertadores grâce à Peñarol et Nacional, et a marqué les premières décennies de la compétition.
D’autres outsiders affichent aussi de solides ambitions. En Équateur, la Liga de Quito et l’Independiente del Valle continuent de s’imposer comme des références régionales, avec un jeu organisé et une formation efficace. Au Paraguay, l’Olimpia d’Asuncion, triple vainqueur de la compétition, espère retrouver sa superbe, tout comme Colo-Colo, seul club chilien sacré dans l’histoire du tournoi. Autant de prétendants prêts à profiter de la moindre faille pour s’inviter dans la lutte finale.