Arsenal, France : la carrière à deux visages de William Saliba

Par Aurélien Macedo
5 min.
William Saliba @Maxppp

En marge avec l’équipe de France et héros d’Arsenal, William Saliba dispose d’une appréciation différente de la part de Didier Deschamps et de Mikel Arteta. Remplaçant avec les Bleus, l’ancien Stéphanois ne cesse d’impressionner avec les Gunners.

L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde pourrait s’appliquer au cas de William Saliba. Si le cas du défenseur central est moins grave que celui du personnage de Robert Louis Stevenson, la dualité entre sa situation en équipe de France et avec Arsenal laisse perplexe. Devenu incontournable avec les Gunners, il n’est qu’un élément à la marge avec les Tricolores. Le traitement par ses deux coachs est également différent. Arrivé sur la pointe des pieds à Arsenal à l’été 2020 (il avait été acheté en 2019 puis prêté à Saint-Étienne), William Saliba avait pourtant commencé sur de mauvaises bases avec Mikel Arteta. Laissé de côté puis prêté à Nice à l’hiver 2021, il avait enchaîné avec un nouveau prêt à Marseille lors de la saison 2021/2022 qui lui a permis de revenir à Arsenal avec plus d’expérience.

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Une évolution qui lui a fait du bien puisqu’il est plus que jamais le patron de la défense centrale des Londoniens. Décalant Ben White côté droit et formant un duo XXL avec Gabriel Magalhães, il avait permis aux Gunners de jouer le titre en Premier League l’an dernier, et son absence avait été préjudiciable dans le sprint final. Cette saison encore, il crève l’écran. Avec 39 apparitions toutes compétitions confondues (2 buts et 1 offrande), il continue d’afficher une grande solidité et ce n’est pas un hasard si son équipe dispose de la meilleure défense du royaume (24 buts concédés contre 27 pour Liverpool et 28 pour Manchester City). Clef avec les Gunners, notamment lors des deux chocs contre Liverpool (1-1 et victoire 3-1), il a de nouveau été en vue dimanche dernier contre Manchester City (0-0).

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Intraitable en Premier League

Dès lors, les compliments germent de partout pour le Français. «Il est rapide, calme, lit bien le jeu. Il est bon dans les airs et il est fort. C’est une Rolls-Royce. Je pense que nous avons un joueur qui peut être très, très spécial. Il y a un bon duo avec Gabriel, mais, pour moi, c’est la Rolls-Royce qui nous a manqué au moment le plus important de l’année dernière. Il peut faire de notre mieux s’il continue comme il est. Arsenal a généralement toujours eu d’excellentes défenses – regardez des gens comme Tony Adams et Sol Campbell, de grands joueurs, et Saliba le sera pour son époque», s’était exclamé David O’Leary, ancien joueur d’Arsenal, en octobre dernier. Ce mardi, son coach Mikel Arteta a également été dithyrambique.

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En conférence de presse avant d’affronter Luton Town ce mercredi soir, le coach espagnol est revenu avec humour sur le moment où il a trouvé son duo défensif Saliba-Gabriel : «quand j’ai décidé avec Edu et le club d’envoyer Willy à Marseille. À ce moment… (sourire)». L’ancien joueur du Paris Saint-Germain et d’Everton a ensuite valorisé le duo : «vous le ressentez quand vous voyez le partenariat. Parfois, il y a une alchimie entre deux joueurs qui se complètent. Ils sont tellement heureux de travailler ensemble et l’un pour l’autre. Cela coule de source. Ils aiment vraiment jouer ensemble et ils ont été vraiment bons.» Précieux pour le club londonien, William Saliba aura une fin de saison chargée entre la course au titre en Premier League et la Ligue des Champions avec notamment un quart de finale contre le Bayern Munich.

Il n’a pas encore convaincu avec les Bleus

Ce portrait si reluisant qui lui est dressé en Angleterre est bien différent de celui que l’on retrouve au moment d’évoquer William Saliba en équipe de France. International depuis le 25 mars 2022 et une première cape contre la Côte d’Ivoire, William Saliba n’a pas quitté le groupe France depuis ce moment hors blessures. Cependant, tout n’a pas été positif pour lui bien au contraire. En 13 capes, il a connu six victoires, trois nuls et quatre défaites. Ces dernières ont été marquées d’ailleurs par des erreurs de William Saliba (2-1 et 2-0 contre le Danemark et 2-1 contre l’Allemagne en septembre dernier). En début de rassemblement, le discours de Didier Deschamps se voulait rassurant.

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«Il fait une bonne saison, de très bons matches, d’autres un peu moins bien. Il fait partie des meilleures équipes de Premier League avec Arsenal. William amène beaucoup de garanties. Il n’a pas eu un temps de jeu énorme avec nous. Mais de parce qu’il fait avec son club et ce qu’il est capable de faire, il est appelé avec nous. Il y a de la concurrence, mais il fait partie des quatre», expliquait le sélectionneur des Bleus. Pourtant avant de le faire débuter face au Chili (3-2) où sa performance a été plutôt bonne, le technicien français a été bien plus véhément au sujet de son joueur.

«Il fait une bonne saison. Il fait aussi des choses qui me plaisent moins. En équipe de France, il a un temps de jeu réduit, mais quand il a joué ça ne s’est pas forcément bien passé. La hiérarchie ne lui est pas favorable pour l’instant. Mais il est là. Dayot (Upamecano) avait eu du temps de jeu que peut-être William a moins eu. Sur certains joueurs, je fais en sorte d’insister, parce que ça peut être de la confiance ou des petits blocages qui peuvent basculer. Certains n’ont pas ce souci, d’autres mettent un petit temps. William a eu un temps de jeu réduit, donc ça ne va pas dans le sens d’avoir une grande sérénité» a martelé le technicien français. Loin d’être indispensable en Bleus à deux mois de l’Euro 2024, William Saliba doit inverser la donne en sélection. Une position bien différente de celle qu’il occupe en club où il s’affirme de plus en plus comme l’une (ou la) référence à son poste en Premier League.

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