Entretien avec Franck Songo’o : « Leo Messi ? Déjà chez les jeunes, c’était lui le meilleur »

Par Alexis Pereira
7 min.
Songo'o en sélection jeune @Maxppp

La cantera du FC Barcelone forme depuis longtemps de nombreux cracks. Messi, Piqué, Pedro : aujourd’hui ils font tous le bonheur des socios du Camp Nou. Franck Songo’o (22 ans), le talentueux milieu de terrain franco-camerounais, les a côtoyés à La Masia. Aujourd’hui à Saragosse, il est revenu pour nous sur son parcours.

FootMercato : Tout d’abord, comment allez-vous ?

Franck Songo’o : Tout va bien merci !

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FM : En Liga, la situation de votre club Saragosse (19e à 2 points du premier non relégable) est plutôt préoccupante. Ressentez-vous une pression particulière au sein du vestiaire ?

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FS : On a une pression différente, car on n’est pas en bonne position. Les supporters ne sont pas très très contents. Mais le club et nous les joueurs, on essaye de prendre les meilleures décisions pour sortir de là.

FM : À quasiment mi-saison, pensez-vous que le club a les moyens de se sauver et de se maintenir parmi l’élite ?

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FS : On a le niveau pour se maintenir en Liga. Je crois qu’on souffrait d’un problème de mental. Petit à petit, on travaille là-dessus et on s’améliore. L’effectif a largement le niveau. Je pense qu’à la fin de la saison, on sera sauvés.

FM : Pour se donner les moyens de cette ambition, le club réalise un gros recrutement hivernal avec notamment les arrivées d’Humberto Suazo, de Jiri Jarosik et d’Eliseu. Quel est votre point de vue sur ce mercato ?

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FS : Le club souhaitait renforcer ces postes. L’arrivée de l’attaquant Humberto Suazo, venu d’Amérique du Sud, qui d’après ce qu’on m’a dit est très très bon, devrait nous apporter beaucoup de buts. Quand un club est dans cette situation et a un gros budget comme Saragosse, il y a toujours des affaires durant le mercato.

FM : Parlons maintenant de votre situation. Depuis le début de la saison, vous ne disposez que d’un temps de jeu très limité alors que vous sortiez d’un bon exercice en 2008/09. Comment vivez-vous tout cela ?

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FS : Je ne figurais pas dans les premiers choix du coach précédent (Marcelino) donc je n’ai participé qu’à sept matches. Depuis son arrivée, le nouvel entraîneur (José Gay) a changé de système et n’ose pas trop faire confiance aux joueurs qui étaient déjà là, car il pense qu’on est encore proches de l’ancien coach. Il y a des clubs en Allemagne, en Italie et au Portugal qui se sont renseignés. J’avais des touches en Espagne – Tenerife, Racing Santander, Majorque - mais j’ai fait cinq apparitions en Liga donc ça empêche tout transfert ici.

Un départ cet hiver ?

FM : Songez-vous à partir cet hiver ? Avez-vous eu des offres concrètes ?

FS : Je ne sais pas encore ce que je vais faire. Il faut que je joue pour aller à la Coupe du monde. J’ai discuté avec Paul Le Guen (ndlr : le sélectionneur des Lions Indomptables), et je dois jouer régulièrement si je veux être du voyage. Donc j’aimerais bien partir ailleurs pour jouer. Je sais que le club a refusé plusieurs propositions concrètes. Mais il reste quelques jours encore donc tout peut se passer très rapidement. Je ne veux pas me contenter de jouer dix minutes par-ci, par-là : il me faut du temps de jeu.

FM : Que penseriez-vous d’un transfert en France ?

FS : Le championnat français, c’est un grand championnat, pas aussi grand que l’espagnol ou l’anglais, mais ça reste d’un très bon niveau avec beaucoup de bons joueurs. On y joue un bon football alors un retour en France pourrait être bénéfique pour moi.

FM : Revenons sur votre parcours. Vous avez été formé au FC Barcelone. Qui y avait-il dans votre promotion ?

FS : À Barcelone, il n’y avait que les meilleurs. Il y avait Lionel Messi, Gérard Piqué, Pedro et Cesc Fabregas. Il y avait aussi beaucoup d’autres joueurs qui n’évoluent pas aujourd’hui au plus haut niveau, mais on avait vraiment une très bonne génération.

FM : Quand on voit ces quatre exemples, on se demande pourquoi vous n’avez pas eu votre chance…

FS : Vous savez en football, tout est une question de moment. Et peut-être que mon heure n’était pas encore venue. J’espère que cette année sera la mienne.

FM : Pour en revenir à vos anciens partenaires à La Masia, étaient-ils déjà impressionnants chez les jeunes ? Sentiez-vous déjà qu’ils feraient une carrière professionnelle de haute volée ?

FS : Pour Leo surtout, c’était évident. Déjà chez les jeunes, c’était lui le meilleur. Il prenait le ballon et faisait la décision sur tous les matches. Il faisait ce qu’il voulait et marquait toujours trois buts par match. Pour les autres, avec beaucoup de travail et un peu de chance, ils ont explosé. Piqué a toujours été solide en défense et bon dans la relance. Pedro a toujours marqué énormément de buts, et aujourd’hui il continue. Et Cesc a toujours été notre organisateur de jeu. Aujourd’hui en Angleterre il s’est beaucoup amélioré et il marque plus.

Membre d'une génération dorée

FM : À l’image de Cesc Fabregas, vous êtes ensuite parti très tôt en Angleterre. Vous êtes passé par de nombreux clubs en peu de temps. Pouvez-vous revenir sur cet épisode de votre carrière ?

FS : Je suis parti là-bas à 18 ans. C’est Alain Perrin qui m’a amené à Portsmouth. Je jouais pas mal, mais ensuite les dirigeants l’ont limogé. Harry Redknapp l’a remplacé et c’était difficile pour lui de faire confiance à un jeune alors que le club était en difficulté au classement. À la fin de la saison, j’ai eu des offres d’autres clubs de Premier League. Portsmouth a refusé. Et comme je voulais jouer, je suis parti en deuxième division. Ça s’est bien passé, je jouais beaucoup de matches. C’était un football direct et différent, une bonne expérience.

FM : À votre palmarès, vous comptez une victoire lors de l’Euro 2004 des moins de 17 ans avec l’équipe de France ?

FS : Exactement, je faisais partie de la génération Samir Nasri, Jérémy Menez, Karim Benzema et Hatem Ben Arfa.

FM : Êtes-vous toujours en contact avec eux ?

FS : Oui, on se parle de temps en temps. Ce sont de gentils garçons. On s’entendait bien quand on était jeunes et ça n’a pas changé.

FM : Sentiez-vous qu’ils étaient capables de percer au plus haut niveau ?

FS : Quand tu es dans les sélections de jeunes, cela veut dire que tu as du niveau. Ensuite, si cela se passe bien pour toi en club, il n’y a pas de raisons. Samir a été le premier d’entre nous à s’imposer à Marseille, aujourd’hui à Arsenal il confirme. Hatem était le plus talentueux de nous tous. C’est un très grand joueur et j’espère qu’il franchira le dernier cap, car il a vraiment les qualités pour. Karim et Jérémy étaient des buteurs et ils le prouvent maintenant dans des grands clubs.

FM : Quel est votre sentiment sur le cas particulier Hatem Ben Arfa ?

FS : Je pense qu’Hatem a besoin d’un coach qui lui fasse entièrement confiance. S’il perd ses deux premiers ballons, ce n’est pas grave. Son entraîneur doit se dire que les cinq prochains seront des actions chaudes. Lionel Messi a eu cette chance-là au Barça, lorsqu’il est arrivé en professionnel. On l’a laissé faire ce qu’il voulait avec le ballon. C’est son jeu. Hatem aussi est un joueur différent. C’est son football, il est comme ça. À chaque fois qu’il a le ballon, c’est danger pour la défense adverse. S’il tombe sur le bon entraîneur, il va exploser, j’en suis plus que sûr.

Objectif Coupe du monde

FM : Leur réussite te donne forcément des idées.

FS : Je suis content pour eux et j’essaye de continuer mon parcours. Je travaille dur jour après jour. Je sais que j’ai les qualités pour arriver au même niveau qu’eux. Je suis encore jeune et j’espère que ça arrivera cette année pour moi aussi.

FM : Après avoir connu les sélections de jeunes en France, pourquoi avez-vous finalement choisi le Cameroun ?

FS : Quand j’étais jeune, le Cameroun ne m’avait jamais appelé. Mais mon père (Jacques) a joué pour le Cameroun, il a joué quatre Coupes du monde. Ma famille m’a demandé de choisir le Cameroun, elle voulait que je rentre. Et aujourd’hui, je suis très content d’avoir fait ce choix.

FM : Êtes-vous en contact avec le sélectionneur Paul Le Guen ?

FS : On parle surtout de ma situation. Il veut que je joue pour pouvoir m’appeler dans le groupe. Je pense que c’est un bon sélectionneur. Il pense beaucoup au groupe. Il va faire du bien au Cameroun.

FM : Pensez-vous être du voyage en Afrique du Sud pour la Coupe du monde ?

FS : Je crois que j’ai de bonnes chances d’y aller. Je sais que j’ai ma place dans cette sélection du Cameroun.

FM : Que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle année 2010 ?

FS : De la santé, c’est le plus important. Le reste, ça vient après.

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