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Lonsana Doumbouya, véritable rockstar en Thaïlande : «on peut réaliser quelque chose d’historique avec le Port FC»

Lonsana Doumbouya fait partie de ces belles histoires, celles que nous contons que trop rarement mais qui font néanmoins office d’exemples pour tous les jeunes qui rêvent de vivre de leur passion. Dans le cadre de notre série "Les Expats", l’international guinéen est revenu sur son parcours particulier. Du football amateur français jusqu’à son statut de rockstar en Chine et en Thaïlande.

Par Valentin Feuillette
10 min.
Lonsana Doumbouya au Port FC @Maxppp

Ce n’est pas la première fois que Lonsana Doumbouya prend le temps de discuter à notre micro. En janvier 2020, alors joueur du PT Prachuap FC et déjà meilleur buteur de la Thaï League, celui qui a grandi à Limoges brillait déjà au «Pays du sourire». Depuis de l’eau a coulé sous les ponts, la carrière de Doumbouya a bien évolué avec des passages remarqués en Chine, dans les rangs des clubs chinois de Meizhou Hakka puis du Shanghai Shenhua, en pleine période de la pandémie du Covid-19. Un nouveau pays, un nouveau championnat asiatique avec cependant les mêmes constances. Partout où il passe, Lonsana Doumbouya marque, devient la star de l’équipe et sait se faire apprécier dans toute la ville. Son parcours peut apparaître comme semé d’embuches, mais l’international guinéen s’est offert un parcours original, mais merveilleux : «au final, je regrette de ne pas être parti en Asie plus tôt parce qu’un footballeur recherche cette adrénaline, cette reconnaissance. En France, je ne l’ai pas eu, je n’ai pas signé pro en France. Mais en Asie, je l’ai eu tout de suite quand je suis arrivé et je me suis senti comme un vrai footballeur professionnel. Je me suis senti aimé avec des supporters derrière moi. Je me dis si j’avais pu y aller plus tôt, je l’aurais fait. Et aussi le côté un petit peu financier qui est quand même complètement différent de l’Europe», nous confie Lonsana Doumbouya en exclusivité dans les colonnes de Foot Mercato, lui qui avait aussi reçu des convoitises du Japon et de la Corée du Sud.

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«Comme on a appris récemment Oscar, c’est terminé avec Shanghai Port, on est rentré dans un cycle qui était très difficile en Chine, et je pense que là on va repartir sur un nouveau cycle où tout sera un peu plus frais et c’est aussi un peu ça la mentalité des Chinois, quand dans les autres pays, ça fait comme ça, eux ils font comme ça. La différence, c’est qu’ils arrivent à remonter directement et on ne sait pas peut-être que d’ici à l’année prochaine, ils vont tout de suite avoir un autre état d’esprit et peut-être faire comme l’Arabie saoudite et ça peut décoller du jour au lendemain, c’est leur mentalité», poursuit-il sur le football chinois. Après 42 matchs joués en Chine pour un total de 22 buts inscrits et 6 passes décisives délivrées sous les maillots de Meizhou Hakka et du Shanghai Shenhua, Lonsana Doumbouya a pris la décision de revenir en Thaïlande, le 29 avril 2022, pour porter les couleurs du Buriram United - plus grand club de Thaïlande. En deux saisons, il a marqué 22 buts, délivré 8 passes décisives, en remportant un magnifique triplé Championnat - Coupe - Coupe de la Ligue. Et lors du dernier mercato d’été en juin dernier, Lonsana Doumbouya s’est engagé avec le Port FC jusqu’à la fin de la saison. Après 15 journées jouées, le Port FC est classé à la 3ème position du championnat et Doumbouya affiche déjà 8 buts en 19 matchs, toutes compétitions confondues.

Une nouvelle campagne attendue

Fondé en 1996, le club de Port FC a connu des périodes bien sombres dans les années 2010 avec deux relégations en seconde division. Le rachat par Nualphan Lamsam a permis de redonner un coup de fouet au projet sportif. Et depuis plusieurs saisons, l’équipe s’installe durablement dans les premières places du championnat. Cette saison, ils sont en lice dans 4 compétitions dont l’AFC Champions League Two, l’équivalent de la Ligue Europa en Asie : «Moi, j’aimerais bien déjà, du haut de ma carrière, je ne suis pas Cristiano (rire, ndlr) atteindre les 140 buts. Les 140 buts à la fin de cette saison, ça sera déjà un bel objectif. Pour l’instant, je reste le meilleur buteur de l’équipe, donc il faut continuer. Je dois essayer d’atteindre mes objectifs personnels, mais je n’ai pas de pression par rapport à ça. Ce qu’on a fait là, ce qu’on a réalisé, c’est une première pour le Port FC qui n’a jamais fait la Ligue des Champions asiatique. C’est la 2, mais c’est quand même nouveau pour eux. Il y a moyen de faire quelque chose, c’est plus accessible. Donc si on arrive à aller le plus loin possible, je pense que ce serait quelque chose d’historique. Et même pour moi, d’un point de vue personnel, ça rentre dans mon palmarès», a-t-il expliqué. Fondée le 8 mai 1954 à Manille aux Philippines, la Confédération Asiatique de football (AFC) est l’organisme qui regroupe, sous la bannière de la FIFA, toutes les nations du continent asiatique et organise les compétitions entre clubs et entre sélections nationales à l’échelon asiatique. Elle est ainsi divisée en deux zones distinctes : Est et Ouest, regroupant ainsi 47 pays au total dont 46 membres de la Fédération internationale de football association (FIFA).

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La Zone Est, moins connue en Occident, est majoritairement composée des pays dits d’Asie orientale, à savoir la Corée du Sud, le Japon, la Chine, la Thaïlande, Hong Kong, le Viêt Nam, les Philippines, la Malaisie, l’Australie, Singapour et l’Indonésie. De l’autre côté, la Zone Ouest, plus médiatisée en Europe, est surtout formée des pays du Moyen-Orient et de l’Asie centrale tels que l’Arabie saoudite, l’Iran, le Qatar, l’Irak, les Emirats arabes unis, la Jordanie, l’Oman, le Bangladesh, l’Inde, l’Ouzbékistan, le Turkménistan et le Tadjikistan. L’AFC couvre donc une superficie de 43 810 582 km² avec plus de 2 300 langues parlées et plus de 4,3 milliards d’habitants. Autre football mais aussi autre culture avec une vision bien différente : «en Thaïlande directement on sent qu’au-delà de la passion, comme les Thaïs le disent si bien c’est du sabaï sabaï, c’est-à-dire que même s’ils sont passionnés, ça reste du football. Quand je suis arrivé dans mon premier club, que l’on gagnait ou perdait, il n’y avait aucune différence. En général, à 90% du temps, on est très très bien accueillis là-bas, on arrive avec un statut et on est privilégié dans pas de mal de choses. Pour un joueur lambda en Europe, quand on arrive en Thaïlande, on va directement faire la différence. Il y a ce côté qui est quand même assez sympa où on a un privilège, ça, c’est indéniable», explique-t-il. En effet, le Port FC a terminé 2ème du groupe F de l’AFC Champions League Two, derrière Lion City Sailors (Singapour) mais devant Zhejiang Professional (Chine) et Persib Bandung (Indonésie). Lonsana Doumbouya et ses coéquipiers affronteront en 8e de finale le club de Jeonbuk Hyundai Motor (Corée du Sud).

Une reconversion déjà toute trouvée

A 34 ans, Lonsana Doumbouya n’a pas dit son dernier mot avec le football. Après sa carrière de joueur, il pense déjà se reconvertir en conseiller sportif pour les jeunes joueurs. Fort d’un parcours original, le Guinéen de 34 ans veut utiliser ses expériences variées pour guider les joueurs sur le bon chemin : «j’ai déjà commencé un petit peu. J’ai ouvert un hôtel, un petit hôtel à Limoges, où j’ai pris un petit peu de tout, de chaque pays que j’ai ramené à Limoges. Mais pour clairement rester dans le football, je vais créer une entreprise de conseillers sportifs. Tout au long de ma carrière, j’ai eu des besoins, j’ai aussi vu certains joueurs qui ont eu certains besoins. Donc ce n’est pas seulement le côté agent, on a le côté agent, mais pour moi, chaque joueur a besoin de ce côté conseiller sportif, parce qu’un joueur ne va pas forcément se livrer de la même façon qu’il se livre avec un agent ou autre. Et dans cette structure, il y aura l’agent, l’avocat, le kiné, le podologue, un gestionnaire de patrimoine et donc moi l’idée, c’est d’articuler tout ça et le proposer au joueur dès le début. Moi je me suis rendu compte que tout est lié, j’ai vu certains jours aussi qui se sont retrouvés dans des situations… Un gamin qui sort en boîte jusqu’à je sais pas quelle heure du matin et qu’au final ça se passe mal pour x raison, ce n’est pas l’agent qui va appeler directement».

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Être proche des joueurs, les guider en étroite collaboration avec les agents, la famille, les clubs, les kinés et autres, tel est l’objectif de Lonsana Doumbouya : «C’est vraiment ce côté là où je peux intervenir, me déplacer, venir, être là pour le joueur et trouver les meilleures solutions. Je pense qu’en Europe, ils ont plus besoin. En Asie on est quand même sur une culture où par exemple les asiatiques comprennent les choses, ils sont disciplinés et les personnes qui viennent aussi en Asie, des fois ils se connectent un peu à la culture donc ils se réveillent un peu. L’idée pour moi, c’est d’aider des joueurs qui commencent en Europe et qui n’ont pas forcément un bon suivi. Quand j’ai commencé le foot, je connaissais des joueurs, j’avais des yeux qui pétillaient et ces joueurs-là aujourd’hui me demandent de l’argent aujourd’hui», a conclu l’attaquant de 34 ans qui a également joué en Belgique, en Autriche et en Ecosse. En tout cas, Lonsana Doumbouya continue de briller en Asie et a déjà un avenir tout tracé pour la suite de sa carrière. Comme le dit le proverbe thaï, quand l’eau monte, il faut vite la puiser. Et parce que la carrière de Lonsana est une histoire d’opportunités, il est prêt à s’en servir pour aider les futures générations de footballeurs.

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