La stratégie osée de Toulouse pour se maintenir en Ligue 1

Par Aurélien Macedo
5 min.
Rafael Ratão, au centre, célèbre un succès avec Toulouse @Maxppp

Relégué en Ligue 1 après une saison 2019/2020 calamiteuse, Toulouse s'est réorganisé depuis le départ du président Olivier Sadran et l'arrivée de Damien Comolli. Recrutant en se basant notamment sur les datas, les Violets reviennent en Ligue 1 avec un vent de fraîcheur et un mercato qui intrigue.

Un désastre peut être suivi d'une renaissance et Toulouse en est témoin. Relégué en Ligue 2 assez logiquement en tant que lanterne rouge de Ligue 1 lors de la saison 2019/2020, le Toulouse FC a vu Damien Comolli et le fonds d'investissement RedBird Capital Partners prendre le contrôle du club. Si le doute pouvait subsister au début, les nouveaux propriétaires ont vite annoncé la couleur. «Remonter, c'est sûr que c'est ce qu'on veut dans l'immédiat. Je l'ai dit aux joueurs et au coach. Donc on ne se cache pas là-dessus. On veut remonter dès cette saison. On veut s'installer en haut du classement de L1, être dans les 6-8e places. Il faut être en rapport avec la taille de la ville, qui est la quatrième de France. Il n'y a pas de raison. Quand je parlais de potentiel, je parlais de la ville, du stade, du club en général.» Le TFC aura donc une petite pression cette saison. «Le seul objectif qu'on a est un objectif de temps car on veut remonter l'an prochain. Pour le reste, nous ne sommes pas pressés. Tous les investissements de RedBird se font sur le long terme. On parlait des projets dans 7 ou 10 ans. C'est loin dans le sport de haut niveau» soulignait Damien Comolli à son arrivée.

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La data comme arme sur le mercato

Affichant un budget solide sans être trop exubérant, ce "Téfécé new look" voulait surtout apporter un vent de fraîcheur en utilisant les techniques de scouting de son nouveau président. Adepte de la data, Damien Comolli expliquait d'ailleurs à La Dépêche en décembre 2020 qu'il était ouvert à certaines innovations dans l'optique d'améliorer le recrutement : «on ne l'utilise pas (Football Manager) mais ils nous ont approchés pour qu'on travaille avec eux. Ce que, je pense, on va faire parce qu'il y a des aspects dans Football Manager qui sont intéressants. C'est un jeu intéressant et performant où l'on peut récupérer des infos utiles. (...) On sait que la base de données sur l'historique des blessures des joueurs dans Football Manager est unique, donc on va sûrement aller piocher dedans. On travaille avec des sociétés qui nous fournissent de la data, comme Opta ou StatBomb, et après, on a des statisticiens, nos propres logiciels, nos propres algorithmes, qui nous aident dans toutes les décisions qu'on prend dans la gestion du club.»

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Une méthode qui n'est pas sans rappeler celle utilisée à Brentford (Angleterre) et qui dresse un parallèle avec le film Moneyball avec l'utilisation des datas dans le baseball. Également de plus en plus exploitées, cette stratégie se retrouve du côté d'un club comme Liverpool mais aussi à Toulouse où Brendan MacFarlane y a développé ses méthodes auparavant utilisées à Brentford. Au Danemark, le club de Midtjylland l'a inscrit dans son ADN et est devenu une référence du championnat. «Midtjylland a son propre modèle développé par Matthew Benham qui est du coup aussi utilisé à Brentford. Par contre, pour avoir échangé avec des scouts de clubs danois, il y a de plus en plus une utilisation dans chaque club d’outils comme Instat, WyScout, StatsBomb... donc ils utilisent aussi la data pour faire du scoutisme de joueurs en plus de l’observation terrain» nous expliquait Nordisk l'été dernier. Toulouse s'est donc inspiré de modèles innovants et assez éloignés de ce qui se faisait en France afin de revenir au premier plan et cela a fonctionné.

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La montée et maintenant la volonté de s'inscrire sur la durée

Loupant la promotion en Ligue 1 en perdant un barrage contre le FC Nantes, Toulouse a néanmoins posé les bases sur sa première saison en Ligue 2. Recrutant Isak Pettersson (IFK Norrköping), Branco van den Boomen (De Graafschap), Deiver Machado (La Gantoise), Sébastien Dewaest (Genk), Brecht Dejaegere (La Gantoise), Naatan Skyttä (Ilves), Rhys Healey (MK Dons) ou encore Stijn Spierings (Levski Sofia) pour sa première saison, Toulouse a vite indiqué ses secteurs de recherche préférentiels avec la Belgique et les Pays-Bas d'un côté et l'Europe du Nord de l'autre. Actuellement, Branco van den Boomen est la star de l'équipe (12 buts et 23 offrandes en 41 matches l'an dernier), Rhys Healey le buteur phare (22 buts et 4 offrandes en 37 matches l'an dernier) tandis que Brecht Dejaegere en est le capitaine. Nathan Skyttä trouve ses marques tandis que Stijn Spierings reste un joueur important de l'effectif. De son côté, Deiver Machado a rejoint Lens moyennant 1,8 million d'euros seulement un an après son arrivée. Si tout n'a pas été une réussite, globalement Toulouse a fait de bons coups permettant de reconstruire un effectif compétitif.

La saison suivante, Rafael Ratão (Slovan Bratislava), Ado Onaiwu (Yokohama F. Marinos), Rasmus Nicolaisen (Midtjylland), Mikkel Desler (Haugesund) et Denis Genreau (Macarthur) ont eu un apport intéressant. Malgré cette volonté d'apporter de la nouveauté et de la fraîcheur, Toulouse ne manque pas de s'appuyer aussi sur un centre de formation qualifié. Le milieu droit Sam Sanna (23 ans) a fait ses débuts et vient d'être prêté à Laval pour s'aguerrir tout comme le milieu gauche Mamady Bangré (21 ans) qui est allé en prêt à Quevilly. Le milieu relayeur camerounais Steve Mvoué (20 ans) grandit doucement ainsi que la sentinelle Tom Rapnouil (21 ans) mais la plus belle réussite est le défenseur central Anthony Rouault (21 ans) qui a fait son trou dans l'effectif. Conservant aussi un ADN local, Toulouse offre un joli mélange qui lui a permis de devenir champion de Ligue 2. Promus, les Violets vont devoir batailler pour éviter la relégation puisque cette année, il y aura 4 équipes qui glisseront en Ligue 2. Disposant de certitudes, le promu continue de s'armer pour atteindre cet objectif. Première recrue, l'international marocain (11 capes, 2 buts) Zakaria Aboukhlal (22 ans) qui a livré de belles promesses à l'AZ Alkmaar. Ensuite, le Norvégien Kjetil Haug (24 ans) est venu occuper le poste de gardien avant que Toulouse mise 2,5 millions d'euros sur Thijs Dallinga. L'attaquant de 21 ans est le dernier meilleur buteur de la D2 néerlandaise avec 36 buts en 43 matches. Un bilan solide qui soulève l'intérêt. Vent de fraîcheur en Ligue 1, le Téfécé de Philippe Montanier et Damien Comolli se présente déjà comme l'une des futures attractions du championnat.

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