Michaël Manuello, agent d’Olivier Giroud : "la France n’est pas une priorité"

Par Dahbia Hattabi
9 min.
Olivier Giroud sous le maillot de Chelsea @Maxppp

De nouveau buteur avec l'équipe de France durant ce mois de novembre, Olivier Giroud a encore prouvé qu'on pouvait compter sur lui. A 34 ans, l'attaquant de Chelsea est à la croisée des chemins, lui qui doit gérer une situation délicate en club et la question de son avenir. Contacté par nos soins, son agent a fait un large point sur le dossier.

Son rêve bleu continue. A 34 ans, Olivier Giroud apporte encore et toujours sa pierre à l'édifice en équipe de France. Régulièrement remis en cause voire critiqué, le natif de Chambéry répond sur le terrain et uniquement sur le terrain. Ce qu'il a fait durant ce rassemblement de novembre où il a marqué un doublé face à la Suède mardi (4-2). Retrouver les Bleus est une vraie bouffée d'oxygène pour l'attaquant tricolore qui connaît un début de saison délicat avec d'autres Blues, ceux de Chelsea. Depuis le début de l'exercice 2020-21, le Frenchy n'est apparu qu'à six reprises toutes compétitions confondues. Ce qui rappelle ce qu'il avait vécu en début de saison dernière, quand Frank Lampard le faisait très peu jouer avant de compter sur lui lors de la deuxième partie de l'année. Contacté par nos soins, l'agent d'Olivier Giroud, Michaël Manuello, a évoqué la situation particulière de son joueur.

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Une situation à Chelsea à gérer

«Je pense que, dans son cas, ça dépend de comment on voit les choses. Si on regarde après le 1er août, je suis d'accord avec vous (sur le fait que sa situation ressemble à celle de l'an dernier, ndlr). Si on prend ce qui s'est passé en fin de saison dernière, je ne suis pas d'accord avec vous car Chelsea a joué en juin et en juillet. Sur les six derniers mois, Olivier a enchaîné plus de seize matches, si on prend tout le temps de jeu confondu juste à Chelsea. Il a battu un record dont personne n'a parlé car aucun joueur de 33 ans n'a fait un finish comme il l'a fait. Effectivement, depuis début septembre, ça a évolué mais ça n'a pas remis en question sa capacité à jouer les matches de l'équipe de France comme cela a été dit par certains. On dit aussi dans le même temps que Chelsea a fait des débuts canons. Je l'entends. Mais avec Olivier Giroud et sans les recrues, Chelsea c'était 18 points pris en 9 matches. Ces 18 points ont été pris quand Olivier était titulaire à sept reprises. Chelsea avait marqué 18 buts. Depuis le début de la saison, Chelsea a fait 8 matches, a marqué 22 buts et pris 15 points. Donc s'ils gagnent le prochain match, ils seront à égalité avec ce qu'a fait Olivier l'an dernier. »

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Il poursuit : «ces 5 dernières années, il y a une quinzaine d'équipes qui ont été capables de marquer le même nombre de points. Donc c'était une très bonne fin de saison et un très bon début pour Chelsea mais ça n'a rien d'extraordinaire. Mais entre temps, il y a quand même 150 millions d'euros de joueurs qui ont été achetés. Ce n'est pas pareil de jouer avec Ziyech, Havertz, Werner ou sans eux. Donc je relativise quand même. Mais il ne faut pas être aveugle et Frank Lampard a décidé de remettre Tammy Abraham devant lui. Ce n'est pas forcément juste par rapport à ce qu'Olivier avait fait en fin de saison. Mais il a le droit, c'est son choix. Donc effectivement, si ça continue dans ce sens-là, alors oui en décembre on va se retrouver comme en décembre 2019. Il s'est quand même passé des choses ces cinq derniers mois. On ne peut pas revenir que sur les deux derniers mois et être amnésique sur les trois d'avant. Mais il faut être honnête et c'est vrai que si ça continue, il faudra, d'abord pour lui, qu'il vive d'autres émotions.»

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Composer avec une forte concurrence chez les Blues comme chez les Bleus

En attendant, l'avant-centre, en bon professionnel comme l'a toujours souligné Frank Lampard, ne se laisse pas abattre et se tient prêt à saisir la moindre occasion même si la situation est forcément délicate. «Olivier est prêt. Ce qui est intéressant avec lui, c'est que quand Arsène Wenger avait essayé de changer de système de jeu à Arsenal en mettant Alexis Sanchez, Theo Walcott ou encore Danny Welbeck à sa place devant, à chaque fois qu'on l'avait fait jouer, il avait été performant. Tous les coaches qui ne le mettent pas, ce n'est pas parce qu'il n'est pas performant, c'est juste car ils ont une autre idée du foot. Ils veulent plus de vitesse, plus de mobilité. Il y a aussi une crainte vis-à-vis de l'âge. Mais à chaque fois qu'il joue, Olivier est aussi performant que les autres, voire plus.»

Il ajoute : «au fond de lui, il y a un peu de déception, quand on redonne une chance à (Tammy) Abraham plutôt qu'à lui. Il sait aussi qu'à 34 ans, il ne peut pas faire 55 matches par saison. Physiquement, ce n'est pas possible. Il y a une petite déception mais il se tient toujours prêt pour l'équipe. On l'a vu en équipe de France, il a fait trois matches il a marqué deux buts. Même si on a parlé de lui après la défaite contre la Finlande.» Indispensable aux yeux de Didier Deschamps, Olivier Giroud sait qu'il devra néanmoins jouer beaucoup plus d'ici le rassemblement de mars comme l'a averti le sélectionneur. Un avis qui compte forcément pour le footballeur et son entourage qui doivent composer avec une concurrence plus importante chez les champions du monde 2018.

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«Si ça continue ainsi, oui ce n'est pas une position idéale. Par contre, en équipe de France, il y a une autre évolution qui est très intéressante car cette fois-ci, on a des joueurs qui se rapprochent et qui sont compétitifs en sélection. Marcus Thuram a montré qu'il était intéressant pour des premières sélections. Anthony Martial prend de l'âge et il est en train de s'affirmer de plus en plus. Donc il commence à y avoir d'autres possibilités. Des possibilités tactiques et physiques. Pour être optimum et prétendre à être dans le onze titulaire des Bleus, il faut qu'Olivier ait plus de temps de jeu que les deux derniers mois.»

Un avenir au cœur des débats

Un départ durant le mercato d'hiver pourrait donc être étudié si Frank Lampard ne fait pas plus appel à lui comme le précise Michaël Manuello : «de toute manière, à 34 ans, si la situation n'évolue pas à Chelsea, cette fois-ci, il n'y aura pas d'option (pour une prolongation d'un an) sur le contrat d'Olivier. Donc il y aura une volonté d'aller prendre du plaisir et de jouer. L'année dernière, il y avait malgré tout une option. Là, c'est différent, d'autant que Chelsea a aussi pu recruter à la différence de la saison passée. Donc il y avait besoin de garder du monde car derrière Abraham, il n'y avait pas grand monde à part Olivier et Michy (Batshuayi) en 2019-2020. A présent, on est dans une configuration bien différente. Ce sera plus simple de tous les côtés.»

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Ce qui est certain, c'est que des clubs vont tenter de s'engouffrer dans la brèche et de l'enrôler cet hiver. «Pour l'instant, c'est trop tôt pour savoir ce qui est vraiment concret ou pas. Les intérêts, les rumeurs, pour moi ça a peu d'intérêt. On verra à partir de mi-décembre. Un mercato de janvier, avant mi-décembre, ce ne sont que des rumeurs. On ne sait pas où les clubs seront, ni comment Olivier va performer avec Chelsea. On ne sait pas s'il va y avoir des blessés, s'il y aura des opportunités. Donc ça ne sert à rien. Il n'y a pas un vrai travail là-dessus pour le moment. On ne sait pas aujourd'hui. Ils n'ont fait que 8 matches en championnat. A Chelsea, d'ici le mois de janvier, il y aura onze matches à jouer. Olivier appartient à son club, il est focus sur la compétition et on verra à partir de mi-décembre pour trancher dans un sens ou dans l'autre.»

Priorité à l'étranger

Pourtant, l'ancien du MHSC est annoncé dans le viseur de l'OL, l'OM et Bordeaux. Mais un retour en L1 semble difficile à écouter son agent. «Concernant la France, Olivier a répondu à ce sujet. Ce n'est pas une priorité. C'est toujours envisageable en fonction de ce qui se présentera, ce n'est pas exclu mais ce n'est pas une priorité. En termes d'émotions, il y a d'autres choses à vivre. Il a joué en France et il a été champion avec Montpellier. Aujourd'hui, il n'est pas qu'à la recherche de temps de jeu. Il est à la recherche de plaisir, de qualité de vie et d'émotions fortes. Donc si jamais il peut découvrir encore une nouveauté, il ira vers la nouveauté, ça sera plus intéressant pour lui à vivre.»

Relever un nouveau challenge à l'étranger, ailleurs qu'en Angleterre, semble donc être le projet prioritaire. Bien que la porte ne soit pas totalement fermée pour la Premier League. «L'idéal serait plutôt pour lui de découvrir une autre culture, de faire un autre tour d'horizon. Maintenant, un nouveau club anglais avec des objectifs peut aussi le faire réfléchir car la grande différence avec la Premier League, c'est que ça reste un championnat hors norme, qui offre un plaisir différent. Donc si un vrai bon club de Premier League venait, oui ça pourrait peser. Mais il y a une ouverture d'esprit pour aller vivre quelque chose ailleurs à l'étranger.» Tout dépendra donc de la suite de sa saison à Chelsea et de la gestion de Frank Lampard. Un technicien avec lequel il n'échange pas plus que ça sur le sujet.

Une bonne relation avec Frank Lampard

«Les entraîneurs parlent très peu avec leurs joueurs dans la vie. Il y a peu de discussions en tête-à-tête. Là, il n'y a pas besoin de discuter. Lampard et Olivier se connaissent très bien et les deux connaissent très bien la situation. C'est clair pour les deux. Frank Lampard affectionne Olivier, il l'a dit dans la presse et il n'a pas menti. Mais il est obligé de faire des choix. Quand on a plusieurs joueurs et qu'on gagne, on peut maintenir le onze. Il peut essayer de bâtir une équipe pour être champion dans un ou deux ans. Et ça ne peut pas être avec Olivier. Même si Olivier peut être performant aujourd'hui, il est aussi obligé de mettre les joueurs qui seront là dans un, deux ou trois ans. Avec toutes les recrues, il va jouer peut-être le titre cette année mais ce sera difficile. Son équipe devrait arriver à maturité pour gagner le titre en Premier League d'ici un ou deux ans.»

Il poursuit : «dans cette construction-là, il est obligé de faire des choix et on le comprend. On le regrette, mais on le comprend tout à fait. Il n'y a pas de problème entre eux. Si demain Olivier doit partir, il ira frapper à sa porte et le coach lui dira : "je sais c'est bon". Il n'y a pas besoin de discussions en permanence là-dessus. Quand on est mature, adulte, qu'on maîtrise son football, il n'y a pas besoin de tout ça. Donc rester à Chelsea est une priorité, mais si ça n'évolue pas, on partira.» Le message est passé !

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