Ligue 1

Le cas Rayan Cherki enflamme l’Algérie

Après une première partie de saison réussie, Rayan Cherki attise les convoitises à l’approche du mercato d’hiver. Mais il n’y a pas que des clubs qui draguent le joueur de l’OL, puisque la France, l’Italie et l’Algérie espèrent qu’il les rejoindra pour évoluer avec les A dans un avenir plus ou moins proche. Du côté des Fennecs, la porte est grande ouverte pour le footballeur âgé de 21 ans.

Par Dahbia Hattabi
9 min.
Rayan Cherki @Maxppp

«On était plus proches de la famille de ma mère que de celle de mon père, c’est aussi pour ça qu’on a plus creusé nos racines algériennes. Presque tous mes frères sont déjà allés en Algérie. J’aimerais bien y aller un jour aussi, voir à quoi ressemble la ville dont ils viennent, Biskra. Les portes du désert.» Il y a quelques mois, Rayan Cherki (21 ans) a fait un aveu dans les colonnes de So Foot. Le footballeur né en 2003 rêve de se rendre en Algérie, le pays dont est originaire une partie de sa famille maternelle. Nul doute que la venue du joyau de l’Olympique Lyonnais sur le sol algérien serait un évènement, comme cela l’a été lors de la visite de Karim Benzema (37 ans). Cherki n’a pas (encore) la carrière d’un KB9, mais il espère suivre son exemple et ceux d’autres grands talents passés par le centre de formation de l’Olympique Lyonnais.

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Après des premiers pas à l’AS Saint-Priest, il a fait ensuite toutes ses classes au sein de la maison lyonnaise. Grand espoir, il a été suivi de très près dès son plus jeune âge. Chacune de ses prestations et chacun de ses gestes étaient décortiqués de près. L’OL, conscient d’avoir un talent pas comme les autres, l’a vite blindé. Mais son éclosion au plus haut niveau a pris du temps. Certains entraîneurs ne lui ont pas donné sa chance et/ou ne l’ont pas compris. Le joueur a aussi parfois manqué d’un peu de maturité. Mais cette saison, les planètes semblent enfin alignées et Lyon peut enfin tirer le meilleur de Rayan Cherki. Un joueur impactant, décisif, mûr dans le jeu et avec le bon état d’esprit. Cela est une excellente nouvelle pour l’OL, qui ne fermera pas la porte cet hiver en cas d’offre d’au moins 30 M€, et pour le joueur, qui veut finir la saison entre Rhône et Saône avant éventuellement de voler de ses propres ailes.

La FAF est intéressée mais patiente

2025 sera donc une année très importante pour le Bleuet, que ce soit en club comme en sélection. Passé par les U16 (2 capes) et les U19 (3 capes) tricolores, Cherki évolue depuis 2021 avec l’équipe de France Espoirs. Quand ça n’allait pas fort avec l’OL, il profitait des trêves internationales pour retrouver du temps de jeu et du plaisir. Avec les Bleuets, il totalise 24 sélections et il a marqué 12 buts. L’été dernier, il a aussi participé aux Jeux Olympiques de Paris 2024 avec les U23 chapeautés par Thierry Henry (6 matches, 2 buts). Une sélection avec laquelle il a été sacré vice-champion du monde olympique. Mais contrairement à certains de ses coéquipiers, comme Michael Olise ou Manu Koné, Cherki n’a pas encore eu l’honneur de rejoindre l’équipe de France A. Mais le Lyonnais est observé par le staff des Bleus. D’autant qu’il réalise une belle première partie de saison, lui qui totalise 5 buts et 7 assists en 18 matches toutes compétitions confondues.

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Mais ses prestations n’ont pas échappé à l’Italie et à l’Algérie. Deux pays qui peuvent aussi sélectionner Rayan Cherki. Concernant la Nazionale, elle a déjà dragué le joueur, dont l’un des grands-pères a des origines italiennes. Pour l’Algérie, elles viennent du côté maternel de sa famille. Ce n’est pas un secret, les Fennecs suivent depuis très longtemps Rayan Cherki. Mais dernièrement, la Fédération Algérienne de Football, en quête de nouveaux talents binationaux capables de faire passer un nouveau cap aux Verts, souhaite avancer sur ce dossier prioritaire. Une source proche du dossier en Algérie nous a expliqué que la FAF fait le travail pour essayer de le convaincre. Mais elle ne veut lui mettre aucune pression et estime que c’est à lui de choisir le bon moment pour trancher à ce sujet. Cela va dans le sens des dernières informations publiées par Compétition Le média algérien a expliqué que Walid Sadi, le président de la FAF, a eu de bons retours lors des premiers échanges avec la famille du joueur, en particulier le père du footballeur. Les deux hommes ont échangé après la fin des JO de Paris. Une compétition dont le Lyonnais serait ressorti frustré et déçu d’un point de vue individuel.

La presse algérienne attend des avancées

Compétition écrit à ce sujet : «Rayan Cherki était décidé, après la compétition, à accepter la proposition de la FAF. Son père a d’ailleurs informé Walid Sadi que son fils est d’accord pour représenter l’Algérie, toutefois il a exigé une seule condition du président de la FAF : "mon fils veut un rendez-vous avec Vladimir Petkovic afin de discuter du projet sportif". Sadi savait que c’était le moment d’appuyer sur le bouton pour l’avoir et avait, dans la foulée, transmis l’information au coach national, mais accaparé par la préparation du stage de septembre, Vladimir Petkovic va différer son voyage à Lyon pour rencontrer Rayan Cherki. D’après d’autres versions, le coach bosnien, qui prétend disposer d’assez de solutions dans son poste, aurait fait exprès de retarder son déplacement. Mal lui en prit, puisqu’entre-temps, après avoir été mis sur la touche à l’OL, Cherki revient en force et enchaîne les grosses performances jusqu’à ce que la presse française commence alors à militer pour sa convocation chez les A de Didier Deschamps.»

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Malgré cela, la FAF, par le biais du président, a continué d’échanger avec le père du joueur. Mais le footballeur né en 2003 veut faire tranquillement sa saison avant de régler son avenir à l’OL puis en sélection. Dans cet ordre-là, selon Compétition, qui a dévoilé d’autres détails : «récemment, on dévoilait dans ces mêmes colonnes que la FAF aurait exigé de Rayan Cherki de trancher à propos du changement de nationalité avant le prochain stage de mars. La FAF s’est ravisée en laissant le temps au joueur et éviter de lui mettre la pression, de crainte de voir les chances de l’avoir s’amenuiser. Tout simplement, le revirement de la première instance du football national est motivé par le souci de ne pas perdre une future star mondiale.» Si certaines sources nous confient que Cherki pencherait plus pour les Bleus, d’autres, elles, indiquent qu’il préfère l’Algérie. Pour le moment, il n’a pas officiellement tranché sur le sujet. Mais en Algérie, certains médias sportifs estiment que la FAF doit essayer de boucler ce dossier au plus vite, si possible avant le prochain rassemblement au mois de mars 2025.

Un joueur qui peut beaucoup apporter aux Fennecs

Comme expliqué précédemment, la fédération ne veut pas brusquer le joueur et se plie à ses demandes. Malgré tout, elle a bon espoir d’y parvenir. Ce qui est sûr, c’est que la FFF et la FAF sont au bras de fer pour tenter de l’emporter sur ce dossier, alors que l’Italie semble avoir quelques longueurs de retard. Si tout est encore possible, en Algérie, beaucoup rêvent de le voir revêtir le maillot des Fennecs et mettre son talent au service du pays. C’est le cas de Yassine Bouali, directeur de la rédaction de Shoot Africa. «Il est dans la forme de sa vie. Il pourrait rendre des services à toutes les sélections du monde. Il peut jouer avec la France, l’Algérie et l’Italie. Il n’y a pas que Didier Deschamps qui pourrait s’intéresser à Rayan Cherki. Les trois sélections voudraient l’avoir. Concernant la fédération algérienne, elle essaye de le convaincre de jouer pour l’Algérie. Sincèrement et honnêtement, je n’ai aucune information dans ce sens. Comme il est binational, la fédération et l’entraîneur le suivent certainement de près, comme le fait certainement Deschamps et le sélectionneur italien.»

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Il poursuit : «aujourd’hui, dans son registre, très peu de joueurs peuvent faire la différence en un contre un, dans la dernière passe. Il pourrait apporter énormément dans l’entrejeu pour la sélection algérienne. Bien sûr, c’est avec joie que je le verrai en sélection algérienne en tant qu’Algérien. Aujourd’hui, il n’y a que lui et ses conseils qui ont la réponse à la question que se posent beaucoup de médias. Mais c’est quelqu’un qui pourrait apporter énormément à l’Algérie pour une carrière internationale. Pour moi, qui aime le beau jeu et le football, c’est l’un des rares joueurs qui me fait kiffer et pour lequel je suis prêt à payer ma place pour aller regarder un match de foot.» Le sentiment est le même pour Redouane Medhaoui, journaliste et présentateur à Echourouk TV et spécialiste du football algérien. «Rayan Cherki fait partie des joueurs qui évoluent en Europe et en France, qui font des exploits chaque saison (…) Il fait parler tout le monde. Les supporters algériens font partie de ses fans. Il a des origines françaises, italiennes et algériennes. On espère le voir en équipe nationale algérienne. C’est un joueur exceptionnel et talentueux. Il fait son meilleur début de saison par rapport à l’an dernier.»

Les supporters algériens en parlent beaucoup

Il poursuit : «on a vu des articles en France qui disent que la FAF n’a pas d’intérêt. On a Aouar, Gouiri et d’autres joueurs. La FAF a tout fait pour les avoir. Il y a vraiment un groupe qui attire. Cherki doit faire le bon choix pour sa carrière. C’est le moment en équipe nationale d’avoir une bonne génération de jeunes talentueux. On a aussi des joueurs de L1 algérienne qui se développent en Belgique notamment. Pour Cherki, ce serait bien de le voir lors des prochains stages. C’est la fin d’un cycle avec Bounedjah, Slimani… Cherki est un joueur qui peut jouer offensivement à n’importe quelle position, ailier gauche ou droit, en faux 9. Il a un truc très important, c’est sa technique, sa vivacité. Ça fait vraiment la valeur d’un joueur qui possède un vécu magnifique. Il y a la Coupe du Monde, c’est un rêve pour tous les Algériens. La CAN aussi, puisqu’on a vécu deux tournois très difficiles après l’avoir gagné en 2019. Je vous assure que la FAF s’intéresse vraiment à ce joueur.»

Et selon lui, l’Algérie a de quoi l’attirer. «Il a de la famille à Biskra. Il a toujours voulu venir visiter l’Algérie, Alger. À l’OL, il a connu Slimani, Benlamri, Aouar et Gouiri. Il y a un contact spécial, qui fait que Cherki s’intéresse à l’Algérie. Actuellement, il y a Saïd Benrahma qui joue à l’OL. On espère avoir Rayan Cherki lors du prochain stage. Ici, quand on parle de Rayan Cherki, tout le monde s’intéresse à ce joueur qui est pétri de qualités. Il est parmi les meilleurs espoirs et confirme sa place en L1 et en Europe. Il doit prendre la meilleure décision pour lui. À 21 ans, c’est maintenant ou jamais. Tout est possible. On a vu Houssem Aouar avec les Espoirs en France. Il est venu ici après quelques années. C’est l’exemple numéro 1 à suivre pour Cherki. C’est le moment.» Comme pour son avenir en club, Rayan Cherki va devoir faire des choix importants en 2025. Ce qui est sûr, c’est que la porte est ouverte du côté de l’Algérie. À lui de la pousser ou de la fermer dans les prochains mois.

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