Laurent Koscielny : « la victoire des Bleus au Mondial m’a certainement fait plus de mal psychologiquement que ma blessure »

Par Mathieu Rault
4 min.
France Laurent Koscielny @Maxppp

Blessé gravement à un mois du Mondial en Russie, Laurent Koscielny a manqué d'écrire l'histoire avec les Bleus, devenus double-champions du monde. Dans une interview donnée à Canal +, très ému, le défenseur de 33 ans est revenu sur ce rendez-vous manqué, regrettant le manque de présence du sélectionneur, Didier Deschamps.

Cinquante-et-un matches en équipe de France, un but, deux passes décisives, six cartons jaunes, un carton rouge. Le bilan de Laurent Koscielny en sélection, qui vient de tirer un trait sur l'Equipe de France. Victime d'une rupture du tendon d'achille avec Arsenal, lors de la demi-finale retour de Ligue Europa, contre l'Atlético de Madrid, le 3 mai de cette année, le défenseur de 33 ans a manqué le train pour la Russie. S'il avait, dans une longue missive, apporté son soutien à ses partenaires, leur souhaitant bonne chance pour l'échéance russe, l’événement aura finalement été un crève-coeur pour le natif de Tulle. Dans une interview accordée à Canal +, très ému, le joueur a raconté son Mondial. Entre dégoût et joie mesurée.

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«La blessure a été dure, dure à encaisser. La suite a été encore plus dure. Parce qu’ils ont gagné la Coupe du monde. Il y a un côté égoïste, j’aurais pu faire partie de l’aventure et gagner la Coupe du monde. J’aurais ça toute ma vie en tête. Il faut digérer. Personne ne pourra se mettre à ma place, de se blesser un mois avant la Coupe du monde, voir l’équipe être championne du monde. J’étais super content pour eux, mais à la fois dégoûté. Tu ne peux pas te sentir champion du monde, comme le peuvent l’être les 60 millions de Français, qui ont pu célébrer la coupe. C’était un sentiment étrange, je voulais qu’ils se qualifient, mais en même temps je voulais qu’ils perdent. C’est un coté égoïste. C’est la vie. C’était mon sentiment à ce moment-là,» a confié Laurent Koscielny, sans détours.

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Didier Deschamps l'a déçu

Un sentiment humain, partagé face caméra par le défenseur des Gunners, qui n'a pas non plus caché sa satisfaction de voir ses désormais ex-coéquipiers faire taire les critiques d'avant Coupe du Monde. «Je suis super content pour l’équipe, parce que beaucoup de gens les critiquaient, et qu’ils ont su rester solidaires, se battre les uns pour les autres, jouer avec leurs qualités. J’ai participé au parcours de qualifications, j’ai donné le maximum pour que l’équipe se qualifie.» Le joueur s'est ensuite peu à peu lâché, évoquant la solitude ressentie lorsqu'éloigné des terrains beaucoup l'ont oublié. «C’est ma première très grosse, longue blessure. Mentalement, c’est bien, tu deviens très costaud. Tu apprends beaucoup, par rapport à la vie. J’étais à Saint-Raphael, j’ai bossé tous les jours, quitte à mettre ma famille de côté (il ne peut retenir ses larmes).»

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«Une blessure, ça n'est jamais facile, compliqué parce que tu es blessé, quand tu es en pleine forme tu as beaucoup d’amis, de personnes qui sont là. Mais à un moment donné, on t’oublie. J’ai pas besoin qu’on parle de moi dans la presse. Mais les personnes autour de moi, elles sont là pour m’aider, pour prendre de mes nouvelles. Là, tu les comptes sur les dix doigts de la main. Peut-être un peu plus mais pas beaucoup. Tu apprends beaucoup, tu es déçu aussi, beaucoup.» Lorsque le journaliste demande à Laurent Koscielny si le sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps, fait partie de ceux qui l'ont oublié, le joueur ne se démonte pas. «Il m’a contacté une fois. Il m’a envoyé un sms en septembre, pour mon anniversaire. Comme je t’ai dit tout à l’heure, à propos des personnes que tu pensais proches de toi, il y a des personnes qui m’ont déçu. Il y a plein d’autres personnes, pas que le coach. D’autres coaches. Tu prends un coup derrière la tête.»

L'heure de la retraite... internationale

S'il a vécu un enfer devant son poste de télévision, le défenseur était présent au stade Loujniki de Moscou pour assister à la finale entre la France et la Croatie, le 15 juillet dernier (4-2). Un moyen de tourner la page. « La victoire des Bleus au Mondial m’a certainement fait plus de mal psychologiquement que ma blessure. Je suis allé à la finale, parce que je pense qu’il fallait que j’y aille pour me sentir bien dans ma tête. Ça m’a fait du bien et du mal en même temps, mais j’avais besoin de ça pour faire le deuil. Tourner la page.» Laurent Koscielny a ensuite profité de cette interview pour officialiser sa retraite internationale, sans pour autant tirer un trait sur le football. Le Gunner a bien l'intention de refouler les pelouses dès cette année. C'est en tout cas ce qui l'anime. «J‘ai encore envie de jouer au foot. C’est ce qui m’anime. Ma famille a toujours été là. Je me suis mis dans ma bulle, je veux retrouver les terrains. Je ne sais juste pas quand ce sera possible.»

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