Info FM : de l’académie de l’OL à la Lituanie en passant par une affaire Periscope et Leganés, l’étonnante trajectoire de Waly Diouf

Par Alexis Pereira
8 min.
Waly Diouf se livre pour FM @Maxppp

Il n'a que 20 ans et, pourtant, Waly Diouf a déjà connu plusieurs épisodes marquants dans sa jeune carrière. Formé à l'Olympique Lyonnais, ce défenseur central a ensuite été viré de l'AJ Auxerre suite à une affaire de Periscope début 2016. Le Sénégalais, passé professionnel en Espagne à Leganés en mai 2017 avant de disputer le Mondial U20 en Corée du Sud, a ensuite choisi de rejoindre la Lituanie et Palanga en janvier pour se relancer. Pour FM, il se raconte.

Palanga, station balnéaire de l'Ouest de la Lituanie d'environ 20 000 habitants. Voilà la destination pour laquelle a opté Waly Diouf (20 ans) pour se relancer en janvier. Contacté par nos soins, le jeune défenseur central nous a raconté comment il s'était retrouvé chez le promu en première division locale. «J'ai résilié mon contrat avec Leganés à la mi-saison. J'étais libre pour le mercato d'hiver. J'avais plusieurs options qui s'offraient à moi. Avec mon agent, on s'était dit que la priorité était de retrouver un challenge qui me permettrait d'avoir du temps de jeu si je le mérite. C'est ce que j'ai trouvé en Lituanie», a-t-il expliqué avant de poursuivre. «Palanga a été promu en première division après avoir remporté le titre en deuxième division. On a la chance d'avoir comme entraîneur un ancien joueur qui a été professionnel, qui a joué ailleurs en Europe et a aussi été directeur sportif. Les premiers échanges ont été bons. Je l'avais eu au téléphone avant de venir. Il se demandait pourquoi un jeune, formé en France et qui était en Espagne, arrivait. Je lui ai expliqué que je voulais me relancer, jouer. Je lui ai dit que si j'avais des garanties, j'irais».

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Désormais titulaire indiscutable (6 fois en 6 journées), il savoure. «Je joue donc, c'est plus facile d'être heureux. Pour l'instant, tout se passe bien. Sportivement, collectivement, ça pourrait aller mieux. C'est la première saison du club en L1, on a eu un début de saison poussif, avec un groupe plutôt jeune, mais là, ça va un peu mieux. Individuellement, je suis plutôt content de mes prestations, je retrouve du rythme, mes sensations, c'est de bon augure pour la suite», a-t-il confié, avouant avoir eu quelques hésitations avant de franchir le pas. Mais l'envie de jouer a été plus forte. Il faut dire que son expérience à Leganés, initiée en mai 2017, ne s'est pas passée comme il l'espérait. Pourtant, tout avait plutôt bien commencé. «J'ai signé à Leganés en mai 2017 avant le Mondial U20 en Corée du Sud avec le Sénégal. Je voulais décider de mon avenir avant la compétition pour ne pas être perturbé par les appels des uns et des autres, je voulais jouer libéré. Le projet avait l'air carré, j'ai parlé avec le président. J'ai fait la préparation là-bas. J'étais le jeune avec le plus de temps de jeu parmi le groupe professionnel pendant le stage», a-t-il raconté.

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Leganés, un souvenir mitigé...

Les choses se sont ensuite quelque peu gâtées pour l'intéressé. «À la fin de la préparation, je suis reparti avec la réserve. Je me suis dit qu'il fallait que je prouve, qu'il y avait des joueurs professionnels devant moi, que je devais patienter, prouver et que mon tour allait venir. Seulement, cela ne s'est pas passé comme ça. Je suis resté cantonné à la réserve malgré ma bonne préparation. Je devais faire des bancs avec les pros mais j'ai appris que ma licence n'était toujours pas enregistrée en septembre... alors que j'ai signé en mai et que j'étais arrivé au club en juillet. Un banc en Liga, je crois que c'était pour un déplacement sur la pelouse de l'Espanyol, ça aurait été bien. Et puis, on ne sait jamais, une blessure, un rouge, ça peut aller vite, ce qui n'est pas négligeable pour un jeune, surtout un défenseur central, pour qui les opportunités sont rares... J'ai pris mon mal en patience. Mais les résultats n'étant pas très bons, un nouveau coach est arrivé en réserve et m'a immédiatement fait comprendre qu'il ne comptait pas sur moi. J'ai donc été mis de côté les deux derniers mois de l'année. Je m'attendais à être soutenu par le staff de l'équipe première avec qui je m’entraînais. Puis il y a eu des retards de salaires et des impayés. On attendait un signe de la part du club avec mon agent. Mais j'ai vu que je n'étais pas le seul dans cette situation. J'ai préféré m'arrêter là avec eux et chercher un autre club pour rebondir», a-t-il indiqué.

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Ce n'est pas la premier obstacle qui se dresse sur la route du jeune homme depuis le début de sa carrière, du côté de l'Olympique Lyonnais. Champion de France U17 en 2014, il n'avait finalement pas été conservé par les Gones. «Mon passage à Lyon, je n'en garde que du positif. Malheureusement je n'ai pas pu y percer parce que la concurrence est féroce. Chez les jeunes, il n'y a que des bons joueurs. Le bagage acquis à Lyon te permet de réussir ailleurs. Je me souviens du titre de champion de France U17 en 2014, avec une victoire en finale contre le PSG. Ce sont peut-être les meilleures années foot de ma vie, avec des amitiés qui durent, de belles rencontres. Quand on dit que Lyon est le meilleur centre, je ne suis pas étonné. Voir tous les joueurs qui sortent, ça force le respect. Il y a de bons formateurs. Il y a tout pour réussir là-bas. J'étais dans la génération de Jordy Gaspar, Christopher Martins Pereira. Quand on a été champion de France, on jouait aussi avec Houssem Aouar, un 1998, qui fait aujourd'hui le bonheur des pros. On a tout gagné cette année-là, avec une très bonne équipe, un super coach aussi», a-t-il raconté. Ses performances à l'OL lui permettent malgré tout de convaincre l'AJ Auxerre de lui offrir un contrat stagiaire en 2015.

«Je pars ensuite à Auxerre parce que l'OL ne me propose pas de contrat stagiaire. Auxerre me suivait déjà parce qu'en U17, nous étions souvent dans la même poule et nous avions joué plusieurs fois contre eux. L'AJA m'a proposé un contrat lorsqu'ils ont su que l'OL ne me conservait pas», expose-t-il. Malheureusement, là encore, un incident est venu rythmer son parcours. Une affaire de Periscope, quelques semaines seulement après celle concernant Serge Aurier à l'époque au Paris SG. «On était en déplacement en Corse pour la Gambardella. Je connais bien la Corse, où je vais souvent en vacances et où j'ai beaucoup d'amis. Pendant la traditionnelle balade d'avant-match, un ami m'a montré Periscope. L'application venait de sortir, je ne l'avais même pas sur mon téléphone. Je lisais toutes les phrases et j'y répondais. Un moment, je reçois un commentaire, que je lis, qui dit "bande de putes les Corses", auquel je réponds "pfff". Seulement, certains malins ont eu l'idée de couper la scène et d'envoyer ça à Ajaccio, que l'on allait affronter, à France Football et à d'autres. On en a parlé avec le coach, qui a compris. Il n'en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres en Corse. Derrière, on a perdu ce match-là, qui a été très chaud», a-t-il avoué.

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Un Periscope qui coûte cher...

Cette affaire lui coûtera cher. «Je pensais que l'histoire allait s'arrêter là. Seulement, l'emballement médiatique, un mois même pas après l'affaire Serge Aurier, a fait que la direction, pour l'exemple, a décidé de résilier mon contrat. Je n'ai même pas été digne d'être reçu par les dirigeants, malgré le soutien de l'entraîneur et du staff. Sans explications», a-t-il regretté, espérant pouvoir servir d'exemples aux plus jeunes. «On ne va pas refaire l'histoire. Ça me servira pour plus tard. Et puis, si j'ai pu servir d'exemple à certains pour qu'ils fassent davantage attention à l'utilisation des réseaux sociaux, ça me console un peu. Je n'aurais peut-être pas dû dire ça, mais qui n'a pas fait d'erreurs dans sa jeunesse ? Après cette histoire, j'ai essayé de rebondir et j'ai bien senti que c'était compliqué». Cette affaire désormais derrière lui, il veut se concentrer sur le football et se fixe des objectifs élevés pour la suite de sa carrière. À commencer par intégrer la sélection A du Sénégal à terme. «Ça me motive, ça me pousse à travailler. C'est plus qu'un rêve, c'est un objectif. Quand tu passes par les U20 puis les Espoirs, tu sais que, si tu fais le job de ton côté, la prochaine étape, c'est la sélection A», a-t-il affirmé, pleinement impliqué avec les Espoirs en attendant, lui qui a disputé le Mondial U20 en Corée du Sud en 2017.

«Pour se qualifier pour le Mondial U20, on a disputé la Coupe d'Afrique des Nations U20 en Zambie, on a perdu en finale contre le pays hôte, mais les quatre premières places étaient qualificatives. On a eu un groupe assez homogène : les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite et l'Equateur. On s'est qualifié en 8e contre le Mexique, mais on est tombé contre plus fort, il n'y avait rien à dire. C'était une super expérience. On a joué dans des stades pleins. C'est le genre d'expériences qui fait grandir. Ce n'est pas tout les week-ends que tu joues ces compétitions-là», s'est-il rappelé, espérant disputer d'autres tournois importants. «On a les JO de 2020 dans le viseur avec la sélection olympique du Sénégal, on espère retourner en Asie ! Avant cela, il y a la CAN U20 en 2019 en Égypte si l'on veut se qualifier », a-t-il lancé. D'ici là, il espère continuer à engranger du temps de jeu en Lituanie avec Palanga, voire pourquoi pas attirer les regards d'un club d'un championnat plus huppé, notamment chez le voisin. «La Russie, qui est un championnat qui grandit. Avec le Mondial, il y a de sacrés infrastructures. De par la proximité géographique, il y a pas mal de scouts qui viennent voir des joueurs en Lituanie. J’ai confiance, si je fais des bons matches, on verra», a-t-il conclu. Après de nombreux rebondissements et quelques déceptions, Waly Diouf rattrape le temps perdu. Pourvu que ça dure !

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