Info FM, Luxembourg, Maxime Chanot : «sur un match tu ne sais jamais comment ça peut se passer»

Par Khaled Karouri
8 min.
Luxembourg Maxime Chanot @Maxppp

Né en France, à Nancy, Maxime Chanot (27 ans) a choisi de représenter la sélection du Luxembourg en 2013. Avec 23 capes au compteur, le défenseur de New York City est l'un des cadres des Lions Rouges. Pour Foot Mercato, l'intéressé a évoqué cette rencontre forcément particulière entre son pays d'adoption et son pays d'origine, mais aussi son quotidien en MLS aux côtés de Patrick Vieira, David Villa ou Andrea Pirlo.

FM : dans quel état d’esprit abordez-vous ce match particulier pour vous ?

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MC : je suis dans un état d’esprit plus que normal. Que ce soit l’équipe de France ou une autre équipe comme les Pays-Bas qu’on a joués il y a six mois ou la Suède qu’on a comme prochain adversaire, ça ne change pas. Pourquoi ? Parce que ça reste un match de foot et même si, avec mes origines françaises, certains pensent que je peux prendre ce match un peu différemment, c’est tout le contraire. Car c’est la pire des manières pour préparer le match. Ce match-là fait plus plaisir à la partie de ma famille française qu’à moi-même.

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FM : les sollicitations, familiales ou médiatiques, doivent pourtant être nombreuses. De quoi vous perturber ?

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MC : non, c’est clair et net que ça ne me perturbe pas, j’arrive à faire la part des choses. Je peux comprendre que le fait de voir un binational qui joue pour le Luxembourg peut intriguer, mais en ce qui me concerne ça reste un match comme un autre, contre des super joueurs et l’une des meilleures équipes au monde probablement. Mais j’essaie de prendre ça avec le plus de recul possible et de le préparer comme un match normal.

FM : le Luxembourg a beau être voisin de la France, c’est une sélection qui reste méconnue. Dans quel état d’esprit arrivez-vous pour ce match ?

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MC : on va rester très lucide sur notre niveau et sur l’écart qui nous sépare de l’équipe de France. Ça risque d’être très, très compliqué face au finaliste de l’Euro et face aux meilleurs joueurs du monde. On n’est que le Luxembourg, mais après ça reste un match de foot. On l’a vu avec nos résultats, on a accroché l’Italie (1-1) on a presque accroché les Pays-Bas aussi, on perd seulement (2-1) contre le Portugal alors qu’on mène longtemps (1-0). Sur un match de foot, et je prends l’exemple de l’Islande, c’est possible. Certes, tu fais face à l’une des meilleures équipes du monde, mais sur un match tu ne sais jamais comment ça peut se passer. On est lucide sur notre niveau, mais on joue ce match pour essayer de faire un résultat.

FM : en tant que défenseur, vous allez défier Griezmann, Gameiro, Giroud, mais aussi les jeunes flèches Lemar et Mbappé. Comment vous préparez-vous ?

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MC : c’est sûr que ça va être compliqué ! Là, tu joues contre des mecs costauds qui, en clubs, font une très belle saison. Mais voilà, c’est un bon moyen de pouvoir se jauger en tant que professionnel, de savoir où tu peux te situer. Ça va être sympa pour moi de jouer ce match, mais on prend ça avec recul. On verra comment ça va se passer samedi.

FM : pour en revenir à vous, vous avez déjà pas mal bourlingué dans votre carrière avec pas mal de pays et de championnats. Pourriez-vous me retracer votre parcours ?

MC : ça a été un peu compliqué pour décoller. Je me suis retrouvé dans un système où, quand tu es défenseur central et que tu es jeune, ce n’est pas simple de percer. J’ai été formé à Nancy puis à Reims. À 17 ans, j’ai eu la chance de signer mon premier contrat professionnel à Sheffield United qui, à l’époque, était en Premier League. Tout se passait plutôt bien jusque-là, mais c’est là que les difficultés ont commencé. Car tu es jeune, tu es défenseur central, et les coaches cherchent de l’expérience à ce poste. Et puis, il faut aussi être honnête avec soi-même, je n'étais peut-être pas prêt pour jouer professionnel, surtout à ce niveau-là. Je suis rentré en France, au Mans, ça ne s’est pas bien passé non plus, un peu dans la même optique. J’ai fait une pige à Gueugnon pour me relancer, et quand l’extra-sportif se mêle au sportif ça devient un peu compliqué. Il y a eu 3-4 années compliquées où j’ai eu du mal à percer comme professionnel, puis j’ai eu l’opportunité de partir en Belgique. J’ai à l’époque 21 ans, et tout décolle. Je fais 5 saisons en première division belge, ça se passe très, très bien. Les deux dernières années, je suis élu dans l’équipe type du championnat, avec des sollicitations en Angleterre, en Italie, et du côté de la MLS avec le New York City. Voilà comment je me retrouve à New York.

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FM : quand Patrick Vieira, en personne, vous passe un coup de fil pour vous dire qu’il vous veut dans son équipe, comment réagissez-vous ?

MC : en tant que binational, même si je me sens bien plus Luxembourgeois que Français, c’est sûr que l’équipe de France 1998 est la référence de notre génération. Personnellement, c’est cette équipe-là qui m’a fait commencer le football. Donc c’est sûr que, quand tu vois un ancien joueur de l’équipe de France t’appeler, c’est toujours plaisant. Rien que le fait de savoir qu’il ait besoin de toi, c’est une belle surprise. Après avoir écouté son discours, j’ai fait le choix de le rejoindre à New York et je suis très, très heureux du choix que j’ai fait.

FM : vous aviez à ce moment-là des touches en Angleterre et en Italie, pourquoi avoir privilégié la MLS ?

MC : ça n’a pas été une longue réflexion. Une fois que j’ai eu Patrick au téléphone, j’ai fait mon choix assez rapidement. C’est quelqu’un qui a énormément d’expérience, qui est Français donc il n’y a pas cette barrière de la langue. Je savais qu’il pouvait m’apporter énormément de choses par rapport à son vécu de joueur et son début de vécu d’entraîneur. Et puis, c’était aussi la possibilité de jouer avec des joueurs comme Lampard, Pirlo, Villa. Tout ça a fait pencher la balance. C’est aussi un club qui est géré par Manchester City, ce qui veut dire qu’il y a vraiment quelque chose de costaud derrière. L’Italie, ça ne s’est pas fait par rapport aux clubs. Dans un transfert, tu n’es pas seul décisionnaire et, en l’occurrence, ça ne s’est pas fait entre les deux clubs. En Angleterre, c’était en balance mais j’ai préféré rejoindre la MLS. Certains pensent que ça peut être un choix surprenant, mais venez en MLS et vous vous rendrez compte que c’est un championnat légitime, qui est sous-coté et qui mérite d’être vu parce que ça devient du solide. Par rapport à ce que j’ai connu en Belgique, qui est un bon championnat, je peux vous dire que la MLS est encore un niveau au-dessus.

FM : vous avez connu pas mal d’entraîneurs dans votre carrière, comment jugez-vous Patrick Vieira ?

MC : c’est un entraîneur très proche de ses joueurs, qui sait exactement ce qu’il veut par rapport à son vécu de professionnel, de joueur. Il a une idée de jeu, il s’y tient. C’est un coach qui a toutes les qualités pour réussir et, d’ailleurs, il est en train de le prouver en MLS. Je ne serais pas étonné de le voir sur un banc de Ligue 1 ou de Premier League dans quelques années parce qu’il a les qualités pour.

FM : si on vous avait dit, il y a six ans, quand c’était compliqué pour vous, que vous évolueriez aujourd’hui aux côtés de Pirlo, Lampard, et Villa, l’auriez-vous cru ?

MC : c’est vrai que, quand je reviens d’Angleterre où j’ai passé 2-3 années compliquées, où je n’ai pas beaucoup joué… On en rigole des fois avec ma famille quand on y repense, ce que je suis en train de vivre est exceptionnel. Maintenant, à force de travail, et avec la grâce de Dieu, car je suis quelqu’un de très croyant, tout est possible. C’est ça qui est beau dans le football : si tu te mets dans le travail et que tu gardes la foi, de belles choses peuvent se passer. Il n’y a pas que des carrières rectilignes, je pense à Benzema ou des joueurs comme ça, qui sont formés dans leur club, qui percent, et qui font un gros transfert. Il y a d’autres chemins pour arriver à faire une belle carrière et devenir professionnel, c’est aussi ça la beauté du football.

FM : un mot sur vos 3 coéquipiers stars au New York City FC : David Villa, Andrea Pirlo et Frank Lampard (parti depuis à la retraite). Comment sont-ils au quotidien ?

MC : ce sont des joueurs extraordinaires. Quand je les vois s’entraîner tous les jours, je comprends pourquoi ils ont fait une telle carrière. Techniquement, ils sont toujours très justes, ils sont physiquement prêts, ce sont les premiers à l’entraînement et les derniers à partir quasiment. C’est là que tu comprends pourquoi ils ont fait une telle carrière, il n’y a pas de hasard. Humainement, ce sont de super mecs, qui ont compris qu’ils avaient le devoir de transmettre leur expérience et c’est ce qu’ils font chaque jour. J’ai autant évolué rien qu’à les regarder à l’entraînement, à analyser la façon dont ils positionnent leurs corps, dont ils contrôlent le ballon, que pendant 8-9 ans en professionnel.

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