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Doyen Sports, le mystérieux fonds d’investissement spécialisé dans le TPO qui veut investir en L1 !

Par La Rédaction FM
4 min.
Doyen Sports a pris une part prépondérante dans la réussite de l'Atletico Madrid @Maxppp

Depuis quelques mois, le TPO, ou propriété des joueurs par des tiers, est en plein essor en Europe. Interdite en France, cette pratique est largement utilisée par le FC Porto, le FC Séville et l’Atlético Madrid pour s’offrir des joueurs normalement hors de portée. Jugée illégale par la FIFA, elle devrait être interdite d’ici quelques mois. Doyen Sports, le leader en la matière n’entend pas se laisser faire et veut porter plainte contre la FIFA avec l’ambition d’investir en L1 dès la saison prochaine. Explications.

«Je suis très heureux aussi pour les joueurs que la Fifa ait suivi la recommandation de l'UEFA de déclarer hors la loi cette pratique de la tierce partie. J’ai constamment alerté pendant des années sur cette pratique, qui s'est répandue et est un danger pour notre sport. Cela menace l'intégrité de nos compétitions, dégrade l'image du foot, représente une menace à long terme pour les finances des clubs et pose question concernant la dignité humaine. Il y aura une période de transition pour l'application de cette interdiction, mais je suis confiant vis-à-vis du groupe de travail qui a été établi et qui saura trouver un cadre pour éradiquer cette pratique le plus rapidement possible.» Voilà ce que déclarait par le biais d’un communiqué Michel Platini en septembre dernier au sujet de la TPO (ndlr : third party ownership ou en français propriété des joueurs par des tiers).

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Mais comment cela fonctionne-t-il ? Très simplement. Une société ou un fonds d’investissement achète une partie des "droits économiques" de footballeurs professionnels aux clubs auxquels ils sont en contrat, avec comme objectif de faire de juteuses plus-values au moment de leur revente. Pour le club l’intérêt est énorme puisque ce montage nébuleux lui permet d'acheter de bons joueurs à des prix défiant toute concurrence, de récupérer rapidement des liquidités en multipliant sans risque sa mise ou encore d'offrir de meilleurs salaires. Pour le footballeur, rien ne change vraiment hormis une complexité d’un transfert généralement plus cher que la moyenne en raison des nombreux intermédiaires. Le cas Eliaquim Mangala, recruté pour 54 M€, en est le meilleur exemple.

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D’ailleurs, c’est un fonds d’investissement qui se cachait derrière cette opération qui a rapporté près de 7 fois la mise initiale à Doyen Sports. Après avoir récupéré 33% des droits de l’international français pour 2,65 millions en 2011, ce fonds d’investissement enregistré à Malte a reçu un chèque de plus de 18 M€ après la signature de Mangala à Manchester City. Une opération très lucrative et qui n’est pas isolée puisque Doyen Sports se targue d’avoir des contacts privilégiés avec Porto, Séville et l’Atlético Madrid comme l’explique à Challenges, Nelio Lucas le CEO de Doyen Sports. « Notre modèle, c'est l’avenir. Nous sommes une source alternative de financement, dans un contexte où il n'y a plus d'argent. Regardez l’Espagne! Nous avons commencé là-bas en 2011, en pleine crise. Nos investissements ont eu un impact, à l’Atlético Madrid par exemple, qui a pu conserver ses meilleurs joueurs grâce à nous. Sans Doyen Sports, le club n'aurait jamais été champion d'Espagne et finaliste de la Ligue des champions l'an dernier. Idem pour Porto et Séville, qui travaillent avec nous et qui ont de bons résultats, bien meilleurs que les clubs français. On ne peut pas interdire un système qui permet aux clubs d’être plus compétitifs. »

Conscient que cette manne financière pourrait se tarir et compromettre ses plans (Doyen a déjà investi 100 M€ et s’apprête à remettre 200 M€ sur la table), le directeur portugais de Doyen Sports entend bien attaquer la FIFA pour continuer à exercer le TPO. « Nous sommes effectivement prêts à engager des actions légales à Bruxelles si la Fifa décide d’interdire la tierce propriété. Nous attendons de voir ce qui va se passer, mais je crois que la FIFA ne peut pas faire ça: une telle décision serait contraire au droit communautaire, qui est fondé sur la liberté du capital. À l’avenir, seules les mauvaises pratiques seront interdites. C’est la raison pour laquelle Doyen Sports est favorable à la régulation de la tierce propriété et des fonds d’investissement. »

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Doyen Sports veut investir en France

Et la France dans tout ça ? Elle refuse aujourd’hui catégoriquement de telles pratiques, mais Nelio Lucas assure que la tentation est grande pour certains clubs de L1 qui songeraient à faire appel à lui. Le CEO de Doyen Sports affirme même que le fonds d’investissement va investir en France la saison prochaine. « Pour l’instant, ils (les clubs français) n’ont pas osé violer les règles, mais je peux vous assurer que j’investirai en France la saison prochaine. Faire appel à des fonds d’investissement comme Doyen Sports est le seul moyen pour les clubs français d’être compétitifs en Europe. Je suis désolé de les voir à la place qu’ils occupent actuellement… Ils ont besoin de financements alternatifs parce qu’il n’y a plus d’argent dans le football français. Si ça continue comme ça, l’écart entre la Ligue 1 et les grands championnats va continuer à se creuser. »

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Se plier à la réglementation de la FIFA et continuer à prôner le football propre ou voir débarquer des joueurs cotés en France à moindre coût, le football français devra faire des choix. Rappelons tout de même que Doyen Sports, c’est une vingtaine de footballeurs qui font partie d’un portefeuille incluant notamment Radamel Falcao (Manchester United), Geoffrey Kondogbia (Monaco), Yacine Brahimi (Porto), Dusan Tadic (Southampton) ou encore Josuha Guilavogui (Wolfsburg).

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