Zoom : quand l'Espagne exporte ses internationaux…

Par Dahbia Hattabi
5 min.
Cazorla brille à Arsenal @Maxppp

Une Coupe du Monde en 2010 et trois titres européens (1964, 2008 et 2012) : la sélection ibérique est l’équipe à battre actuellement. À peine le temps de savourer son nouveau trophée de championne d’Europe que la Roja s'est déjà lancée dans la course à la qualification au Mondial 2014. Si la majeure partie des joueurs de la sélection évoluent en Liga, de plus en plus d’internationaux s’expatrient. Décryptage.

Après avoir atomisé 5 à 0 l’Arabie Saoudite vendredi dernier en amical, la sélection dirigée par Vicente Del Bosque a effectué sa rentrée mardi. Dans un groupe I où elle fait figure de grande favorite, la Roja devra prendre le meilleur sur la Biélorussie, la Finlande, la France et la Géorgie. Avant le plat de résistance tricolore le 16 octobre prochain, place donc à l’amuse-gueule caucasien pour l’ogre ibérique. Hier, les coéquipiers de Casillas l'ont emporté non sans mal 1 à 0 face à une formation géorgienne 86e nation au classement FIFA. Au premier rang mondial, l'Espagne a ainsi débuté sa campagne de qualification par un succès. Une brigade qui compte dans ses rangs neuf joueurs du FC Barcelone (Valdes, Alba, Piqué, Busquets, Fabregas, Xavi, Iniesta, Pedro et Villa) et cinq du Real Madrid (Casillas, Arbeloa, Albiol, Sergio Ramos et Xabi Alonso). Soit quatorze éléments sur un groupe de vingt-trois. C'est plus de la moitié. Comme en sélection, les deux clubs ont aussi la main mise sur la Liga. Champions d’Espagne en 2012, les Merengues ont décroché leur 32e sacre national. De son côté, le Barça n’est pas en reste avec 21 titres en championnat. Un trophée que les deux frères ennemis n’ont plus laissé échapper depuis 2004, année où le FC Valence a terminé premier. Devant une telle domination, difficile pour les autres clubs espagnols de faire le poids en Liga. Mais certains internationaux restent au pays comme Juanfran (Atlético Madrid), Monreal (Malaga) ou Roberto Soldado (FC Valence), buteur mardi soir. Mais bon nombre de leurs compatriotes choisissent de s’exiler comme David De Gea (Manchester United). Une tendance à la mode en cet été 2012.

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Dans la liste actuelle de Del Bosque, certains évoluent déjà hors des frontières espagnoles. Pepe Reina a quitté la Liga en 2005 pour rejoindre Liverpool pour moins de 10 millions d’euros. Avec 359 matches de Premier League à son actif, le joueur de 30 ans est numéro 3 avec la Roja derrière le Barcelonais Valdes et surtout le Madrilène Casillas, capitaine avec ses 139 sélections. Fernando Torres a lui aussi choisi de filer à l’anglaise. En verve à l’Atlético Madrid, El Nino a signé en 2007 à Liverpool pour 36 millions d’euros. Il a ensuite rebondi à Chelsea en janvier 2011 pour 58 millions d’euros. C’est le transfert le plus onéreux pour un mercato d’hiver. Pas forcément titulaire, l’homme aux 100 sélections s’est souvent montré décisif. Unique buteur lors de la finale de l’Euro 2008, il a terminé co-meilleur buteur du championnat d’Europe 2012 avec trois réalisations. Son coéquipier chez les Blues, Juan Mata est incontournable à Londres qu’il a rejoint à l’été 2011 pour 30 millions d’euros. Mais le joueur passé au Real Madrid chez les jeunes est beaucoup moins indispensable avec la Roja. Barré au milieu, l’ancien de Valence n’a joué que trois minutes lors de l’Euro 2012. Suffisant pour que le lutin de 24 ans marque le dernier but de la victoire face à l’Italie. Il n’a pas été retenu pour affronter la Géorgie contrairement à David Silva. Parti de Valence en 2010, l’Espagnol est l’un des hommes de base du dispositif de Roberto Mancini à Manchester City. Un club avec lequel il s’est engagé pour 35 millions d’euros et avec lequel il a remporté le titre en Angleterre en 2012.

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Comme ces quatre internationaux, Santi Cazorla a lui aussi opté pour la Premier League cet été. Passé par Villarreal et Malaga, le milieu ibérique s’est envolé pour Arsenal. Bien que courtisé par le Real Madrid, il a signé chez les Gunners pour 19 millions d’euros. Déjà buteur contre Liverpool, le double champion d’Europe cumule 49 capes. Une sélection où il est loin d’être titulaire en témoigne le dernier Euro où il n’a pas joué une minute. Javi Martinez lui aussi ne s’est pas encore imposé dans cette équipe d’Espagne. D’ailleurs, il n’a pas été sélectionné cette fois-ci par Del Bosque. Pour figurer dans les petits papiers du sélectionneur, le joueur de 24 ans qui peut jouer au milieu ou en défense centrale a signé au Bayern Munich cet été. Malgré l’approche des Blaugrana, il a opté pour le club allemand qui a offert 40 millions d’euros. C’est le joueur le plus cher de la Bundesliga. Dans la pré-liste pour l’Euro 2012, Javi García compte lui une seule sélection à son actif. Le milieu de 25 ans qui a fait ses gammes au Real Madrid et qui est passé par Osasuna, a quitté la Liga en 2009. En réussite au Benfica Lisbonne, il a signé à Manchester City cet été pour 20 millions d’euros. Pas encore chez les A, César Azpilicueta a régulièrement été appelé en sélection depuis les U17. Pas inconnu en Espagne où il évoluait à Osasuna, le latéral droit s’est vraiment fait un nom en L1 en deux saisons et compte faire de même à Chelsea qu’il a rejoint cet été pour moins de 9 millions d’euros. Champion d’Europe en moins de 19 ans en 2011, Daniel Carvajal a fait toutes ses armes au Real Madrid. Le défenseur a quitté le nid cet été et a signé pour 5,5 millions d’euros au Bayer Leverkusen.

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Bref, confirmés ou en devenir, les talents espagnols n’hésitent plus à s’expatrier pour se faire un nom, remporter des titres ou s’installer durablement au sein de la Roja. Un choix pas forcément payant puisque sur le onze type ibérique à l'Euro 2012, tous les joueurs étaient soit Madrilènes, soit Barcelonais hormis David Silva. Quoi qu'il en soit, en regardant dans le rétroviseur on se rend compte que la fuite des internationaux n'est pas un phénomène nouveau. En 2001, Gaizka Mendieta rejoignait la Lazio Rome ou encore en 2003 Fernando Morientes filait l’AS Monaco. Si certains ibériques terminent leurs carrières à l’étranger comme Fernando Hierro (Bolton) et plus récemment Raul (Al-Sadd), d’autres toujours au top de leurs formes font le chemin inverse et rentrent au pays comme Xabi Alonso et Cesc Fabregas. Finalement, à voir le football espagnol s’exporter ainsi, l’Europe en sort gagnante et n’a qu’une chose à dire : Viva España !

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