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Brésil-Allemagne : les notes du match

Par La Rédaction FM
12 min.
Allemagne Toni Kroos @Maxppp

Le Brésil a vécu un cauchemar insensé à Belo Horizonte en étant corrigé par une Allemagne impitoyable (7-1). Un score inimaginable, construit au cœur d'une première période hors du commun.

Tout le Brésil espérait. Amputé de ses deux atouts Neymar et Thiago Silva, le peuple y croyait dur comme fer malgré tout. L'espoir aura duré 11 minutes. 11 minutes durant lesquelles la sélection de Scolari a fait jeu égal avec l'Allemagne avant de sombrer. Seul Marcelo aura eu l'occasion de tirer au but (3e), avant que la Mannschaft emporte tout sur son passage. Cela a d'abord ressemblé à deux gouttes d'eau au scénario subi par les Bleus. A la 11e, Müller reprenait au second poteau un corner de Kroos et trompait de près Julio Cesar (1-0, 11e). Un premier coup de massue, mais seulement le début du cauchemar pour les Auriverde. Sans idées offensivement, ils rendaient trop vite le ballon à leurs adversaires, qui multipliaient les passes en se rapprochant des buts. A chaque approche, le danger se faisait immédiatement sentir, la faute à un entrejeu Fernandinho-Gustavo totalement dépassé et à des latéraux à la ramasse. Klose s'y prenait à deux fois, au cœur de la défense brésilienne, bien servi par Kroos pour doubler la marque et battre par la même occasion le record de buts inscrits en Coupe du Monde (16) (2-0, 23e). Dans la foulée, suite à un centre de Lahm, Kroos frappait du gauche en-dehors de la surface et trompait Julio Cesar (3-0, 24e).

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Le stade était bouche bée face au spectacle du naufrage. La profondeur allait s'avérer abyssale. Kroos, encore lui, piquait le ballon à Fernandinho et mettait au supplice la défense brésilienne avec Khedira et terminait le travail tranquillement (4-0, 26e). La même scène ou presque recommençait trois minutes plus tard et c'est Özil qui servait Khedira, qui ajustait Julio Cesar (5-0, 29e). La dernière équipe à avoir encaissé 5 buts en une mi-temps de Coupe du Monde était Haïti face à la Pologne en 1974... Totalement sonnés, les Brésiliens rentraient aux vestiaires la tête basse, sous les sifflets de Belo Horizonte. Le cauchemar allait-il enfin être stoppé ? Le Brésil revenait avec de meilleures intentions, il ne pouvait pas faire pire. Ramires et Paulinho entraient à la place de Hulk et Fernandinho. Un double changement qui amenait un peu plus de percussion. Ramires servait Oscar qui butait sur Neuer (51e). Paulinho s'offrait lui une double occasion mais tombait lui aussi sur l'impressionnant gardien allemand (53e).

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Deux occasions qui ne venaient pas troubler la glorieuse marche allemande. Après ces alertes, la Mannschaft regagnait un peu de sérénité et profitait de quelques contres pour amener encore le danger sur la cage adverse. Julio Cesar était vigilant mais allait encore devoir s'incliner. Schürrle, entré à la place de Klose, prenait part à la fête, sur un nouveau centre de Lahm (6-0, 69e). Dix minutes plus tard, il inscrivait un nouveau but, splendide, d'une frappe du gauche sous la barre (7-0, 79e). Non, la Mannschaft ne s'était pas arrêtée de jouer après la démonstration de la première période. Le Brésil sauvait l'honneur par Oscar en fin de rencontre (7-1, 90e), histoire de réchauffer un peu le cœur des spectateurs encore présents. Son rêve de 6e Coupe du Monde a pris fin dans une brutalité incroyable. Et dire qu'il leur faudra jouer le match de la troisième place samedi prochain... L'Allemagne, de son coté, a impressionné la planète football et doit désormais franchir une dernière marche. Celle sur laquelle elle trébuche depuis longtemps. Quoi qu'il arrive, le 7-1 infligé au Brésil restera dans les mémoires.

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L'homme du match : Toni Kroos (9) : il n'a eu besoin que d'une seule tentative, sur le premier corner de son équipe, pour rappeler qu'il était d'une précision d'orfèvre sur coups de pieds arrêtés. Après sa passe décisive pour Hummels en quarts, il offrait l'offrande à Müller en demi-finale. C'est encore lui, qui servait Klose pour le 2-0 allemand, avant qu'il ne se signale à la finition, en inscrivant les deux buts suivants, d'abord avec une reprise de l'extérieur de la surface (24e), ensuite au terme d'un contre initié personnellement (26e). Intenable, il fut l'Allemand le plus en vue dans la démonstration des siens.

Brésil :

  • Julio Cesar (4) : un gardien qui prend 7 buts a-t-il des circonstances atténuantes ? Oui dans le cas de Julio Cesar ce soir, abandonné par sa défense et qui n'a pu que constater les dégâts. Se faire balader par les Allemands dans sa propre surface n'a pas dû lui plaire, mais qu'y pouvait-il ? Attentif malgré tout, avec quelques arrêts précieux pour éviter un score encore plus humiliant.

  • Maicon (3,5) : la tempête est passée principalement de l'autre côté du terrain, mais Maicon a lui aussi été pris dans le souffle. En jambes en début de match, il s'autorisait quelques débordements bien sentis. Pas mis en cause directement sur les buts encaissés en première période, il n'est pas exempt de tout reproche sur son placement en seconde période.

  • David Luiz (2) : il se souviendra de son brassard de capitaine en demi-finale de Coupe du Monde. Pour en faire des cauchemars probablement. Abandonné par son milieu défensif, il a vécu un calvaire. Il est bien sûr directement concerné. Trop loin de ses adversaires, dépassé par le redoublement de passes, il n'a rien pu faire malgré sa détermination habituelle. Coupable sur le premier but où il lâche le marquage et sur le quatrième but de monter sur le porteur, il a été bien trop spectateur.

  • Dante (1) : remplaçant de Thiago Silva suspendu, il pouvait se rassurer en disant qu'il connaissait bien ses adversaires directs. Cet avantage a plutôt été exploité par les Allemands, qui ont joué au sol plutôt que dans les airs. Comme David Luiz, complètement dépassé et auteur de relances affreuses.

  • Marcelo (1) : ses défauts sont connus. Ils n'ont jamais été exposés et exploités aussi efficacement par une équipe. Totalement obnubilé par l'attaque, il en a oublié de défendre. Le scénario l'a poussé à s'emballer encore plus. Résultat, l'Allemagne s'est engouffrée dans les immenses brèches dans son couloir. Il est coupable de suivre Klose au lieu de le mettre hors-jeu sur le second but, ne suit pas Lahm sur le troisième, et est dépassé sur les suivants. Sa grinta offensive ne peut pas sauver son indigence défensive, qui aura coûté très cher ce soir.

  • Luiz Gustavo (3) : un début de match sérieux où il semblait décidé à jouer bas pour couper les montées de Kroos et Khedira. Mais il a plongé comme les autres, en retard dans les duels, pris dans son dos en permanence et beaucoup trop loin de ses adversaires. Forcément un peu mieux en seconde période, il a perdu moins de ballons que ses acolytes du milieu.

  • Fernandinho (1) : un cauchemar de 45 minutes. Ses premiers ballons ont été bons et puis il a coulé. Complètement dépassé par l'entrejeu allemand, il était en retard sur tous les duels. Coupable sur le second but où il rate son interception, il se fait piquer le ballon comme un bleu par Kroos sur le quatrième. Sorti à la pause par Scolari pour Paulinho (4), plus tonique et qui s'est vite procuré une double occasion énorme (53e) mais est tombé sur un Neuer infranchissable.

  • Hulk (2,5) : il a eu le mérite de se battre sur tous les ballons. Un combat rendu inutile par la supériorité allemande dans tous les domaines. Avec le ballon, il n'a pas fait grand-chose de bon même s'il s'est efforcé à ne pas le perdre trop facilement. Un centre manqué pour Oscar (4e) et puis c'est tout. Remplacé par Ramires (4), qui a perdu moins de ballons et qui a donné un caviar à Oscar (51e).

  • Oscar (2) : fantomatique depuis le début de la compétition, il n'a pas retrouvé son meilleur niveau ce soir. Il s'est battu, a mis un peu plus d'intensité dans ses duels au début de rencontre, mais a effectué les mauvais choix balle au pied. Résultat, aucun impact dans le jeu et aucun ballon donné à Fred. Une grosse occasion à la 51e mais son tir, qui ne transpirait pas la confiance, a été détourné par Neuer.

  • Bernard (3) : c'est finalement lui qui a été désigné par Scolari pour remplacer Neymar. La différence de classe était trop grande. Bernard, malgré sa jeunesse, ses jambes et son envie de bien faire, s'est heurté à la défense allemande. Il n'a pas passé Howedes une seule fois en première période. Trop tendre dans les duels, il a subi la loi du plus fort, mais a eu le mérite de ne pas se décourager, tentant jusqu'au bout de provoquer.

  • Fred (2) : il était déjà critiqué avant ce match, alors après... Coincé dans la charnière allemande, il n'a pas existé, n'a jamais réussi à être le pivot espéré. Très peu de ballons touchés et une lenteur rédhibitoire face à un adversaire de cette qualité. Peut-être pas le plus coupable ce soir, il a été pris en grippe par le public qui l'a sifflé. Remplacé à la 70e par Willian.

Allemagne :

  • Neuer (7,5) : la configuration du match n'était pas pour lui servir, mais le portier allemand a répondu présent. De spectateur en première période, il a dû se muer en rempart à la reprise, et l'a parfaitement fait. Durant 5 minutes particulièrement éprouvantes pour sa défense, il a sorti les parades adéquates, sur un centre dangereux de Ramires (51e), puis devant Oscar (52e) et Paulinho (53e) en face à face. Toujours décisif, il fut cependant battu en fin de rencontre par Oscar (90e).

  • Lahm (7,5) : il a parfois été débordé. Parfois. Mais le reste du temps, quelle justesse, et ce des deux côtés du terrain ! On retiendra tout particulièrement son tacle sur Marcelo (17e), sans doute l'un des plus beaux gestes défensifs du Mondial. Offensivement il ne fut pas en reste, avec pas moins de deux passes décisives, pour Kroos d'abord (24e), pour Schürrle ensuite (69e). Une activité remarquable, de très bons choix, il va sans dire que son repositionnement au poste de latéral a fait du bien à cette équipe d'Allemagne.

  • Boateng (5) : une partie somme toute assez tranquille pour le central du Bayern, peu mis à contribution dans l'ensemble. Or, sur les rares temps forts du Brésil, il n'est pas apparu comme une assurance tous risques. Pas un hasard, si sur le seul but du Brésil, il est pris de vitesse par Oscar (90e).

  • Hummels (7) : le taulier de la défense allemande a dû revêtir le bleu de chauffe en début de rencontre, sous la pression insufflée par les Brésiliens. Après quelques dégagements bien sentis, son attaque a fait le reste et il a assisté à la débandade en spectateur. Dans le but de le préserver pour la finale, coach Joachim Löw l'a remplacé à la pause par Mertesacker (5). Ce dernier a été bien plus mis à contribution, du fait d'une grosse période de domination brésilienne en début de second acte. Ses dégagements de la tête ont alors fait du bien, mais sa lenteur a aussi handicapé les siens sur certaines actions.

  • Höwedes (6) : le central de métier, repositionné latéral, n'est naturellement pas de ces joueurs de couloirs qui se projettent. De ce fait, il n'a pas participé à la fête allemande en se signalant aux avant-postes, comme a pu le faire son pendant à droite Lahm. Il s'est donc contenté de remplir sa tâche défensive, et a tenu son couloir avec sérieux.

  • Kroos (9) : voir ci-dessus.

  • Schweinsteiger (8,5) : excellente partie de la part de l'inépuisable milieu de terrain. Très actif à la récupération, il a gratté un nombre incalculable de ballons, et ainsi favorisé les lancements de son équipe. S'il n'a pas été décisif en termes de buts ou de passes décisives au contraire de ses acolytes du milieu, il a abattu un boulot incroyable.

  • Khedira (8,5) : il a régné en maître dans l'entrejeu. Le Madrilène, monté en puissance au cours de cette compétition, a livré la partie parfaite, lui qui a récupéré bon nombre de ballons et a fait parler sa capacité de projection vers l'avant. Cette même capacité qui lui a permis de se retrouver régulièrement aux avant-postes, et ainsi se montrer décisif : il fut à la passe pour le but de Kroos (26e), impliqué sur la réalisation de Schürrle (69e), et à la finition (29e). Remplacé par le jeune Draxler (76e).

  • Müller (8,5) : pas toujours juste sur les premiers contres de son équipe, l'attaquant allemand s'est remis sur les bons rails en reprenant parfaitement un corner de Kroos pour ouvrir le score (11e). Alors que le record de Klose est effectif, le joueur du Bayern pourrait bien viser son sceptre à l'avenir : il en est désormais à 10 réalisations en Coupe du Monde - et ce en 12 rencontres au total, s'il vous plait -, alors qu'il n'a que 24 ans... Par ailleurs très actif, il a une nouvelle fois fait montre de sa qualité d'appels pour créer des brèches. Auteur d'une passe décisive pour Schürrle (79e).

  • Özil (7) : le plus effacé des attaquants allemands depuis le début du Mondial s'est volontiers joint au festin qui s'est organisé ce soir. Plus en vue que d'habitude, il a beaucoup combiné avec ses acolytes, et s'est ainsi retrouvé impliqué sur deux buts, d'abord en décalant Lahm, passeur décisif sur le premier but de Kroos (24e), puis en offrant un véritable caviar à Khedira (29e). Une bonne copie, en somme, malgré son face à face manqué en fin de partie.

  • Klose (7) : que de records pour l'avant-centre vétéran. Avant même qu'il ne touche un ballon, il devenait déjà le premier joueur à apparaître dans quatre demi-finales de Coupe du Monde. La suite, c'est celle qu'il attendait personnellement depuis le début de la compétition, avec ce but qui fait de lui le meilleur réalisateur de l'histoire du Mondial, avec 16 unités, une de plus que la légende Ronaldo. Remplacé par Schürrle (58e), lequel a été des plus actifs, en témoigne un doublé (69e, 79e).

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