Pourquoi les clauses libératoires sont obligatoires en Espagne

Par Max Franco Sanchez
6 min.
Tout savoir sur les clauses libératoires en Espagne @Maxppp

Obligatoires en Espagne, les clauses libératoires suscitent beaucoup d'interrogations et de doutes en dehors de la Péninsule Ibérique. Foot Mercato y répond !

Le championnat espagnol a plusieurs particularités. En plus d'avoir ses propres règles au niveau de l'enregistrement de joueurs étrangers par exemple, la principale différence avec le reste des autres ligues européennes reste l'existence obligatoire d'une clause libératoire dans chaque contrat de joueur. Mais avant tout, qu'est-ce qu'une clause libératoire ? C'est, pour faire simple, la somme d'argent pour laquelle le joueur peut briser son contrat avec son club actuel, et donc rejoindre un autre club. Il faut d'ailleurs préciser que dans la pratique, c'est le joueur qui lève sa clause au siège de la Ligue, avec les fonds fournis par son nouveau club évidemment. La Ligue vire ensuite les fonds au club d'origine du joueur.

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Comment sont fixées les clauses libératoires ?

Il faut bien comprendre qu'une clause libératoire ne reflète pas forcément la valeur d'un joueur, même si dans la plupart des cas, plus le joueur est bon plus elle est élevée. Par exemple, Vitolo, international espagnol et véritable référence en Liga, avait une clause libératoire de "seulement" 40 millions d'euros, alors que des joueurs qui ont bien moins prouvé ont des clauses bien supérieures. Le montant de la clause libératoire est fixé entre le club et le joueur au moment des négociations sur le contrat liant les deux parties. Il est difficile de faire des généralités sur la politique que mènent les clubs espagnole vis à vis des clauses libératoires de leurs joueurs.

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Par exemple, un club comme l'Athletic qui en raison de sa politique de recrutement a du mal à trouver des joueurs de qualité, tente de fixer des clauses libératoires très hautes voire prohibitives pour s'assurer que ses meilleurs éléments ne partent pas, et que s'ils partent, le club puisse s'assurer de toucher un montant vraiment conséquent. En ce moment, le club discute avec Iñaki Williams pour lui fixer une clause à 100 millions d'euros, alors qu'Aymeric Laporte a une clause de 65 millions. C'est aussi le cas pour les gros clubs dont la survie ne dépend pas de la vente de joueurs. Des formations qui négocient très rarement en dessous de la clause. En revanche, d'autres clubs qui pratiquent une politique plus basée sur l'achat-revente mettent des clauses élevées mais abordables, de façon à ce que leurs joueurs à fort potentiel puissent partir sans trop de problèmes mais contre une belle petite somme. Tout le monde est content donc.

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Les limites de ces clauses

Parfois, des joueurs explosent et conservent leur clause libératoire d'origine, ce qui permet à des clubs de faire des bonnes affaires. Pour revenir sur le cas de l'Athletic mentionné plus haut, les dirigeants ont été pris de court dans le dossier Kepa. Devenu titulaire indiscutable et même appelé en sélection par Julen Lopetegui, le portier de 22 ans conservait toujours sa clause de 20 millions d'euros, un véritable cadeau dont compte bien profiter le Real Madrid en se l'offrant cet hiver. Le cas de Malaga est aussi un bel exemple, puisque les Andalous ont perdu trois tauliers cet été - Sandro (6M€), Camacho (18M€) et Fornals (12M€) - pour des montants relativement bas compte tenu de leurs performances. L'inflation énorme des prix du marché et la nouvelle puissance financière de la Premier League peuvent aussi rendre des clauses libératoires qui semblent prohibitives relativement abordables en l'espace de quelques mois.

Pour les joueurs, les clauses peuvent donc avoir un côté positif dans la mesure où s'ils veulent partir et que leur club ne souhaite pas vendre, le club prétendant a "juste" à signer le chèque pour assurer le transfert. Pas de longues négociations - qui ont souvent des effets négatifs sur le joueur - qui peuvent durer plusieurs semaines voires mois. Autant dire qu'Ousmane Dembélé se serait par exemple bien passé de ses dernières semaines vécues à Dortmund. Mais parfois, lorsque ces clauses libératoires sont trop élevées et que le club ne veut pas négocier en dessous, ça peut se retourner contre le joueur qui est donc retenu contre sa volonté. Ainsi, pour citer une nouvelle fois l'exemple de l'Athletic, Fernando Llorente avait des envies de départ à l'été 2012. Mais son club demandait 36 millions d'euros (un montant très élevé pour l'époque). Aucun club n'ayant voulu s'aligner sur ce montant, l'attaquant de la Roja avait même été puni et laissé en tribunes pendant une bonne partie de la saison, avant de partir gratuitement en fin de contrat en juin 2013.

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Pourquoi voyait-on parfois des clubs payer plus que la clause libératoire d'un joueur ?

Il était aussi fréquent de voir les clubs payer un montant un peu plus élevé que la clause libératoire du joueur désiré, tout simplement pour éviter des impôts supplémentaires. Ainsi, lorsque l'Atlético a acheté Griezmann, il n'a pas procédé via un levé de clause libératoire, mais a payé les 30 millions de sa clause directement à la Real Sociedad. L'Atlético a donc dû payer la TVA, mais pas d'autres impôts liés à la loi du travail espagnole. A cette époque, pour un joueur avec une clause de 100 millions d'euros par exemple, les clubs déboursaient en tout 148 millions lorsqu'ils levaient la clause, alors qu'ils devaient seulement dépenser 121 millions pour un transfert régulier. D'où les nombreux arrangements entre clubs pour des montants équivalents ou légèrement inférieurs à la clause, cf le cas Griezmann. Aujourd'hui la loi a changé, et il est même devenu plus rentable de payer la clause qu'un transfert "sec".

Pourquoi sont-elles obligatoires ?

L'origine de ces clauses date de 1985, lorsque la législation espagnole a imposé de nouvelles lois pour réguler l'activité des sportifs professionnels. L'objectif était de permettre aux joueurs de se libérer de leur contrat sans difficulté majeure. Une loi qui était donc écrite "en faveur" des sportifs, pour leur permettre de circuler plus facilement sur le marché du travail du monde du sport professionnel, et non en faveur des clubs. Elles étaient même considérées comme un "droit" pour les joueurs. On a donc rapidement vu comment les clubs professionnels ont su tirer la couverture de leur côté et y trouver leur compte.

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Elles posent débat en Espagne

C'est justement pour ça qu'elles commencent à poser question en Espagne, où on juge qu'elles ne sont plus en adéquation avec le football d'aujourd'hui. Le départ de Neymar au PSG a ainsi relancé le débat de l'autre côté des Pyrénées, pour des raisons morales et éthiques mais surtout pour des raisons sportives et financières. On estime ainsi que le manque de régulation à ce niveau - clubs et joueurs peuvent fixer la clause qu'ils souhaitent - entraîne des cas d'abus comme ceux cités plus haut, et qui peuvent même perturber la compétition à niveau européen. Les clubs espagnols pourraient ainsi être avantagés, mais aussi et surtout lésés, puisqu'au final rien ne leur assure à 100% de pouvoir conserver un joueur, là où les Anglais peuvent ainsi retenir un joueur comme ils le souhaitent, à l'image de Philippe Coutinho qui espère toujours pouvoir rejoindre Barcelone.

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