Real Madrid : une gestion du secteur offensif qui pose question

Le Real Madrid a terminé son année civile sur une note amère. Alors qu'on semblait avoir retrouvé l'optimisme à Madrid, notamment grâce à l'explosion de Fede Valverde, cette série de trois matches nuls de suite en championnat (1-1 face à Valence, puis 0-0 face au Barça et l'Athletic) a refroidi tout le monde du côté de la capitale. La situation est loin d'être critique, puisque les troupes de Zinedine Zidane ne pointent qu'à deux point de leur ennemi catalan, mais ces dernières rencontres soulèvent un mal profond, qui risque de peser lourd dans la balance face à Manchester City. Les Citizens ont d'ailleurs tout ce dont le Real Madrid semble avoir besoin ; à savoir une pléiade de joueurs capables de faire la différence dans les derniers mètres. Le départ de Cristiano Ronaldo continue de peser, mais il serait trop simpliste de tout résumer à la perte de l'ancien numéro 7 qui a offert tant de joies au Santiago Bernabéu.

Il faut dire que le constat est assez préoccupant du côté de Concha Espina. En l'absence d'Eden Hazard, et avec un Karim Benzema un peu moins inspiré sur cette fin de saison, le Real Madrid a du mal à faire trembler les filets adverses. Même si le Belge n'avait pas encore trouvé son rythme de croisière, la faute à des pépins physiques plus ou moins réguliers, il restait le seul joueur capable de mettre un coup d'accélérateur dans les derniers mètres, étant en mesure de créer du jeu et aussi de conclure les actions. Une deuxième facette qu'on n'avait pas forcément vue à Madrid pour l'instant, mais dont il a prouvé être capable à Chelsea. Un véritable cerveau excentré sur le côté gauche, là où les autres joueurs de côté du Real Madrid ont un profil bien différent, plus dans le un contre un et le débordement. Aucun n'a cependant vraiment convaincu sur ces premiers mois de compétition.

Sergio Ramos est le deuxième meilleur buteur du Real Madrid

La preuve, Zinedine Zidane ne sait lui-même pas vraiment qui choisir pour accompagner Karim Benzema lorsqu'il évolue en 4-4-2 et qu'Hazard n'est pas là, ou qui aligner à droite de l'attaque lorsqu'il mise sur un 4-3-3 plus habituel. Gareth Bale n'y est pas vraiment et ne semble plus franchement concerné, Vinicius Junior a fait des progrès dans les derniers mètres, ayant gagné en maturité et lucidité, mais reste trop maladroit à la finition. Quant à Rodrygo, il semble jouer plus juste que son compatriote, mais est peut-être encore trop réservé sur le terrain pour se faire une place de titulaire indiscutable. Lucas Vazquez, lui aussi blessé, ne porte plus satisfaction depuis un bon moment déjà. Seul Isco, lorsque Zinedine Zidane a opté pour un 4-4-2 losange a pu remplir ce rôle avec plus ou moins de réussite, alors que le retour de Marco Asensio en deuxième partie de saison pourrait aussi être une solution.

Les statistiques ne font pas tout dans le foot, mais il y a un constat qui ne trompe pas. Ce n'est pas normal qu'en Liga le deuxième meilleur buteur merengue derrière Karim Benzema (12 buts) soit... Sergio Ramos, avec trois réalisations. Plus qu'un "deuxième Hazard" pour assurer la transition entre l'entrejeu et la surface, il faut un deuxième buteur, capable de garantir au minimum une quinzaine de buts par saison. Ce qu'avait par exemple fait Alvaro Morata lors du dernier titre merengue en Liga (2016/2017), avec 20 buts toutes compétitions confondues dont 15 en championnat, la plupart inscrits en sortie de banc. En revanche, il ne s'agit pas là d'un manque de profondeur d'effectif. En plus du joueur formé à l'Olympique Lyonnais, Zinedine Zidane a deux autres purs attaquants de surface dans son effectif : Luka Jovic et Mariano Diaz. Seulement, le premier doit la plupart du temps de contenter d'apparitions sporadiques en fin de rencontre, alors que l'ancien de l'OL lui assiste aux rencontres depuis les tribunes.

Mariano injustement placardisé ?

Sans forcément entrer dans le débat de savoir si les deux ont le niveau pour jouer au Real Madrid, on peut quand même se poser des questions sur leur utilisation, notamment pour Jovic. Comment le Serbe peut-il être performant sans pouvoir prendre le rythme ? D'autant plus que la plupart de ses entrées en jeu se font dans des situations où l'équipe est en difficulté, dans un contexte pas forcément évident donc. « Il doit travailler et répondre présent lorsqu’il joue. Il est satisfait de son match et on verra s’il joue plus à l’avenir, parce qu’il en a besoin, ça c’est vrai », confiait Zinedine Zidane le 12 décembre dernier. Le moins que l'on puisse dire, c'est que son intégration n'a peut-être pas été négociée de la meilleure des manières par le staff technique madrilène.

Quant à l'attaquant hispano-dominicain, son cas commence à faire parler de plus en plus de l'autre côté des Pyrénées. « Et pourquoi Zinedine Zidane ne met pas Mariano ? », s'interroge ainsi un journaliste de Marca après le match nul face à l'Athletic. Lors de son passage en Ligue 1, il avait en tout cas prouvé qu'il n'avait pas besoin d'énormément de ballons dans la surface pour expédier le cuir au fond. Il est donc curieux qu'il n'ait même pas eu une petite opportunité, ne serait-ce qu'une entrée en jeu dans un match déjà plié en Liga, ou dans un match comptant pour du beurre en Europe, comme la dernière rencontre de jeu face à Bruges. Un départ semble en tout cas à l'ordre du jour pour lui, avec la Roma comme principal candidat. Et le plus étonnant dans tout ça, c'est que Zinedine Zidane ne souhaite pas apporter de modifications à son effectif, affirmant ne pas vouloir d'un nouvel attaquant. « Je ne vois pas la nécessité de signer un attaquant », a-t-il résumé dimanche soir. Espérons, pour lui, qu'il n'ait pas à s'en mordre les doigts...