Le constat désabusé de Vahid Halilhodzic sur le FC Nantes

Par Matthieu Margueritte
5 min.
Nantes @Maxppp

Arrivé au FC Nantes en cours de saison, Vahid Halilhodzic a vécu des mois mouvementés sur les bords de l'Erdre. Et à l'heure où son futur chez les Canaris reste incertain, le Bosnien a dressé un bilan plus que mitigé sur l'état du FCN.

Depuis qu'il est revenu au FC Nantes, Vahid Halilhodzic vit une saison 2018/2019 riche en émotions. Un exercice marqué bien évidement par le drame Emiliano Sala, mais aussi par une gestion du mercato hivernal très critiquée et des résultats sportifs moyens. Renversé le week-end dernier par le LOSC à domicile alors qu'il menait 2-0 (2-3), le FCN a sans doute hâte que cette année se termine. Mais avant, les Canaris ont une occasion de retrouver le sourire. Nantes va disputer en effet une demi-finale de Coupe de France face au Paris Saint-Germain mercredi soir. Un match pour lequel les Canaris ne sont pas favoris, même si un exploit dans la capitale fait secrètement rêver les supporters nantais.

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Sauf que la claque reçue face à Lille a marqué Vahid Halilhodzic. En conférence de presse, le technicien du club huit fois champion de France a avoué qu'il voulait se servir de ce match comme un tremplin. Le but était clair : faire le plein de confiance avant d'aller défier l'ogre parisien. Mais le manque d'application de ses hommes l'a refroidi. Et face aux médias, coach Vahid a paru un brin désabusé lorsque les journalistes lui ont demandé s'il avait une idée de la recette de l'exploit. Car pour Halilhodzic, le constat est clair : tous ses joueurs ne sont pas impliqués à 100%. «Non. C'est ça. Ce n'est pas le moment d'entrer dans ce genre de détail. L'équipe n'a jamais rien gagné et ça parlait de coupe d'Europe. C'est facile de dire ça. Mais certains sont habitués à perdre, d'autres non. Je ne cherche pas d'excuses», a-t-il indiqué, avant d'évoquer l'une des causes de son manque d'implication générale : la présence d'un certain nombre de joueurs prêtés.

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«Certains, quand ils se rasent et que ça saigne, ils ne jouent pas»

«On a cinq joueurs prêtés aussi. (...) Les joueurs prêtés ne jouent pas (dans leur club), c'est comme ça. Je ne dis pas qu'on s'est trompé parce qu'on a trouvé, mais ils ne sont pas encore prêts. Eysseric n'a pas joué pendant longtemps, donc il ne peut pas retrouver son niveau comme ça. Je suis satisfait de ce qu'a montré Edgar (Ié). Antonio (Mance), c'est celui qui marque le plus à l'entraînement. Mais pour le moment il est encore un peu tendre pour le niveau. (...) Quand vous récupérez des joueurs prêtés, il faut savoir qui vous les prête. Chez nous, ils étaient obligés de jouer. Pourquoi croyez-vous que des joueurs prêtés sont partis ? Parce qu'ils étaient obligés de jouer sinon il y a des amendes. Vous rigolez, mais il y a beaucoup de choses comme ça. Ils me disaient qu'on leur avait promis qu'ils allaient jouer. Je leur répondais que seuls les meilleurs allaient jouer. Ça ne les intéressait pas, ils sont partis. (...) Il faudrait un, voire deux joueurs prêtés maximum. En avoir cinq c'est...»

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Ensuite, c'est aux joueurs un peu trop souvent indisponibles que Halilhodzic s'en est pris avec un petit tacle bien placé. «J'aimerais bien que certains chez nous soient un peu plus courageux. Certains, quand ils se rasent et que ça saigne, ils ne jouent pas. Quand je suis arrivé, un joueur m'a dit, je ne peux pas sprinter, je l'ai sorti au bout de 15 minutes. Il y en a d'autres qui veulent jouer même avec une fracture. Ce genre de joueur est très rare». Une revue d'effectif pas très réjouissante, dont l'une des conséquences est, selon l'entraîneur nantais, le désir de certains formés au club de plier bagage. Lancé sur les velléités de départ de son capitaine Valentin Rongier, coach Vahid est loin d'être surpris. «Il faut comprendre ce garçon. Il n'est pas content de certaines choses, de certaines décisions. L'esprit de club peut se dégrader facilement. Vous pouvez travailler pendant des années, deux ou trois personnes peuvent détruire cet esprit. Des joueurs sont là depuis des années et sont moins bien payés. C'est la première chose. Ça crée des frustrations chez les gens qui sont là depuis longtemps. Après, c'est le club qui décide. Dernièrement, il s'est passé beaucoup de choses... Vous voyez bien ce que je veux dire».

Halilhodzic laisse planer le doute sur son avenir

Une fin de phrase pleine de sous-entendus à peine voilés sur la gestion du club. Face au LOSC, les supporters nantais ne se sont d'ailleurs pas cachés de le faire savoir au très critiqué Waldemar Kita qu'ils veulent tous voir partir. Banderoles, chants, le message envoyé à l'homme d'affaires franco-polonais a été très clair. Ce dernier s'en ira-t-il pour autant ? A défaut de le savoir, Halilhodzic estime en cas tout, lui aussi, que le FCN doit revoir sa politique globale. «Il faut avoir une bonne politique d'anticipation au niveau de l'effectif, du recrutement. Le tout en associant ça avec le travail avec le centre de formation. Là, depuis quelques années, on a changé treize ou quatorze fois d'entraîneur. Chacun a fait son recrutement, ses choix. C'est pour ça qu'il y a une instabilité énorme dans le fonctionnement sportif pour avoir une base pour construire quelque chose, créer une équipe capable de jouer une coupe d'Europe».

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Revenu en tant qu'amoureux du club, coach Vahid choisira-t-il alors de rester plus d'une saison pour amorcer ce changement ? Très critique à l'égard des changements perpétuels d'entraîneur, le Bosnien n'a pas pour autant assuré qu'il serait toujours en poste l'été prochain. «Pour combien de temps ? Je ne sais pas. Mais j'ai beaucoup d'estime et d'attachement à ce club. Je sais comment ça s'est passé avant. Le mercato amène trop de polémiques». Une incertitude qui a lieu d'être puisque l'entraîneur a confié au Parisien qu'il avait été à deux doigts de plier bagage en janvier, ulcéré par la gestion du mercato. «Je peux l'avouer, j'ai failli quitter Nantes cet hiver. C'était trop dur. Au moment du mercato, j'avais décidé de m'en aller. Ma famille et les joueurs m'ont fait changer d'avis. J'étais à cran et, comme je n'étais pas d'accord avec le mercato, j'avais décidé de partir. Ça s'est joué à peu de chose». S'il reste en place et qu'il souhaite conserver à tout prix son technicien, Waldemar Kita sait donc ce qu'il reste à faire. Car, pour le moment, Vahid Halilhodzic ne laisse pas vraiment transparaitre une folle envie de repartir pour une saison supplémentaire dans ces conditions.

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