Les agents vous dévoilent les grandes tendances du mercato hivernal

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Vadim Vasilyev, Antero Henrique et Andoni Zubizarreta de gauche à droite. @Maxppp

Au revoir 2018, bonjour 2019 ! Pour ce premier jour de la nouvelle année, la planète football a vu son traditionnel mercato hivernal ouvrir ses portes. A quoi faut-il s'attendre en France ? Plusieurs agents bien implantés en France nous ont livré les tendances du moment.

Du 1er au 31 janvier, l'Europe du football va s'activer pendant un mois pour tenter de réaliser quelques coups sur le marché, en attendant la grand messe du mercato estival. Un marché hivernal qui promet du mouvement au vu de la situation de certaines équipes. Cependant, faut-il vraiment s'attendre à un mercato tout feu tout flamme ? Foot Mercato est parti à la rencontre de plusieurs agents bien implantés en France pour avoir les tendances du moment. «Animé non. C'est un marché de correction, d'appoint principalement pour les équipes qui visent le haut de tableau et qui souhaitent se renforcer pour atteindre l'objectif et bien évidemment pour les équipes en grande difficulté qui veulent éviter la descente», nous a indiqué Christophe Mongai. Une tendance confirmée par Sylvain Chavanon, agent d’Ibrahim Amadou (Séville FC). «On le sait tous, le mercato d’hiver est avant tout fait pour effectuer quelques retouches. Les clubs ne sont pas dans une perspective de folles dépenses.»

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Monaco, acteur principal du mercato en Ligue 1 ?

Pourtant, si ce mercato hivernal ne s'annonce pas comme le plus spectaculaire de l'histoire, il y aura du mouvement en France. Surtout à Monaco. Englué dans une crise sportive inattendue par ses dirigeants, le club princier est dans l'obligation de recruter pour tenter de s'extirper de la zone rouge. Un positionnement confirmée par le vice-président de l'ASM, Vadim Vasilyev juste après la défaite des hommes de Thierry Henry à Louis II face à Guingamp (0-2). «Pour moi, l’AS Monaco sera l’agitateur numéro un de ce mercato d’hiver. Ils ont besoin de recruter au moins quatre ou cinq joueurs expérimentés pour arracher le maintien», nous a également indiqué Yvan Le Mée. Et visiblement, la consigne numéro 1 des Asémistes pour ce mois de janvier sera d'enrôler des joueurs confirmés et non des jeunes à fort potentiel. «Pour l'AS Monaco, il a tout interêt à prendre des joueurs cet hiver, on peut tout à fait imaginer l'arrivée de plusieurs renforts, principalement des joueurs d'expérience d'autant qu'ils en ont les capacités financières pour le faire. Même s'il ne faut pas oublier que le premier recrutement de Monaco sera le retour des blessés de longue date», nous a confié Christophe Hutteau.

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Désignée comme l'actrice principale de ce mercato hivernal par les spécialistes, l'ASM ne manque d'ailleurs pas de pistes. Pepe, Cesc Fabregas, Laurent Koscielny, Gary Cahill, Michy Batshuayi, Dalbert ou encore Radja Nainggolan font partie des noms clinquants cités pour rallier le Rocher. Mais si l'envie d'étoffer le groupe d'Henry existe, l'actuel dix-neuvième du classement de L1 pourra-t-il vraiment mener sa campagne de recrutement comme il l'entend ? «Ce n'est pas évident de trouver des joueurs de haut niveau désireux de signer dans une équipe en si grande difficulté. Même si Monaco garde une aura et un pouvoir attractif de premier plan. Sans parler des avantages fiscaux pour les joueurs étrangers...», ajoute Mongai. Autre club mal en point : l'Olympique de Marseille.

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Un OM plutôt discret ?

Nettement moins performant après sa fin de saison tonitruante 2017/2018, le club phocéen est aux abois offensivement et ses trois recrues estivales (Stootman, Radonjic, Caleta-Car) n'apportent rien pour le moment. Sur le papier, Marseille devrait s'agiter. Mais dans les faits ? Après avoir déboursé une grande partie des 200 M€ promis pour redresser l'OM, l'équipe McCourt va-t-elle encore sortir les gros chéquiers ? «Pour l'OM c'est la grande inconnue, il y a déjà un gros effectif taillé pour la Coupe d'Europe. Il y aura sans doute des ajustements à effectuer pour faire de la place peut-être au fameux "grantatakan" que tout le monde attend. Mais je ne vois pas Marseille investir fortement sur le mercato d'hiver comme ils ont pu le faire l'été dernier», déclare Hutteau.

Un scepticisme également partagé par Mongai. «Marseille doit essayer de se renforcer. Mais ils n'ont pas des moyens illimités et ça va forcément compliquer la donne. (...) Je ne connais pas les finances olympiennes mais il faut réussir ce mercato pour espérer viser une place dans les 3 premiers en fin de saison. Sans cela ça sera extrêmement compliqué....» Recruter oui, mais avant, il faudra remplir les caisses. «Je pense qu’ils vont se focaliser en priorité sur le poste de latéral gauche avec le problème Amavi. Pour le reste, ils devront vendre avant de recruter, notamment pour l’attaquant. Qui va vouloir de Mitroglou ? Marseille ne pourra pas se renforcer avant d’avoir vendu», conclut Le Mée.

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Pas de miracles au PSG ?

Leader incontesté de la Ligue 1, le Paris Saint-Germain possède l'effectif pour enchaîner un deuxième sacre consécutif en championnat (le huitième de son histoire). Cependant, pour aller loin en Ligue des Champions, le club de la capitale sait qu'il doit étoffer un secteur de jeu bien particulier : l'entrejeu. Déjà désireux d'embaucher un successeur à Thiago Motta, Paris est encore plus dans le besoin à cause du départ programmé d'Adrien Rabiot. Aaron Ramsey (Arsenal), Cesc Fabregas (Chelsea), Idrissa Gueye (Everton), Allan (Naples) ou Abdoulaye Doucouré (Watford) sont autant de noms annoncés pour cet hiver.

Mais s'il offre un challenge sportif intéressant, le club de la capitale doit faire face à un handicap de taille : la menace du fair-play financier. La donne est donc simple : les Rouge-et-Bleu doivent dénicher un renfort pas très cher et surtout capable d'apporter son aide en Ligue des Champions. Une mission compliquée pour nos trois observateurs. «Ils se doivent de prendre au moins un 6, si ce n'est 2 si ils arrivent à vendre Rabiot cet hiver, ce qui semble très compromis tout de même», précise Mongai. Sauf surprise, il ne faut donc pas s'attendre à des miracles du côté de la Porte d'Auteuil. Et si une recrue débarque, le marché estival 2019 devrait être bien plus animé.

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Le flou pour Lille et Bordeaux, l'OL plutôt calme

Passés ces trois dossiers chauds, à quoi faut-il s'attendre chez les autres pensionnaires du championnat ? A Lille, la principale question sera de savoir si les Dogues parviendront à conserver leurs meilleurs éléments. En effet, les dirigeants nordistes n'ont pas caché qu'ils chercheront à vendre quelques éléments pour satisfaire une DNCG toujours à l'affût. Toujours en course pour décrocher une place sur le podium, le LOSC va devoir la jouer fine. «En cas de départ de joueurs comme Pépé, par exemple, il est évident que l'équipe devrait être moins compétitive et ça serait un très mauvais signal envoyé au reste de l'effectif et aux concurrents du LOSC», prévient Mongai.

Sur les bords du Rhône, l'Olympique Lyonnais scrute bien le marché dans le but de renforcer sa défense. Mais pas de gros noms au programme. D'ailleurs, hormis cette recrue défensive espérée, il serait surprenant de voir Jean-Michel Aulas signer d'autres chèques. «L'OL ne devrait pas beaucoup s'activer cet hiver sauf opportunité d'envergure», assure Hutteau. Récemment repris en main par les Américains de GACP, les Girondins de Bordeaux vont connaitre le premier mercato à la sauce DaGrosa. Quelle goût aura-t-elle après les déclarations pas forcément très alléchantes du nouveau patron des Marine-et-Blanc à ce sujet ? «A Bordeaux, personne ne sait trop ce qu’ils veulent faire. On va peut-être voir des sud-américains arriver en janvier mais plus pour les préparer pour la saison prochaine», estime Le Mée.

La Ligue 1 pas à l'abri des folies anglaises

Enfin, qu'en sera-t-il pour le rayon des départs ? Si Lille s'attend à des ventes et que l'OM ne dirait pas non à un départ de Mitroglou ou de Germain si une belle offre se présente, peut-on craindre un pillage ? En réalité, deux facteurs risquent d'influencer le cours du mercato français. Le premier concerne surtout les gros bras de la L1 qualifiés en coupe d'Europe. «La réforme de l'UEFA permet désormais aux joueurs ayant participé aux phases de poules de la Ligue de la Ligue des Champions et de la Ligue Europa d'être qualifiés pour les prochains matches européens dans leur nouvelle équipe. Ce qui n'était pas le cas auparavant. Aujourd'hui le mercato d'hiver va probablement bouger dans les gros clubs, jusqu'à présent ce n'était pas forcément le cas puisque les gros joueurs ne bougeaient pas trop l'hiver. Les gros clubs comme le Barça et bien d'autres pourraient se diriger vers des profils de joueurs ayant joué en coupe d'Europe. L'impact sera certes limité sur la Ligue 1, mais des gros clubs européens pourraient venir piocher au sein de clubs français qualifiés en Coupe d'Europe, ce qu'ils n'auraient pas forcément fait sans cette règle», explique Hutteau.

Le deuxième critère concerne, lui, les clubs de Premier League. Avec un marché anglais estival fermant avant la reprise du championnat, les clubs de sa Majesté n'ont pas pu profiter de la fameuse folie du 31 août pour dépenser leurs millions. Une frustration qui pourrait être évacuée cet hiver. «Les Anglais sont assez imprévisibles dans leurs investissements et ils ont déjà acheté massivement cet été. Mais avec eux, tout reste possible», annonce Mongai. Et en cas d'offres conséquentes, les formations hexagonales pourraient être tentées de réinvestir ces livres sterling sur le marché. «Si les formations de Premier League achètent des joueurs en France, les clubs de Ligue 1 vont se retrouver dans une situation d’achats de réactions», indique Le Mée.

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