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Jérémy Ménez : « aujourd’hui, je suis plus réfléchi dans mes décisions »

Par Sébastien DENIS
9 min.
Paris Jérémy Ménez @Maxppp

Après une carrière riche qui l'a emmené à Monaco, Paris, Rome, Milan et même à Mexico, Jérémy Ménez a décidé de poser ses valises là ou tout avait commencé pour lui dès sa plus tendre enfance, à savoir Orly. Non pas pour attendre un avion, mais pour aider le Paris FC à retrouver le rang qui était le sien les deux dernières saisons en Ligue 2, à savoir dans le top 5. De son arrivée au Paris FC au PSG en passant par son expérience délicate au Mexique, Karim Benzema et Hatem Ben Arfa, le champion d'Europe U17 n'a éludé aucun sujet.

Après un court intermède bordelais (2016-17), Jérémy Ménez a suivi les traces d'André-Pierre Gignac pour tenter l'aventure au Mexique. Si tout avait bien commencé pour le champion d'Europe U17, il a vite déchanté. La faute à une rupture des ligaments croisés et à une brouille avec son coach. Libéré par l'America Mexico, l'ancien international tricolore (24 sélections - 2 buts) a pris tout le monde à contre-pied en signant au Paris FC, actuelle lanterne rouge de Ligue 2 pour se rapprocher de ses enfants, mais aussi d'une ville qu'il adore par-dessus tout, Paris. Alors qu'il a fait ses premiers pas avec sa nouvelle équipe face à Troyes à Charlety (1-0) il y a une dizaine de jours, l'ancien joueur du PSG, aujourd'hui âgé de 32 ans, nous a donné rendez-vous au centre d'entraînement flambant neuf du Paris FC du côté d'Orly pour évoquer son actualité, celle du PSG et bien d'autres choses...

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FM : vous avez disputé vos premières minutes avec le PFC contre Troyes. Comment avez-vous vécu cela ?

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Jérémy Ménez : je me suis bien senti. Après c’est vrai que je ne suis pas encore à 100 %. On est dans une situation délicate, le principal c’est la victoire, on a su la tenir et c’est le plus important sur ce match-là.

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FM : c’était important pour vous de revenir en France et en particulier à Paris ?

JM : oui, j’avais à coeur de revenir en France. Après il y a eu la possibilité de revenir à Paris. J’ai réfléchi, et comme je l’ai déjà dit, je suis content d’être là.

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« j’ai eu 2-3 opportunités en Ligue 1, mais j'ai décidé de me lancer dans le défi Paris FC »

FM : n’avez-vous pas été déçu qu’aucun club de Ligue 1 ne décide de miser sur vous ?

JM : en fait, j’ai eu 2-3 opportunités en Ligue 1. Après le Paris FC est venu. J’ai réfléchi, ça a pris quelques semaines et après j’ai décidé de me lancer dans le défi PFC.

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FM : justement, pour relever ce défi, dans quel état d’esprit vous trouvez-vous ?

JM : bien, complètement serein. Je suis là pour bosser, c’est un beau défi pour moi. Je suis très heureux d’être là. Comme je l’ai dit, c’est à nous de sortir de cette zone-là pour être mieux et faire une meilleure saison qu’on a pu le faire pour l'instant.

FM : que manque-t-il à cette équipe pour retrouver sa place qui était la sienne depuis 3 ans en L2 ?

JM : tu fais un mauvais match ou deux, tu perds un peu confiance, et tu perds des points. C’est un engrenage. Mais là j’espère qu’avec la victoire contre Troyes ça va nous faire du bien et nous permettre d’avancer.

FM : de par votre expérience, avez-vous envie d’endosser un rôle de leader dans le vestiaire ?

JM : ça je ne sais pas mais c’est vrai qu’avec l’âge, ça vient plus naturellement. Je vais essayer d’aider les jeunes, les moins jeunes avec mon expérience et mon vécu. Je suis ouvert à ça et je le ferais avec grand plaisir. Si c'est une demande ou une attente du vestiaire je ne sais pas. Moi je ne suis pas quelqu’un qui arrive qui veut se montrer différent des autres. Ce n’est pas mon caractère, ce n’est pas moi. Donc si ça doit se faire, ça se fera naturellement.

FM : vous avez signé pour un an au PFC, avez-vous l’ambition de retrouver la Ligue 1 dès la saison prochaine ?

JM : honnêtement ce n'est pas plus important que ça. Le plus important c’est de retrouver mon niveau, de me retrouver bien physiquement et de retrouver du plaisir avec le Paris FC. Après on verra tranquillement ce qui arrivera. Aujourd’hui il me manque essentiellement des matches. On peut s’entraîner pendant un an, mais si on ne joue pas ce n’est pas pareil. Rien ne remplace l'enchaînement des matches...

FM : à 32 ans, vous avez connu de nombreuses expériences en France et à l’étranger. Laquelle vous a le plus marqué ?

JM : chaque expérience est enrichissante et a ses atouts. J’ai passé de bonnes années en Italie, au Mexique aussi.

FM : mais au Mexique ca n’a pas aussi bien fonctionné que cela...

JM :(il coupe) j’avais bien commencé quand je suis arrivé (ndlr: 5 buts en 16 matches toutes compétitions confondues avec l’America). Après je suis parti en vacances. Ensuite on a fait la préparation et c’est à ce moment-là que je me suis fait les croisés. Je suis revenu en février et c’est à ce moment-là que j’ai eu une petite brouille avec mon entraîneur et après c’est devenu impossible pour moi.

FM : justement, l’entraîneur de l’America Miguel Herrera a eu des mots durs envers vous. Cela a été difficile pour vous ?

JM : au final il se défendait comme ça. Les supporters voulaient me voir jouer. Les joueurs de l’America voulaient aussi me voir avec eux dans l'équipe. Lui pour se défendre, il a inventé des choses. Mais bon c’est comme ça, je ne lui en veux pas, ce n’est pas grave.

FM : aviez-vous pris des conseils auprès d’André-Pierre Gignac, véritable star locale ?

JM : pas spécialement. On s’est vu plusieurs fois là-bas, on rigolait ensemble. Après comme je dis, c’est ma blessure qui m’a un peu tout coupé. J’en garde quand même une bonne expérience.

FM: difficile de ne pas évoquer avec vous le PSG. Qu’est-ce que vous pensez de l’évolution de votre club de coeur ?

JM : la situation est comme d’habitude. Le PSG gagne le championnat avec un certain nombre de points d’avance et on espère qu’ils iront très loin en Ligue des Champions cette saison.

« Leonardo au PSG ? C’est quelque chose de positif pour le club »

FM : que pensez-vous du retour de Leonardo à Paris, l’homme qui vous a recruté en 2011 ?

JM : c’est quelque chose de positif pour le club. Directeur sportif, c’est le poste qui lui va le mieux. C’est là où il prend le plus de plaisir aussi. On connaît son carnet d’adresses. Je pense qu’il est revenu avec certaines d’ambitions, même si on sait que ça ne va pas être facile non plus.

FM : le club a bien évolué depuis votre passage, mais que manque-t-il encore à Paris pour remporter la Ligue des Champions ?

JM : peut-être de l’expérience. Je pense que ça ne s’achète pas d’autant que tout le monde veut la gagner et que ce n’est jamais facile. Mais quand Paris ne la gagne pas, le Barça ne la gagne pas, le Bayern non plus, ni le Real Madrid, il n’y a pas que le PSG qui échoue et puis à la fin il ne peut y avoir qu'un seul vainqueur. C’est l’expérience, un petit coup de chance, peut-être un tirage au sort un peu plus favorable, tout ça, ça joue au final.

FM : Zlatan Ibrahimovic disait de vous que vous étiez le joueur le plus fort qu’il avait côtoyé à Paris. Est-ce que vous avez des regrets ou un sentiment d’inachevé sur votre expérience au PSG ?

JM : un sentiment d’inachevé ? Oui et non. C’est vrai que des paroles comme ça d’un tel joueur, ça fait toujours plaisir. Mais j’étais en fin de contrat à Paris, il y avait le Milan qui m’appelait... Donc j’avais aussi envie de tenter une expérience et ça s’est passé comme ça. Mais franchement non je n'ai aucun regret.

FM : vous avez joué avec Ibrahimovic, auriez-vous aimé jouer avec le tandem Mbappé-Neymar ?

JM : bien sûr, c’est toujours bon de jouer avec des joueurs comme ça. Aujourd’hui je prends du plaisir à les voir à la télévision et j’espère qu’ils vont nous permettre de ramener la Ligue des Champions à Paris.

FM : revenons un peu à vous et à votre parcours. Si vous deviez comparer le Jérémy Menez de 2004 à celui de 2019, qu’est-ce qui a fondamentalement changé entre les deux hormis l’expérience ?

JM : je suis sans doute moins impulsif. Je réponds moins du tac au tac. Aujourd'hui, je suis plus réfléchi dans mes décisions et ce sont deux-trois petites choses importantes qui font qu’on est plus calme et que les gens sentent que vous êtes moins agressifs et moins sur la défensive.

« Je ne suis pas quelqu’un de mauvais, je pense que je suis quelqu’un de bon et de bien »

FM : justement, est-ce qu’il y a des choses que vous avez faites que vous regrettez aujourd’hui ?

JM : regretter, oui et non. Après c’est ma personnalité, c’est moi. Et comme je le dis tout le temps, les gens me connaissent et les gens parlent rarement en mal de moi. Je ne suis pas quelqu’un de mauvais, je pense que je suis quelqu’un de bon et de bien. Donc le principal pour moi c’est ça.

FM : si lorsque vous avez été champion d’Europe U17, on vous avait pronostiqué cette carrière, auriez-vous signé des deux pieds ?

JM : signer je sais pas. Vous savez, quand on arrive dans un centre de formation, on quitte nos parents, nos potes. Quand on arrive, on a un rêve et un seul c’est de jouer en pro. Déjà juste devenir pro quand on est dans les catégories de jeunes c’est bien. Moi à Sochaux, c’était déjà énorme. Après c’est sûr que quand tu commences à côtoyer le haut niveau, tu progresses et tu as toujours envie d’aller plus haut. Mais après je suis content de ce que j’ai fait, ce que j’ai accompli depuis mes débuts.

FM : en parlant de champion d'Europe U17, comment expliquez-vous qu’un joueur comme Hatem Ben Arfa n’ait pas de club actuellement ?

JM : Honnêtement je ne sais pas le pourquoi du comment. C’est un grand garçon, c’est quelqu’un qui a encore beaucoup beaucoup de choses à donner. Au mois de décembre, il y a une autre fenêtre de mercato. Je ne suis pas inquiet sur sa capacité à rebondir.

FM : est-ce que vous êtes admiratif de la carrière réalisée par Karim Benzema au Real Madrid ?

JM : bien sûr, on ne peut qu'être admiratif devant sa carrière. Être titulaire 10 ans au Real Madrid, très très peu de joueurs l’ont fait. Malgré tout ce qu’on a pu dire sur lui, ce qu’on a pu lui mettre dans la gueule, il est toujours là, il bosse et il ferme la bouche des gens. À un moment donné chacun fait sa carrière. C’était sans doute un plus bosseur que nous et il a eu ce qu’il mérite voilà c’est tout.

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