Entretien avec… Chris Mavinga : « Les footballeurs sont comme des marchandises »

Par Khaled Karouri
6 min.
Rubin Kazan' Chris Mavinga @Maxppp

Passé dans sa carrière par le PSG, Liverpool, Genk et Rennes, Chris Mavinga découvre en cette saison un nouveau championnat, lui qui a posé cet été ses valises du côté du Rubin Kazan. Pour Foot Mercato, le défenseur décrypte son transfert et évoque son avenir.

**Foot Mercato : Chris, vous êtes depuis cet été en Russie, au Rubin Kazan. Comment se passe votre adaptation ?

La suite après cette publicité

Chris Mavinga :** L'adaptation se passe plutôt bien. J'arrive dans un très bon club russe, où il y a beaucoup d'étrangers. J'ai déjà connu un championnat étranger, une culture différente de la France, donc je n'ai pas connu de difficultés à m'intégrer. Et puis la présence de Yann M'Vila a facilité mon intégration.

À lire Deux joueurs de Girona transportés à l’hôpital après un gros choc à la tête

**FM : Vous parlez de Yann M'Vila. Sa présence a-t-elle été déterminante dans votre choix ?

La suite après cette publicité

CM :** Ça a été un facteur, plus ou moins. Après, j'ai vraiment demandé des informations sur le club, et j'ai accepté. Je ne regrette pas mon choix.

**FM : Avez-vous déjà pu constater de grandes différences avec la France, que ce soit au niveau des entraînements, du style de jeu etc ?

La suite après cette publicité

CM :** Au niveau des entraînements, il n'y a aucune différence, c'est le même travail, la même rigueur. Au niveau du championnat, j'avoue que je ne le connaissais pas bien avant, je le découvre. Je connaissais les grands clubs russes, mais quand on joue contre Volga ou Rostov, je ne savais même pas qui étaient ces clubs avant ! Je découvre ça, on n'est pas très bien classé en championnat (le Rubin Kazan est actuellement onzième du classement, sur seize équipes, Ndlr), même si ça se passe super bien en Ligue Europa (après quatre matches, le Rubin Kazan est premier de son groupe avec dix points). La différence, c'est qu'en championnat les équipes nous attendent, restent derrière, alors qu'en Ligue Europa on affronte des équipes qui jouent, et on profite des espaces grâce à l'expérience de nos joueurs.

**FM : Pourriez-vous nous raconter plus en détails votre transfert ?

CM :** En fait, je vais expliquer les choses. Le club a demandé, dès la reprise, des informations à mon sujet. Rennes avait refusé, disant que j'étais invendable. Du coup, dans ma tête, il était clair que je ne serai pas transférable cet été quoi qu'il arrive, peu importe le club. Et puis, Philippe Montanier est venu me voir, me disant que le club avait reçu une offre du Rubin, il ne me l'a pas caché. Il m'a alors dit qu'il voulait me garder dans l'effectif, qu'il comptait me faire jouer. Moi, j'étais au service du club, ce n'était pas à moi d'accepter ou non l'offre. Puis, quelques jours plus tard, les dirigeants du Rubin Kazan sont venus au centre d'entraînement de Rennes, sans que je sois au courant. Je ne savais pas du tout, ils ont débarqué pour négocier directement à Rennes. Dès que je l'ai su, j'ai appelé mon agent pour lui en parler. Il était sur Paris, et est venu à Rennes pour voir ce qu'il en était. J'ai alors appris que Rennes et le Rubin Kazan s'étaient mis d'accord, et les dirigeants de Rennes m'ont dit de discuter avec ceux de Kazan. Je suis donc sorti de l'entraînement sans même passer par les vestiaires, pour me rendre dans les bureaux. Ça a duré, franchement, 3-4 heures, facile. Au départ, je n'étais pas d'accord, puis on est parvenu à un accord de principe, mais il fallait que je parle avec ma famille, pour savoir si mes proches étaient d'accord. Ma mère m'a dit qu'elle ne me voyait pas encore partir loin de la France, que je devais confirmer encore, au moins une année. J'ai donc revu les dirigeants de Rennes en début de semaine, pour leur dire que je ne voulais pas partir. Après ça, plein de choses se sont passées, et finalement le transfert s'est fait. J'ai compris le discours du club, le Rubin avait confiance en moi. D'un point de vue sportif, je voulais rester à Rennes, mais je savais que je n'étais pas perdant, car c'est un club qui joue la Coupe d'Europe, ce qui est une vitrine. Ça m'apprend à jouer tous les trois jours, c'est bénéfique. Je pense que c'est une expérience qui va me faire grandir.

**FM : Vous avez donc été déclaré tout d'abord intransférable, avant finalement que la direction de Rennes accepte de vous vendre. Voir que le club a pu changer ainsi son fusil d'épaule vous a-t-il quelque peu déçu ?

La suite après cette publicité

CM :** Pas vraiment de déception. C'est le football. Aujourd'hui, les footballeurs sont considérés comme des marchandises. Moi, je pense qu'à leur place j'aurais réagi pareil. Ils m'ont acheté 1 M€, et ont pu me vendre 4-5 M€. Je l'aurais également fait. On est dans un business, il faut se faire de l'argent. Je ne peux pas dire que je suis frustré, car c'est un club que j'apprécie toujours, je les suis tout le temps, je suis en contacts avec mes anciens coéquipiers. C'est le football, c'est comme ça. J'ai été dans d'autres clubs, j'ai été vendu, peut-être que le Rubin me vendra aussi, c'est comme ça. Je n'ai aucun regret, la seule chose que je veux c'est jouer au foot et prendre du plaisir, ce qui est le cas au Rubin. Je joue tous les matches, ça se passe bien, je suis titulaire, on figure bien en Coupe d'Europe.

**FM : Vous avez un attachement particulier à Rennes. D'ailleurs, depuis votre départ, vous avez accordé votre première et seule véritable interview à un site de supporters rennais. Pourquoi ce choix ?

CM :** Les représentants de ce site étaient souvent au centre d'entraînement, je les connais. À ce moment-là, j'ai été contacté par des tas de journalistes, pour expliquer mon choix d'être parti en Russie. Mais je voulais expliquer le déroulement des évènements aux supporters rennais en priorité, pas à toute la France. Les gens ne savaient pas que ce n'était pas un choix financier, que j'étais prêt à rester à Rennes sans même demander de revalorisation salariale. Je me suis éclaté dans ce club, où j'ai joué beaucoup de matches comme titulaire. Le nouveau coach avait un jeu basé sur la technique, je voulais progresser avec lui sur certains aspects de mon jeu. Je suis jeune, pour moi le plus important c'est de progresser.

**FM : Votre but est-il maintenant de vous imposer sur la durée en Russie ?

CM :** Aujourd'hui, je ne vais pas faire de plans sur l'avenir. La seule fois où je suis resté 3 ans dans un club, c'était au centre de formation du PSG ! J'ai connu l'étranger à Liverpool et à Genk, j'étais donc revenu en France pour retrouver de la stabilité. J'avais vraiment envie de rester dans un club français, de ne pas me disperser. Puis, finalement, le Rubin Kazan est arrivé, et j'ai dû changer d'avis. C'est comme ça. Pour le moment, ça se passe bien, je fais mes matches, même si c'est parfois relou (sic) en championnat, car quand on ne gagne pas c'est chiant (rires). J'ai signé quatre ans ici, après si demain un club débarque et me propose encore mieux, de meilleures perspectives, peut-être que je partirai dès janvier. Pour le moment, il n'y a aucun bruit de couloir, tout se passe bien ici, mais je ne connais pas mon avenir. Je reste ambitieux, j'ai 22 ans, il y a mieux comme championnat il faut le dire, comme l'Espagne, l'Angleterre ou l'Allemagne. Pourquoi pas, on vise le top, chaque chose en son temps, je ne me prends pas la tête.

La suite après cette publicité

Fil info

La suite après cette publicité