OL : mais où en est vraiment Nabil Fekir ?

Par Khaled Karouri
7 min.
Olympique Lyonnais Nabil Fekir @Maxppp

Dans 13 jours, Nabil Fekir fêtera un bien triste anniversaire, puisque c’est le 4 septembre dernier que l’attaquant lyonnais se blessait gravement avec l’équipe de France. De retour à la compétition et comme titulaire chez les Gones, où en est aujourd’hui celui dont le bail expire en 2020 dans la capitale des Gaules ?

Il est une quatrième recrue pour l’Olympique Lyonnais. Outre les arrivées de Maciej Rybus, Nicolas Nkoulou, et Emanuel Mammana, le véritable retour à la compétition de Nabil Fekir sonne comme la venue d’un quatrième renfort pour le club septuple champion de France. Fauché en plein vol l’été dernier, victime le 4 septembre avec l’équipe de France d’une rupture du ligament croisé antéro-interne du genou droit, d’une lésion du ligament latéral interne et d’une lésion du ménisque interne six jours seulement après avoir inscrit un retentissant triplé face à Caen, le gaucher est de nouveau pleinement opérationnel. Et s’il avait déjà foulé les pelouses françaises en fin de saison dernière (six matches entre le 2 avril et le 14 mai), ce n’était pas un grand numéro 18 que nous avions sous les yeux.

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Quelques kilos superflus, un manque de jus évident, et une envie de trop bien faire parfois contreproductive n’ont ainsi pas été suffisants pour rejoindre sur le gong l’équipe de France à l’Euro. Alors, conscient d’avoir encore du travail devant lui pour être compétitif, le jeune homme de 23 ans a profité de l’intersaison pour bosser, bosser, et encore bosser. Trois semaines avant ses camarades, l’international français (5 capes, 1 but) s’est infligé une charge de travail individuel : « J’ai repris un peu avant tout le monde, pour me préparer et me sentir un peu mieux, je sentais que c’était nécessaire et ça m’a fait du bien », confiait-il le 31 juillet dernier après la victoire des Gones sur Benfica en amical (3-2). Une rencontre au cours de laquelle l’intéressé avait d’ailleurs marqué, portant son total à deux buts durant la préparation (il avait aussi marqué face au Zenit).

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Un comportement exemplaire qui suscitait la confiance de Bruno Genesio, lequel ne boudait pas son plaisir en conférence de presse, heureux de voir l’homme aux 13 buts et 9 passes décisives en Ligue 1 en 2014-2015 être aussi studieux et appliqué : « Comme vous, je l’ai trouvé en pleine forme, affûté. Il a fait déjà, il faut le savoir, trois semaines de travail individuel. Ce qui est quand même difficile pour un joueur qui est en "vacances". Ça montre son degré de motivation pour revenir à son niveau , je précise bien physique. Parce que le reste, non seulement il ne l’a pas perdu, mais il l’a conservé et amélioré ». La confiance était donc de rigueur dans la capitale des Gaules avant le coup d’envoi du présent exercice, et prenait même une ampleur encore plus grande lorsque, au bout de trois minutes de jeu, Fekir catapultait le cuir au fond des filets du Paris Saint-Germain au Trophée des Champions.

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Fekir travaille pour retrouver son niveau

Sourire malicieux aux lèvres, le feu follet d’origine algérienne pensait lancer au mieux son année, mais il était hors-jeu et voyait donc sa réalisation être logiquement refusée. La suite du match ressemblera à un calvaire pour lui et ses partenaires, balayés 4-1. Replacé dans l’axe au cours de la deuxième période suite au remplacement d’Alexandre Lacazette, l’ancien pensionnaire du FC Vaulx-en-Velin peinait à exister dans une partie dominée par l’équipe adverse, et attendait logiquement le coup d’envoi de l’exercice en championnat pour reprendre sa marche en avant. Car sans faire injure aux deux premières équipes affrontées en L1 par l’OL, Nancy et Caen étaient sur le papier deux équipes plus abordables que le PSG, de bon augure donc pour que Fekir redevienne décisif en championnat.

Lyon s’est d’ailleurs imposé par deux fois (0-3 puis 2-0), mais celui qui a longtemps hésité entre les Bleus et les Fennecs n’a pu se montrer décisif statistiquement parlant. Pourtant, face à l’ASNL, c’est lui qui est à l’origine de l’ouverture du score, adressant une merveille de passe en profondeur à Sergi Darder, lequel finira par trouver Lacazette pour catapulter le cuir au fond des filets. Contre les Normands ensuite, Fekir aura tenté sa chance à 5 reprises, dont l’une aurait pu finir au fond sans un Rémy Vercoutre vigilant, chose que Jean-Michel Aulas notait évidemment bien après le match : « Je le sens vraiment très bien. Il faut qu’il se remette complètement dans des matches de 90 minutes, ce qui est toujours difficile quand on est arrêté 7-8 mois sans compter les vacances qui sont venues couper sa reprise. Il faut compter 4-5 mois avant qu’il soit à 100%, mais je l’ai trouvé très bien. On a vu deux frappes enchaînées, je suis très heureux de Nabil », assurait le président lyonnais en zone mixte.

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Au total, en deux journées de championnat, celui qui fut élu meilleur espoir en 2015 a touché 95 ballons, gagnant 10 ballons mais en en perdant 30 dans le même temps, tout en affichant un taux de passes réussies à hauteur de 79,5%. Des chiffres contrastés donc, entre une aisance technique qui lui permet d’adresser de bonnes passes, mais des carences physiques le contraignant à perdre encore régulièrement le cuir dans ses duels : « Je me sens bien », rétorquait cependant l’intéressé après Benfica : « Je ne suis pas encore à 100% mais je travaille tous les jours à l’entraînement avec le staff pour essayer de progresser et de me préparer au mieux. Devant le but, ça revient petit à petit, on travaille tout le temps devant le but avec Gérald (Baticle, entraîneur des attaquants), on essaie d’être sérieux. Je n’ai pas eu de doute, mais ça a été compliqué, il faut bosser physiquement et dans tous les domaines quand on est blessé une longue période », concluait-il, réaliste quant à ses capacités actuelles.

Fekir a la confiance de ses partenaires

Justement, dans les travées du Groupama OL Training Center, l’heure n’est pas au pessimisme, bien au contraire même, puisque l’Olympique Lyonnais a conscience du fait que la machine à statistiques Fekir a encore besoin de temps pour tourner à plein régime, et que du retour en grande forme du fin technicien dépendra la réussite de l’exercice : « Je le trouve très impliqué, il fait de supers entraînements, il est toujours là à bosser. Même hors entraînement, il est en salle, on le sent très impliqué. Je pense qu’il doit râler un peu de ne pas être décisif en match, mais ça va venir au fur et à mesure et il va retrouver son niveau d’il y a deux ans. Il a envie de revenir à son meilleur niveau, il s’en donne les moyens, donc c’est une très bonne chose et je pense qu’il va vite être récompensé de tous ses efforts », nous assure son partenaire Jordan Ferri, heureux de voir son compère se réfugier encore et toujours derrière le travail pour retrouver les sommets.

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Reste que, pour les supporters, un doute subsiste. Car si, il y a deux ans, le numéro 18 rayonnait aux côtés d’Alexandre Lacazette dans le 4-4-2 en losange, Lyon a changé de schéma de jeu en son absence, passant dans un 4-3-3 où Ghezzal a fait des merveilles sur l’aile droite. Installé dans ce même couloir, Fekir n’affiche pas les même facilités que son équipier, et apparaît tout simplement moins à l’aise dans une position plus éloignée du but et où les efforts défensifs sont plus conséquents. Alors, y a-t-il un problème avec ce système de jeu ? « Dans le 4-3-3, le coach le laisse quand même assez libre, on a pu voir qu’il alternait avec Alex dans l’axe, qu’il pouvait aussi décrocher, qu’il était assez libre. Je pense donc qu’il se plaît quand même dans ce système-là », réplique Ferri, refusant de souscrire à ce raccourci facile.

S’il est évidemment donc bien trop tôt pour tirer des conclusions définitives, toujours est-il que le temps passe et que, dans maintenant 13 jours, Nabil Fekir "fêtera" un anniversaire bien particulier, puisque cela fera tout juste un an qu’il s’est blessé au Portugal avec les Bleus. Nul doute que, pour accepter un peu mieux cet anniversaire, un petit but ce samedi à Dijon (17h00) ferait le plus grand bien à l’intéressé. Le promu est prévenu, le Lyonnais voudra assurément faire parler la poudre pour exorciser ses démons et tourner définitivement la page d’une blessure qui n’a que trop retardé l’éclosion définitive d’un authentique talent.

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