Serie A : Gian Piero Gasperini se fait cartonner de tous les côtés pour ses méthodes tyranniques

Par Aurélien Macedo
6 min.
Gian Piero Gasperini @Maxppp

Coach de l’Atalanta depuis 2016, Gian Piero Gasperini dispose de sacrés résultats avec la Dea qu’il a su installer dans les équipes fanions de la Serie A. Néanmoins, ses méthodes autoritaires sont critiqués par ses anciens joueurs à l’image du Danois Joakim Mæhle qui s’est confié dernièrement.

Devenu une référence du coaching en Serie A, que ce soit avec le Genoa, mais surtout à l’Atalanta où il a construit une équipe redoutable depuis 2016 avec la Dea, Gian Piero Gasperini (65 ans) est respecté pour son travail avec la formation lombarde. Les Orobici comptent avec lui notamment trois podiums de Serie A (3e en 2019, 2020 et 2021) ainsi qu’un quart de finale de Ligue des Champions en 2020. Actuellement cinquième du championnat et de nouveau en route pour une belle saison, Gian Piero Gasperini et ses joueurs devraient de nouveau jouer les outsiders comme souvent. Cependant, cela ne se fait pas à n’importe quel prix et il est de notoriété publique que le management de Gian Piero Gasperini pose souvent question. Si l’aspect tactique du technicien italien n’est jamais remis en coach, les rapports humains le sont davantage.

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Le divorce avec Papu Gomez, un premier drapeau rouge

Son caractère bien trempé à souvent causé des frictions dans le vestiaire. Alors qu’il était la star de l’équipe, Alejandro Papu Gomez, s’était brouillé avec son entraîneur, ce qui aura conduit à son départ pour Séville à l’hiver 2021. Quelques mois après, l’Argentin en avait révélé les raisons : contre Midtjylland (le 1er décembre 2020 en Ligue des Champions, ndlr), j’ai désobéi tactiquement au coach. Il restait dix minutes avant la mi-temps et il m’a demandé de venir jouer à gauche, alors que je jouais bien à droite. Je lui ai dit non. Imaginez, lui avoir répondu comme ça, avec les caméras… C’était normal qu’il se mette en colère. J’ai su qu’il allait me sortir à la mi-temps, et c’est ce qu’il a fait. Mais dans le vestiaire, il a dépassé les bornes, et il a tenté de m’agresser physiquement.

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La réponse de Gian Piero Gasperini était tranchante : «le comportement de Gomez, sur et en dehors du terrain, était devenu inacceptable pour l’entraîneur et ses coéquipiers. C’est lui qui m’a agressé physiquement, pas moi, mais la vraie raison pour laquelle il a quitté Bergame est pour avoir gravement manqué de respect aux propriétaires du club. J’espère que Gomez pourra continuer à faire parler de lui par ses performances, comme il l’a fait à l’Atalanta.» Une divergence d’opinions entre les deux hommes forts du projet bergamasque qui auront donc conduit à un divorce. Alors que depuis ce moment, l’Atalanta n’aura jamais réussi à faire mieux - tout en se maintenant à un excellent niveau - le management très autoritaire de Gian Piero Gasperini est devenu de plus en plus quelque chose d’acquis. Nombreux sont depuis les joueurs à avoir pris la parole pour contester cette façon de gérer un groupe.

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D’autres joueurs ont mal vécu le management de Gasperini

Gardien de l’Atalanta entre 2017 et 2018, Pierluigi Gollini a notamment expliqué que son départ à Tottenham puis dans des prêts à la Fiorentina et à Naples était lié à ses relations avec Gian Piero Gasperini : «je ne suis pas parti à cause d’un problème technique, mais seulement pour des problèmes personnels avec une seule personne.» Dans un entretien pour Sport/Foot Magazine, Timothy Castagne passé à Leicester et désormais à Fulham - qui avait évolué entre 2017 et 2020 à l’Atalanta - avait lui aussi mis l’accent sur la manière singulière de Gian Piero Gasperini de diriger ses joueurs : «je suis resté trois ans là-bas et c’était vraiment une belle expérience. Et peut-être que c’est aussi moi qui dois parfois apprendre à être un peu plus sûr de moi. Mais le fait est que la méthode Gasperini ne me correspondait pas toujours.»

«Pendant un match, c’est un coach qui s’énerve très vite, qui a beaucoup de mal à se contrôler. Je pense que je n’ai jamais été à 100% de mes capacités là-bas à cause de cette manière de fonctionner. Après, j’ai été en Italie pour grandir et j’ai grandi. Je me suis fait un nom là-bas, une réputation. Je serais fou de cracher dans la soupe aujourd’hui. Je dis juste que pour que je sois au maximum de mes capacités, j’ai besoin d’un entourage avec une approche différente que celle que peut avoir un Gasperini» a-t-il poursuivi. S’il fait l’unanimité sur ses qualités d’entraîneur, sur l’aspect humain, le coach transalpin n’attire pas la même effervescence et les dernières déclarations du latéral danois Joakim Mæhle ne vont pas arranger les choses.

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Les poignantes confidences de Joakim Mæhle

Se confiant auprès de Goal Italia, le joueur de 26 ans qui est parti cet été à Wolfsbourg est revenu sur les raisons de son départ tout en insistant sur sa relation très compliquée avec Gian Piero Gasperini : «j’avais besoin d’un nouveau défi à ce moment de ma carrière. Une équipe dans laquelle je peux jouer un rôle différent de celui que j’ai joué à l’Atalanta, où l’on risque toujours d’être sur le banc. À Wolfsburg, on se sent davantage partie intégrante. Une équipe où il y a plus d’unité et de bonne humeur dans le vestiaire. C’est ce que je recherchais depuis un moment. Je suis heureux d’être arrivé dans une équipe où on sent que tout est sous contrôle.» Un vrai bol d’air frais pour le joueur qui saturait totalement sous les ordres du coach italien.

Regrettant certaines règles strictes comme un entraînement toujours fixé l’après-midi et des libertés assez réduites, Joakim Mæhle n’a d’ailleurs pas hésité à employer des mots forts : «l’approche presque dictatoriale de Gasperini ? Tu l’as dit. Je ne voulais pas le dire avant, parce que j’avais peur que vous (les médias, ndlr) écriviez une chose plutôt qu’une autre… (il s’adresse au journaliste qui l’interroge, ndlr). C’est comme ça qu’il a tout décidé. Si, par exemple, nous faisions un double entraînement, nous devions rester et dormir dans l’établissement pour la nuit. Ensuite, nous n’étions pas été autorisés à rentrer chez nous. Un style de management basé sur la peur ? Oui un peu. On peut appeler ça de la mauvaise gestion ou autre, je ne sais pas. Au moins, je me suis préparé aux prochaines expériences de ma carrière. Tu ne te sens pas comme une personne, j’entends un numéro. Vous n’avez aucune relation avec le coach. Il peut tourmenter quelqu’un pour des choses étranges.»

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Merih Demiral confirme la version de Joakim Mæhle

Le demi-finaliste de l’Euro 2020 est notamment revenu sur une scène assez lunaire. Alors que le jeune Rasmus Højlund n’avait pas encore le permis et que Joakim Mæhle l’emmenait à l’entraînement, Gian Piero Gasperini a vite désapprouvé cela : «il ne voulait pas que nous conduisions ensemble. Parce que comme ça, nous pourrions nous asseoir, discuter ensemble sur le chemin de l’entraînement, nous amuser. Il n’en voulait pas et c’est pour cela que j’ai été réprimandé. Même si le club m’a dit que je pouvais emmener Rasmus avec moi à l’entraînement, car ils n’avaient pas de chauffeur pour lui. Je ne sais pas si c’est typique des Italiens, mais ce sont juste certaines choses qui vous mettent en colère et vous fatiguent à long terme.»

Une sortie qui ne manquera pas de faire parler et qui a d’ailleurs été saluée par Merih Demiral, son ancien coéquipier désormais à Al-Ahli en Arabie saoudite. Ce dernier s’est exprimé sur X (ex-Twitter) en confirmant la véracité des propos de Joakim Mæhle. Le défenseur central turc a également rajouté ceci : «vous apprendrez bientôt tous les faits. Attendez l’entretien.» Une sortie imminente de Merih Demiral sur le sujet pourrait donc bientôt arriver. Quoi qu’il en soit, cela pose la question sur le management des coachs. Puisque même si Gian Piero Gasperini dispose de bons résultats, il a sous ses ordres des êtres humains et cette donnée ne semble pas être la plus importante aux yeux du technicien italien…

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