Lille : Enyeama, une force tranquille sans rancune

La trajectoire de Vincent Enyama au LOSC est atypique. Recruté par les Dogues lors de la saison 2011/2012, le portier des Super Eagles du Nigeria, âgé à l’époque de 29 ans, débarquait en France en provenance de l’Hapoël Tel-Aviv avec l’idée de franchir un palier dans un club qui venait de décrocher son troisième titre de champion de France. Mais très vite, son aventure dans le Nord a tourné au vinaigre. La confiance est maintenue à Mickaël Landreau, résultat : Enyeama ne joue aucun match de Ligue 1 et doit se contenter d’une apparition en Ligue des Champions (contre l’Inter Milan) et de deux sorties en coupe de la Ligue (face à l’OL et Sedan).

Un bilan trop maigre qui le pousse à retourner en exil en Israël, au Maccabi Tel-Aviv. De retour en Ligat ha'Al, le Nigérian a vu Landreau plier bagage et être remplacé par Steeve Elana. Un nouveau coup dur ? Pas vraiment. Rentré en France l’été dernier, le natif d’Aba profite du changement d’entraîneur (René Girard a remplacé Rudi Garcia) pour enfin s’installer à la place de gardien nº 1 du LOSC. «René Girard me parle comme un père parle à son fils. Je l’aime beaucoup», a-t-il déclaré cet après-midi pour rendre hommage à son coach en conférence de presse. Un changement qui porte aujourd'hui ses fruits sur le terrain.

Impassable depuis neuf rencontres de championnat, Enyeama affiche 855 minutes d’invincibilité au compteur. Un total qui lui permet de n’être qu’à trois minutes de la performance réalisée par le Parisien Salvatore Sirigu la saison passée. Bien parti pour dépasser l’Italien, Enyeama sait également que le record absolu de Gaëtan Huard (1176 minutes) devient de plus en plus accessible. Une belle revanche donc pour un joueur qui a tardé à s’imposer dans son club. Une belle récompense aussi puisque le Lillois a été élu joueur de L1 du mois d’octobre devant la doublette parisienne Ibrahimovic-Cavani.

Pourtant, face à tout ce battage médiatique dont il est l’objet, le Super Eagle ne s’enflamme pas et préfère la jouer collectif plutôt que de privilégier les louanges personnelles. «Je profite de ces moments. Je ne les prends pas que comme une récompense personnelle, mais comme un travail d’équipe. Je ne cours pas après les statistiques. Je n’y pense pas quand j’entre sur le terrain. Seuls les résultats m’intéressent. J’essaye de vivre positivement chaque jour. De trouver le meilleur dans toute situation et d’être joyeux. Je suis très croyant.» Une foi inébranlable qui lui permettra peut-être de rentrer dans l’histoire de notre championnat. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.