AS Monaco : Aurélien Tchouameni, l’indispensable

Par Hanif Ben Berkane
6 min.
Aurélien Tchouaméni à la lutte avec Benjamin Bourigeaud @Maxppp

Après six mois d’acclimatation du côté du Rocher, Aurélien Tchouameni s’impose cette saison comme l’un des indispensables de l’AS Monaco. Régulier et en constante progression, le jeune milieu enchaîne les bonnes performances dans l’entrejeu monégasque.

Cette saison, Aurélien Tchouameni semble avoir enfin franchi un cap. Devenu indiscutable aux yeux de son entraîneur, Niko Kovac, le jeune joueur de seulement 20 ans monte en puissance. Preuve en est, il a été titularisé dans dix-neuf des vingt matches de son équipe en championnat (il était suspendu lors du match face à Brest). Avec le temps, Tchou’ a fini par gagner en régularité dans le milieu monégasque. Dans le 4-4-2 mis en place par Niko Kovac, il s’est petit à petit fait une place au côté d’un autre jeune, Youssouf Fofana.

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Pourtant, ce n’était pas forcément gagné au moment où le jeune joueur formé à Bordeaux quittait la Gironde pour s’engager à Monaco en janvier 2020 contre plus de 18 millions d’euros. Sous les ordres du technicien espagnol Robert Moreno, le jeune joueur de 20 ans ne réussissait pas véritablement à performer. Trop irrégulier, il n’avait joué que trois matches sur les sept possibles avant l’arrêt de la saison lié à la crise sanitaire. Mais au-delà du temps de jeu, les performances n’avaient pas semblé abouties. Il fallait faire preuve de patience avec le jeune milieu français selon Gustavo Poyet, l’entraîneur qui l’a lancé en professionnel aux Girondins de Bordeaux. « Quand il arrive à Monaco, il ne faut pas oublier qu’il n’a même pas 40 matches en pro. Ce n’est pas facile. Il change de dimension, il a dû prouver à nouveau, se montrer, gagner en confiance. » avoue le technicien uruguayen qui ne semble pas étonné par la réussite de son protégé chez les Rouge et Blanc. « Il a la bonne mentalité, il est bien entouré par sa famille, il lui fallait du temps. »

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Un repositionnement gagnant

Si Aurélien Tchouameni a réussi à devenir régulier dans ses performances, c’est aussi parce qu’il s’est installé avec le temps dans un rôle qui lui correspond mieux. Positionné plus haut sur le terrain, ses capacités athlétiques et techniques lui permettent d’apporter un vrai plus offensivement sans pour autant délaisser les tâches défensives. Un juste-milieu idoine surtout lorsqu’il est contraint d’évoluer dans un milieu à deux. « Il aimait bien jouer devant la défense. J’estimais qu’il avait les capacités pour jouer un peu plus devant. C’est un joueur qui à la possibilité d’arriver devant la surface et de marquer des buts facilement » se rappelle Gustavo Poyet. Et même si cette saison, il n’a pas encore trouvé le chemin des filets, Tchouameni est un vrai plus dans la création offensive. « Il nous a mis pas mal de buts à l’époque. Déjà à l’entraînement, il était très adroit devant les cages » se remémore Till Cissokho, ancien défenseur des Girondins qui l’a connu au centre de formation. Sa taille (1m87) et son explosivité lui permettent d’être efficace dans les deux surfaces.

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Le natif de Rouen évoluait à ses débuts au poste d’avant-centre. C’est en discutant avec lui que Gustavo Poyet s’est rendu compte de la possibilité de le voir se développer plus haut sur le terrain. Et la faiblesse offensive des Marine et Blanc à l'époque a forcé les choses. « Moi, j’avais besoin de quelqu’un capable d’apporter devant. À Bordeaux, ce n’est pas comme à Monaco. Là, devant, il y a des Ben Yedder ou Volland. À Bordeaux, je n’avais personne. Il me fallait quelqu’un capable de marquer sept ou huit buts par saison et d’apporter devant. Et lui, il a la qualité pour finir les actions » avoue l’ancien entraîneur de Sunderland. Mais dans ce rôle de numéro 8, il faut aussi être capable d’assurer défensivement pour ne pas fragiliser l’équilibre de l’équipe. « C’est vraiment un milieu complet. C’est un bon numéro 8 parce qu’il a cette capacité à récupérer des ballons dans les pieds très souvent » précise Cissokho. « Il est capable de récupérer les ballons très facilement grâce à son placement. Parfois, je le voyais tendre sa jambe et récupérer des ballons, je ne comprenais pas comment c’était possible. C’est ce qui fait de lui un bon milieu défensif » confirme Gustavo Poyet. Pour appuyer ces propos rien de mieux que des chiffres. Cette saison, Tchouameni réussi en moyenne 2,8 tacles par match, soit le deuxième meilleur de l’effectif derrière Fofana (2,9). Mais il est aussi le joueur qui réalise le plus d’interceptions de l’effectif à égalité avec Aguilar avec 2,1 interceptions par match.

Patience et maturité

Au-delà des terrains et des chiffres, si le coéquipier de Ben Yedder monte en puissance, c’est aussi parce qu’il n’a jamais douté de lui. Même lorsqu’il connaissait des difficultés, Tchouameni a toujours su patienter pour saisir sa chance. Et pourtant, malgré son jeune âge, il a souvent été critiqué par les supporteurs bordelais d’abord et monégasques ensuite. Oubliant presque que ce jeune joueur, capitaine des U19 en Equipe de France, était l’un des plus gros potentiels de sa génération. Malgré ça, il a patiemment fait son trou dans un effectif où les places sont chères. « Je commence à gagner en constance au fur et à mesure des matches. Je continue de travailler au quotidien » avait-il avoué sur les antennes de RMC. C’est cette mentalité qui lui a permis de surmonter les obstacles. À Bordeaux, déjà, il semblait avoir un plan en tête, un plan de carrière qu’il devait suivre à la lettre pour espérer réussir dans le football. « Il a toujours su où il voulait aller, il faisait tout pour réussir. Ce n’était pas forcément le meilleur, mais c’était l’un des plus déterminés » appuie son ancien coéquipier qui évolue maintenant en Autriche. « Ce qui m’a marqué, c’est sa maturité. Il a toujours été plus mature que les autres. Il savait quoi faire à quel moment. Il a toujours été en avance sur ça. »

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Alors forcément, quand il a débarqué au stade Louis II et qu’il n’a pas su s’exprimer de la meilleure des manières, il n’était pas question de paniquer même pour son ancien entraîneur. « Quand j’ai vu son premier match à Monaco, je ne l’ai pas reconnu (rires). Je me suis dit "qui c’est ce joueur ?". Mais je n’étais pas inquiet. » Depuis le début de saison, Aurélien Tchouameni s’affirme. Sans faire de bruit, il devient l'un des meilleurs milieux de Ligue 1 pour le plus grand bonheur de Niko Kovac, qui en a fait l’une des pièces maîtresses de son onze. S’il continue sur cette lancée, nul doute qu’il devrait plaire à beaucoup d’écuries européennes.

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