Ligue 1

FC Barcelone, Schalke 04 : les incroyables confessions de Jean-Clair Todibo

Prêté avec option d'achat par le FC Barcelone à Nice, le jeune défenseur central français a convaincu tout son monde. Aux antipodes des derniers mois dantesques vécus en Espagne et en Allemagne, sa pige en France est comme un second souffle. Un moment d'accalmie dont il a profité pour se livrer sur son début de carrière mouvementé.

Par Cédric Rablat
4 min.
Jean-Clair Todibo sous les couleurs de Nice @Maxppp

Son arrivée à l'OGC Nice ressemblait au prêt de la dernière chance. Débarqué à l'Allianz Riviera l'hiver dernier, le jeune défenseur central français devait absolument se racheter, après son passage manqué au FC Barcelone et ses deux prêts ratés à Schalke 04, puis à Benfica. Son arrivée à Nice n'avait à l'époque pas forcément suscité l'unanimité. Il faut dire que la réputation sulfureuse du jeune homme interpellait les observateurs. Mais rapidement, l'ancien Toulousain a su devenir indispensable chez les Aiglons, affichant une belle régularité dans ses performances. Le principal protagoniste a séduit les dirigeants niçois qui devraient ainsi lever l'option d'achat fixée à une dizaine de millions d'euros. Dans une interview accordée à l'Equipe, le joueur qui appartient encore au FC Barcelone a accepté de revenir sur ses expériences passées, forcément douloureuses.

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Avec une franchise et une lucidité déconcertante, le natif de Cayenne concède volontiers que parapher son premier contrat professionnel au FC Barcelone ne s'avérait pas forcément un choix judicieux... « Mais c'est naze d'aller à Barcelone et de ne pas jouer. Je préfère porter le maillot de Sedan et jouer plutôt qu'aller à Barcelone et ne pas jouer. Déjà tu essuies moins de critiques à Sedan... La présentation à Barcelone, c'est la folie, mais je n'ai joué que cinq matches, c'est bidon en vrai. J'ai gagné une Liga (en 2019), mais je n'ai pas aidé l'équipe, j'ai joué quand on avait gagné le titre ! Tranquille, il y a mieux à faire je pense... » Son passage en Catalogne n'a pas franchement été couronné de succès, ce que l'intéressé ne dément pas.

Jean-Clair Todibo lâche ses vérités sur ses passages ratés au Barça et à Schalke

Pire, ces quelques mois au Barça ont provoqué des dommages collatéraux notamment sur son image. « J'ai cette image et c'est légitime. On se dit : "Il est instable, il fait des bouts de match tous les trois mois." En signant à Barcelone, je savais que j'avais du beau monde devant moi, que ça allait être compliqué d'être régulier. Mais ma satisfaction, c'est que j'ai toujours fait mon match quand j'ai joué. Je sais que j'ai fait le boulot, » lâche ainsi Todibo. Ce dernier, lucide sur les difficultés qu'il pouvait rencontrer à Barcelone, regrette de ne pas avoir pu exprimer suffisamment son talent pour convaincre les dirigeants catalans de le conserver. « Éric (Abidal, alors secrétaire technique) m'avait dit que Barcelone me voyait comme la relève de Piqué. J'ai joué deux matches, puis Valverde m'a dit que j'étais le quatrième défenseur mais qu'il allait falloir que je prouve sur la présaison. Sam (Umtiti) se blesse, je fais ce qu'il faut, mais on ne me donne pas ma chance. Je leur ai dit : "Je ne demande pas à jouer le Clasico, mais faites-moi jouer des matches, je pense avoir le niveau pour jouer contre Leganés, avec tout le respect que j'ai pour eux." J'ai joué contre le Séville FC, on a gagné (2-1), j'ai attendu deux mois pour jouer contre l'Inter Milan en C1 (2-1, le 10 décembre 2019), et j'ai compris que je devais partir. Je pensais vraiment faire quelque chose là-bas, mais il y a bien plus grave. Quand je vois des gens qui dorment dehors, je me dis que c'est déjà très bien ce que j'ai, car je n'ai pas grandi avec une cuillère en or dans la bouche. J'ai de l'ambition, mais il faut savoir relativiser, » analyse ainsi le défenseur niçois. Malheureusement, les Blaugranas tranchent et décident d'envoyer Jean-Clair Todibo en prêt à Schalke 04. Un passage en Allemagne considéré comme un fiasco par l'ancien joueur du TFC.

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« À Schalke, c'est moi qui ai fait les erreurs. Un manque d'humilité, de sérieux, de professionnalisme a fait que mon prêt a été un échec personnel. C'est une grosse erreur de jeunesse. Je m'en suis excusé auprès de Michael Reschke (alors directeur technique) qui devenait fou. Il m'a dit : "Avec le potentiel que tu as, comment tu peux te comporter comme ça ? Si tu avais la mentalité de Kimmich, tu jouerais à Barcelone !" Ça m'a donné un bon coup derrière la tête. Ce prêt m'a fermé énormément de portes, j'ai commencé à réfléchir différemment, » confie ainsi Todibo. Une analyse de sa carrière teintée de lucidité, mais aussi d'amertume. Dos au mur après ces mois chaotiques, le numéro 25 niçois avoue avoir totalement craqué. « Je ne peux pas l'expliquer. Je m'en veux énormément car j'ai manqué de respect à mon travail et à moi-même. Depuis petit, je bosse à fond pour vivre de ma passion. Là, j'ai tout ce que je voulais et je foire tout. On me paie pour jouer au foot et je me prenais pour je ne sais pas qui. J'avais été élu joueur du mois, j'avais tout pour moi, et j'ai flanché à ce moment important. » Libéré de ses vieux démons, Jean-Clair Todibo rayonne désormais sous les couleurs niçoises. L'opération renaissance semble bien amorcée.

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