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La Fédération française de football ouvre son champ des possibles !

À l’aube des Jeux olympiques, qui se dérouleront à Paris à l’été 2024, la question de la pratique du football, en dehors des schémas classiques, se pose. Dans l’optique de développer sur tout le territoire les nouvelles pratiques basées sur un mode plaisir , la FFF et l’Agence Nationale du Sport réunissent leurs dispositifs dédiés à l’accompagnement financier des projets de création de terrains Foot5 et de Futsal extérieur des clubs et des collectivités. Interrogé par nos soins, Sylvain Grimault, directeur de la Ligue du Football Amateur, est longuement revenu sur ce projet ambitieux.

Par Josué Cassé
9 min.
La FFF vise de nouvelles pratiques. @Maxppp

Vivre avec son temps. Voilà l’ambition de la Fédération française de football, confrontée à l’évolution des modes de vie et de consommation ces dernières années. En dehors des schémas de compétition, rythmée par les entraînements en semaine et les matches en championnat le week-end, la FFF souhaite donc repenser la pratique du football. Dans cette optique, l’instance structure aujourd’hui le déploiement d’un large choix de pratiques basées sur un mode plaisir, à la carte, flexible et adapté à un emploi du temps professionnel ou familial. Du foot à 5 au golf foot en passant par le futsal, le futnet (l’équivalent du tennis ballon), le beach soccer, le fit foot (alliant à la fois fitness et football), le foot en marchant ou encore l’efoot, la 3F encourage ainsi cette diversification.

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La mixité au cœur des nouvelles pratiques !

Interrogé par nos soins, Sylvain Grimault, directeur de la Ligue du Football Amateur, confirmait d’ailleurs cette ambition. «Aujourd’hui, on est dans une logique de diversification des pratiques pour répondre à des attentes de pratiquants « loisir ». On propose donc un catalogue de pratiques, les plus larges possibles et on a ainsi ciblé des disciplines faciles à déployer et à proposer dans nos territoires. À partir du moment où on propose une pratique, il faut s’assurer qu’elle puisse être développée sur nos territoires. C’est une pratique ouverte à tous les publics, peu importe l’âge, peu importe le sexe. L’idée est vraiment de respecter cette mixité», nous confiait ainsi le dirigeant de la FFF, conscient des enjeux actuels et des potentielles limites à la pratique du football en compétition.

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«On a fait le constat que plus les pratiquants avançaient dans l’âge, plus ils partaient. La compétition use physiquement et mentalement. À un stade de notre vie, on est plus motivé par ce format. Pour certains, cette limite arrive beaucoup plus jeune et on voit d’ailleurs des enfants de 13/14 ans qui ne veulent plus faire de compétition. Partant de ce constat et de cette diminution du nombre de licenciés chez les adultes et les jeunes adultes – pour des raisons familiales, mentales ou même philosophiques – il fallait réagir. La compétition présente aussi des contraintes et pour ces gens-là, la seule alternative n’était pas être de rester au club et de jouer quand ils le souhaitent, mais d’aller plutôt vers des fédérations beaucoup plus souples ou des structures privées».

Une offre adaptée aux besoins !

Si l’essor des complexes tels que le Five ou l’Urban Soccer confirme bien la tendance observée, ce système de «pratiques à la carte où on choisit le lieu, le jour et l’horaire» a donc été ajouté à l’ADN de la FFF avec une idée centrale : laisser la personne pleinement impliquée dans le club et son développement. «C’est un enjeu majeur pour nous de fidéliser nos dirigeants à travers ces disciplines proposées. Ça crée une dynamique supplémentaire au sein du club, ça apporte une convivialité et des liens en dehors d’autres priorités que sont l’éducation ou la compétition. Ça permet vraiment d’avoir une offre de pratiques diversifiée et de répondre aux attentes du plus grand nombre. L’offre loisir vient ainsi compléter l’offre compétition qu’on a depuis des années. Le club de demain pour nous, c’est le club qui réunit la famille. Si le père vient déposer son enfant au stade pour un plateau, il pourra aussi disposer d’une offre complémentaire. L’idée est de faire venir toute la famille au sein du club de foot».

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Pour ce faire, l’instance, via la DTN (direction technique nationale), réfléchit donc à l’architecture de ces nouvelles pratiques. «On a une direction technique qui travaille sur les règles, sur l’encadrement, ce sont eux les sachants sur la pratique. On essaie d’avoir le moins de règles possibles car l’idée c’est aussi d’être le plus souple possible pour ouvrir la pratique au plus grand nombre. Ce développement nécessitera, demain, d’avoir des experts capables d’encadrer ces pratiques. C’est le rôle de la DTN et nous, au niveau de la ligue du football amateur, on est là pour accompagner le déploiement de cette discipline en donnant les moyens aux ligues et aux districts de mettre en place un certain nombre d’actions et en les outillant avec plusieurs supports pédagogiques et promotionnels». Symbole de ce projet ambitieux et de cette refonte globale autour de la pratique du football ? Le foot en marchant.

Le football en marchant, fer de lance d’une nouvelle philosophie !

Discipline développée, au départ, dans le Nord de l’Europe et plus précisément en Angleterre, elle est aujourd’hui le véritable fer de lance de la 3F. Aussi appelé « Walking Football », il est une variante du football qui se pratique à effectif réduit (5 contre 5 ou 6 contre 6) où les joueurs ont interdiction de courir, de lever le ballon au-dessus de la hauteur des hanches et où les contacts/tacles sont prohibés. Cette pratique se déroule sur un terrain de 18 à 30 mètres de large sur 30 à 40 mètres de long. «On a un gros potentiel de développement sur cette pratique grâce à son accessibilité et sa facilité à être déployée, ce qui n’est pas forcément le cas sur d’autres disciplines. On a incité nos instances et nos ligues à développer cette pratique et on a obtenu, dès l’année dernière, la délégation du Ministère des Sports pour développer et encadrer cette discipline».

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«C’est clairement la discipline qu’on souhaite mettre en avant aujourd’hui pour différentes raisons, mais surtout cette question intergénérationnelle où on peut pratiquer ce foot en marchant peu importe la situation dans laquelle on se trouve, peu importe l’âge, notre handicap ou non. Ça permet de continuer à pratiquer le football sous une autre forme. On est aussi convaincu que c’est une manière de fidéliser nos pratiquants», reconnaissait Sylvain Grimault. À ce titre, et ce depuis 2014, l’organe principal du football français accompagne donc financièrement et techniquement les clubs, les ligues, les districts, mais aussi les collectivités dans leurs projets de création de terrains de Foot5 et/ou de Futsal extérieur, par l’intermédiaire du FAFA, le Fonds d’Aide au Football Amateur. Déterminée à l’idée de proposer des solutions alternatives, la FFF doit malgré tout faire face à quelques problématiques.

Un projet de co-financement pour faire face aux limites !

«Pour que ces disciplines puissent se développer dans nos territoires, il faut des espaces dédiés. On a, aujourd’hui, un problème de saturation des espaces sportifs car ils sont déjà prisés par la pratique traditionnelle. On a le problème du futsal notamment qui ne peut pas correctement se développer dans les gymnases car les créneaux sont complètement saturés, notamment par la priorité donnée, et à juste titre, à la pratique de tous les autres sports de salle tels que le basket ou le handball. À travers le FAFA qui est un fonds d’aides piloté par la Fédération et qui vise historiquement à accompagner financièrement la création, la réhabilitation, l’extension et la transformation d’installations sportives, on a dégagé une enveloppe budgétaire qui, depuis 2014, sert uniquement le développement de nouveaux espaces de pratique. Ce sont des espaces réduits, de qualité et pas aussi onéreux que des terrains conventionnels. Ils sont donc plus accessibles pour les collectivités, d’autant plus que la Fédération accompagne financièrement ces projets-là».

À ce titre, la Fédération française de football consacre ainsi 6 millions d’euros sur quatre ans à un plan d’investissement qui vise à la réalisation de 200 nouveaux terrains de Foot5 et de Futsal extérieur à l’horizon 2024. Précisons, toutefois, que ces nouvelles installations sont également co-financées par l’Agence Nationale du Sport (ANS) dans le cadre de son plan « 5 000 terrains de sport », dont l’objectif est la création de 5 000 équipements sportifs de proximité d’ici 2024. «La Fédération accompagne l’ensemble des territoires (ligues et districts) à travers des contrats d’objectifs de territoire pour mettre en place la politique fédérale. C’est une manière de s’assurer que l’ensemble des territoires déploie la politique mise en place par son président et le comité exécutif. L’ANS dispose, quant à elle, d’un budget de 200 millions d’euros sur 3 ans et elle s’est engagée dans le cadre de la convention à ce que 80 % du financement soit assuré (voire 100 % en outre-mer). Nous, à la FFF, on a 1,5 million d’euros par an dédié à ces projets et on vient en compensation dans ce financement. Autrement dit, dans ces 80 %, il y aura toujours la part forfaitaire de la Fédération (30 000 pour un terrain de Foot5, 20 000 euros pour un terrain de Futsal). L’ANS a vu ça d’un bon œil car ça leur permet de déduire légèrement leur prise en charge. C’était du gagnant-gagnant».

Un guichet unique FFF-ANS pour faciliter les démarches !

Main dans la main, la FFF et l’ANS ont, par ailleurs, mis en place un guichet unique depuis le 1er janvier 2023. L’objectif ? Faciliter les démarches administratives des acteurs souhaitant développer ces nouvelles pratiques autour du football. «Les collectivités n’ont plus à déposer deux dossiers, mais un seul à l’ANS. De notre côté, on a crée une commission mixte au niveau national où l’ANS et la FFF sont représentés et où on instruit collégialement l’ensemble des demandes. Une commission où on tranche, on s’assure de l’équilibre territorial et de la pertinence des projets. L’idée n’est pas de faire du chiffre, le football reste le football, on reste et on restera la fédération sportive la plus représentée sur le territoire. On veut être à l’écoute des pratiquants, offrir le maximum de pratiques et servir le projet du club.. L’idée est que le club soit en bonne santé et que toutes les composantes de la famille se reconnaissent dans ce club».

Déterminé à l’idée de voir ces nouvelles pratiques se multiplier dans les prochaines années, Sylvain Grimault rappelle enfin l’importance de sensibiliser les différentes strates du système. Par la pédagogie et en apportant les fonds nécessaires à la réalisation d’un tel projet et au développement du maximum de terrains permettant de pratiquer ces activités, la FFF et l’ANS prônent ainsi une nouvelle vision du football. Le tout sans renoncer aux objectifs de demain… «Pour l’avenir, on va aussi s’orienter sur la formation de nos encadrants. On a, à ce titre, obtenu de l’ANS qu’elle s’engage à financer la formation d’éducateurs de proximité sur les terrains qu’on aura financé ensemble. Ce n’est pas encore mis en avant, mais on y travaille déjà». Avec l’appui des Ligues, des Districts et des clubs, la FFF ouvre ainsi, progressivement, la voie à de nouvelles pratiques. Le champ des possibles est celui de l’inattendu et donc de l’espérance…

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