La FIFA de Gianni Infantino fait de grandes promesses et détruit le syndicat des joueurs !

Face aux attaques répétées de la FIFPRO, la FIFA sort de son silence et riposte violemment. Dans un communiqué au ton offensif, l’instance dirigeante du football mondial accuse le syndicat de privilégier les luttes d’influence aux réformes concrètes. Elle défend ses mesures en faveur du bien-être des joueurs et appelle à un dialogue transparent, tout en posant ses conditions.

Par Valentin Feuillette
6 min.
Gianni Infantino Donald Trump @Maxppp

La guerre est déclarée entre la FIFA et les syndicats de joueurs. La dernière Coupe du Monde des Clubs, organisée aux États-Unis, a mis le feu aux poudres. Critiquée pour son format élargi, son calendrier démesuré et son impact sur la charge physique des joueurs, elle a ravivé les tensions déjà vives entre la FIFA et les syndicats. Ces derniers dénoncent un tournoi imposé sans véritable consultation, dans une période où les joueurs enchaînent les matchs sans repos suffisant. Pour eux, cette compétition n’a fait qu’illustrer l’obsession de la FIFA pour les grands événements au détriment de la santé de ceux qui les disputent. L’an dernier, FIFPRO Europe a porté plainte auprès de la Commission européenne, accusant la FIFA d’abus de position dominante dans sa gestion du calendrier international des compétitions. Cette action a été suivie d’un sommet organisé par le syndicat des joueurs, en réaction à son exclusion d’une réunion convoquée par la FIFA à la veille de la récente finale de la Coupe du Monde des Clubs. Dans une interview accordée cette semaine à The Athletic, le président argentin de la Fifpro, Sergio Marchi, a vivement critiqué la gouvernance de la FIFA sous la direction de Gianni Infantino, allant jusqu’à qualifier son mode de gestion d’« autocratique ».

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Alex Philips, le secrétaire général du syndicat mondial des joueurs (FIFPRO), n’a pas mâché ses mots contre la FIFA et Gianni Infantino. «Avant le Mondial des Clubs, je parlais avec certaines des plus grandes stars et elles me disaient qu’elles n’avaient pas eu de repos depuis X temps. L’un d’eux a même dit : ’Je n’aurai de repos que lorsque je serai blessé’. D’autres étaient en fait résignés et cyniques à l’idée de parler, puis vous voyez certains de ces mêmes joueurs deux semaines plus tard devoir faire des vidéos pour les réseaux sociaux disant’Nous pensons que le Mondial des Clubs c’est génial’, parce que leurs employeurs leur disent de le faire. Vous avez cette situation contradictoire où les joueurs ne peuvent pas s’exprimer. Ils sont dans une position délicate. Ils peuvent parler, mais cela pourrait avoir des conséquences. Il est inacceptable pour une organisation qui prétend exercer un leadership mondial de fermer les yeux sur les besoins fondamentaux des joueurs », a déclaré la Fifpro dans un communiqué, citant notamment le calendrier des matchs surchargé, les préoccupations liées à la chaleur lors du Mondial et un mépris permanent pour les droits sociaux des joueurs». 48 heures plus tard, la FIFA a décidé de contre-attaquer violemment.

La FIFA annonce des mesures

Dans un communiqué musclé publié ce dimanche 27 juillet, la FIFA contre-attaque frontalement après les critiques publiques de la FIFPRO, le syndicat mondial des footballeurs professionnels. L’instance dirigeante du football mondial se dit «extrêmement déçue» du «ton de plus en plus clivant et contradictoire» adopté par la direction de la FIFPRO, qu’elle accuse de privilégier les confrontations médiatiques au détriment d’un dialogue constructif. Selon la FIFA, ces attaques ne visent pas à défendre réellement les intérêts des joueurs, mais plutôt à protéger les positions personnelles de certains dirigeants du syndicat. «Cette attitude démontre clairement qu’au lieu de s’engager dans un dialogue constructif, la FIFPRO a choisi la voie de la confrontation publique, orchestrée à travers des manœuvres de communication artificielles – qui n’ont rien à voir avec la protection du bien-être des joueurs professionnels, mais visent plutôt à préserver des intérêts personnels et des positions internes. La communauté mondiale du football mérite mieux. Les joueurs méritent mieux», est-il écrit dans le communiqué officiel de l’instance mondiale. Elle réaffirme sa volonté de travailler avec des acteurs «légitimes» qui placent réellement la santé des joueurs au centre des préoccupations, en les appelant à se joindre à un dialogue transparent, loin des luttes d’image et des postures politiciennes.

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Face à l’inertie supposée de la FIFPRO, la FIFA rappelle qu’elle a pourtant multiplié les initiatives concrètes pour améliorer les conditions des joueurs à l’échelle mondiale. Lors d’une réunion tenue le 12 juillet à New York avec plusieurs syndicats de joueurs, la FIFA a présenté une série de mesures : 72 heures minimum de repos entre les matchs, trois semaines de vacances obligatoires en fin de saison, prise en compte des déplacements et conditions climatiques dans le calendrier international, et même la participation accrue des représentants de joueurs dans ses instances. À cela s’ajoutent des réformes du système des transferts, le développement du football féminin, la garantie du paiement des salaires et la mise en place de dispositifs de protection contre la discrimination et le harcèlement. Pour la FIFA, ces mesures vont bien au-delà des revendications affichées par la FIFPRO, qui, au lieu de les saluer, aurait préféré répondre par des attaques personnelles : «après une longue période d’efforts infructueux pour amener la FIFPRO à la table des discussions dans un climat non conflictuel et respectueux, la FIFA s’est réunie avec plusieurs syndicats de joueurs à New York, aux États-Unis, pour annoncer et réaffirmer des mesures concrètes et progressives spécifiquement conçues pour protéger le bien-être physique et mental des joueurs à travers le monde», martèle la FIFA. La FIFA pointe également l’hypocrisie de la FIFPRO en matière de gouvernance et de transparence.

«Puisque la FIFPRO semble s’intéresser aux questions de bonne gouvernance, peut-être serait-elle disposée à publier elle-même ses statuts et à rendre publics ses comptes annuels, afin de démontrer que les principes qu’elle prêche sont également ceux qu’elle applique. Soyons clairs : on ne peut pas exiger la transparence tout en opérant dans l’opacité. La réalité est la suivante : la FIFA reste fermement engagée à placer les joueurs au cœur de l’avenir du football, non pas par des mots, mais par des réformes concrètes et des réglementations efficaces. La FIFA invite tous les véritables représentants des joueurs à se joindre à cet effort – non pas en attaquant depuis les tribunes, mais en participant à un dialogue transparent, axé sur les solutions». Tout en prônant des standards élevés pour les autres, le syndicat refuserait de publier ses statuts et ses rapports financiers, ainsi que la liste complète de ses membres. La FIFA, de son côté, met en avant des actions concrètes et visibles déjà mises en œuvre : introduction des cinq remplacements, protocoles commotion, égalité de traitement entre les Coupes du monde masculine et féminine, congé maternité pour les joueuses, et création d’un fonds d’urgence pour les joueurs impayés. Elle invite à nouveau la FIFPRO à revenir à la table des négociations, à condition qu’elle mette fin à ce qu’elle qualifie de «chantage» et qu’elle fasse preuve d’autant de transparence qu’elle en exige. Pour la FIFA, l’avenir du football doit se construire dans l’unité et dans l’action, et non dans des affrontements de façade.

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