Le nouvel acte de racisme vécu par Romelu Lukaku fait bondir le monde du football

Par Aurélien Léger-Moëc
4 min.
Inter Milan Romelu Lukaku Menama @Maxppp

Les insultes lancées à Romelu Lukaku et l'affligeante réaction de ses propres fans ont prouvé que le fléau du racisme était loin d'être éradiqué dans l'Europe du football. Plusieurs voix s'élèvent ces derniers jours pour réclamer des sanctions et proposer des solutions.

Les supporters italiens se sont encore tristement distingués le week-end dernier lors du match Cagliari-Inter Milan. Au moment de tirer un penalty, Romelu Lukaku, nouvel attaquant de l'Inter, a entendu des cris de singe descendre des tribunes. Malheureusement pas une première dans ce stade. Sauf que l'affaire a pris encore plus d'ampleur suite au communiqué hallucinant d'une partie des supporters intéristes. En guise de soutien à Lukaku, ils lui ont expliqué que ce genre de choses n'était pas raciste mais seulement un moyen de déstabiliser un adversaire... Il faut rappeler que les supporters de l'Inter avaient été sanctionnés la saison passée pour leur comportement odieux et les cris racistes à l'encontre de Kalidou Koulibaly lors d'Inter-Naples. La saison passée, Blaise Matuidi et Moise Kean, de la Juventus Turin, avaient eux aussi subi le même sort, prouvant, s'il le fallait encore, que le mal est profond de l'autre côté des Alpes.

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L'affligeante réaction des supporters intéristes avec Lukaku a au moins eu le mérite de faire réagir vivement de nombreuses personnalités du football, joueurs comme dirigeants. Lukaku, international belge, avait demandé aux joueurs de s'unir pour combattre ce fléau. Et les réactions se multiplient désormais, à l'image de Demba Ba, auteur d'une sortie remarquée : « Voilà la raison pour laquelle j'ai décidé de ne pas jouer là (en Italie) lorsque j'en avais la possibilité. A ce stade, j'espère que tous les joueurs noirs vont quitter ce championnat. Cela n'arrêtera pas la stupidité et la haine, mais au moins elles ne viseront pas d'autres races. » Une déclaration forte mais utopique. Quelles sont les solutions proposées pour mettre un terme définitif à de tels actes ? Les propositions fusent.

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De Bonucci à Thuram en passant par Kompany

Leonardo Bonucci, pourtant épinglé la saison passée pour un commentaire au mieux ambivalent au sujet de Moise Keane après que ce dernier avait subi des insultes racistes à Cagliari, pense qu'il faut « interdire aux coupables l'accès aux stades, il y a moyen de le faire. » Thomas Meunier abonde dans le même sens : « il n'y a pas de discussion possible, il faut sévir, et frapper fort. À Cagliari, Blaise Matuidi avait subi le même sort la saison passée. Et la Fédération italienne n'était pas intervenue, ce qui en dit long. Ce sont les clubs qui gèrent les supporters, donc ils doivent prendre leurs responsabilités et exclure à vie ces énergumènes ». Mais plusieurs soulignent que c'est d'abord aux dirigeants et à la fédération italienne de prendre les choses en main. A l'instar de Lilian Thuram.

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« Il y a une hypocrisie incroyable et il manque la volonté de résoudre le problème. Ne rien faire équivaut à être d'accord avec ceux qui poussent des cris racistes. Si quelque chose vous dérange, vous faites tout pour la changer. En France, on interrompt les matches en cas de comportement contre l'homosexualité dans les tribunes : suspendre la rencontre et renvoyer les joueurs aux vestiaires, cela veut dire éduquer les gens. » Le parallèle est donc établi avec qui se déroule en France depuis le début de saison. Arrêter les matches a souvent été préconisé par les différents acteurs du football italien mais cela ne s'est pas produit. Vincent Kompany tacle lui le manque de diversité chez les dirigeants du football.

« Le vrai problème réside dans les organisations et les personnes qui doivent prendre des décisions sur ces questions. Le vrai racisme, c'est qu'aucune de ces organisations ne peut vraiment comprendre ce que vit Romelu. Vous avez affaire à un groupe de décideurs qui lui disent ce qu'il doit penser et ce qu'il doit ressentir, alors qu'ils n'ont aucune idée de ce qu'il a vécu dans sa vie. C'est de ça dont il s'agit vraiment. (…) Si vous regardez les conseils d'administration de l'UEFA ou de la FIFA, les fédérations italienne ou anglaise, il y a un manque évident de diversité. Si vous n'avez pas assez de diversité dans des endroits comme les conseils d'administration, alors les bonnes décisions ne peuvent être prises au niveau des sanctions. C'est aussi simple que ça. » Kompany n'a pas tort de globaliser le problème à l'international. Car si l'Italie est souvent pointée du doigt sur ce sujet, d'autres pays doivent encore combattre ce fléau. On pense par exemple à l'Angleterre, où Paul Pogba a récemment été ciblé par ses propres supporters après un penalty manqué...

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