La FIFA réforme le statut des agents de joueurs

Le 1er avril 2015, l’agent de joueur tel qu’il existe aujourd’hui va disparaître au profit d’un intermédiaire sportif. Cette directive imposée par la FIFA risque d’en perturber plus d’un et ne fait pas que des heureux. Explications.

Par Sébastien DENIS
3 min.
La FIFA remet en question le statut d'agent de joueur ! Maxppp

Cette information est passée relativement inaperçue, mais elle va sans doute chambouler l’activité des agents de joueurs en France, et également dans le monde entier. En effet, le Comité exécutif de la FIFA a approuvé, le 21 mars 2014, le nouveau Règlement de la FIFA sur la collaboration avec les intermédiaires. Après une longue procédure de consultations des principaux acteurs du football professionnel (FIFPro, Ligues professionnelles de football, confédérations, etc…) lancée en 2009, la FIFA a décidé de remettre en question le régime des agents de joueurs de football. Ainsi le 1er avril 2015, l’agent de joueur tel qu’on le connaît aujourd'hui n’existera plus. Il sera remplacé par un intermédiaire sportif qui n’aura pas besoin d’une licence pour exercer.

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Interrogé par nos soins, Redouane Mahrach, avocat du groupe RMS-Avocats spécialisé dans le droit du Sport, revient sur les raisons pour lesquelles la FIFA a procédé à ce virage à 180° sur le sujet épineux des agents de joueur. « La notion même d’agent de joueurs de football ne sera plus reconnue par le monde du football international et les licences actuelles devront être retournées à la fédération de tutelle. La motivation de la FIFA tient dans sa volonté d’améliorer le système devenu trop lourd et complexe à gérer, mais également d’apporter plus de transparence dans les commissions perçues par les agents. L’agent de joueurs sera remplacé par un intermédiaire sportif qui ne sera pas tenu de disposer d’une licence…une simple déclaration à la fédération sera suffisante pour exercer cette activité nouvelle. » Avant d’évoquer l’exception française : « Cette réforme n’ira pas sans poser de problèmes pratiques notamment en France où il existe une loi régissant la profession d’agent et interdisant cette activité aux intermédiaires non licenciés. »

Un impact pour l'instant limité sur la France mais...

En France, cette nouvelle donne n’est bien évidemment pas au goût des agents de joueur sous licence FFF et qui sont les seuls aujourd’hui à pouvoir exercer en France. Contacté par nos soins, Bertrand Cauly, le président du Syndicat National des Agents de Joueurs, toujours prêt à monter au créneau pour défendre la profession, ne comprend pas cette décision et le fait savoir. « Le SNAS interpelle l’ensemble des acteurs afin qu’ils prennent position devant la menace gravissime que représente pour la sécurité même des joueurs la suppression de la licence d’Agent décidée par la FIFA et prenant effet au 1er avril 2015. Cette négation d’une qualification professionnelle très durement acquise n’est pas acceptable en l’état. Il est évident que la confusion sera totale face à l’arrivée massive d’intermédiaires qui vont mettre une énorme pression sur les joueurs en soutenant qu’ils peuvent représenter les joueurs sur le territoire français. L’UCPF, quant à elle, évoque même une " catastrophe " à venir, et demande aussi que l’Union européenne et l’UEFA interviennent pour transformer enfin ces nombreuses directives en règlements effectifs. »

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À court terme, rien ne devrait changer en France puisque le code du sport prévaut sur les directives de la FIFA. Néanmoins, l’arrivée massive de ces nouveaux acteurs dans le microcosme de la Ligue 1 risque fort de jeter le trouble auprès des plus jeunes joueurs, qui vont voir graviter autour d’eux bon nombre d’intermédiaires arrivant tous avec la proposition à ne pas rater. On pourrait alors assister à un effet pervers de cette nouvelle réglementation censée être plus transparente avec plus de contrôles et qui pourrait finalement avoir un effet néfaste sur les jeunes joueurs, mais aussi sur les clubs.

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